Pour ceux qui ne connaissent pas Franky Batelier, il vient de mettre terme à sa carrière en octobre dernier au championnat du monde Xterra derrière l’imbattable Conrad Stoltz (Caveman). Après son titre de vice-champion, on pourrait dire qu’il ne peut pas s’arrêter là (15ieme 2008, 6ieme 2009, 2eme en 2010)…
Trimes a donc voulu en savoir plus sur ce nouveau retraité.
Entrevue de Nicolas Hemet.
Salut Franky, la saison sportive va commencer, le retraité Batelier a-t-il quelques fourmis dans le porte-dossard?
Non pas vraiment! J’ai seulement des fourmis dans tout le corps quand je suis plus de 2 jours sans faire du vélo ou de la course à pied. La natation ne me manque pas du tout.
Quelles ont eté les motivations profondes de cet arrêt programmé?
Mon contrat militaire arrive à son terme le 1er mai 2011. J’ai voulu mettre toutes les chances de mon côté pour ma reconversion durant les 6 derniers mois de mon contrat.
Où te vois-tu dans 10 ans?
Partout et nulle part! Je me vois épanoui personnellement dans mon activité professionnelle et dans mon cocon familial.
Si l’on revient un peu sur ta carrière, comment analyses-tu, avec le recul, la période qui t’a mené jusqu’à la Préparation Olympique et tes débuts en WC ITU ?
Depuis mes débuts en triathlon j’ai toujours mis l’accent sur « ma » natation. Pendant des années j’ai bossé dur et j’ai beaucoup progressé. Mais mon meilleur niveau ne suffisait pas pour le circuit mondial ITU. Sur les épreuves européenne, je m’en sortais plutôt pas mal avec de nombreux Top 10. En WC, ma seule expérience à Mazatlan fut un échec avec un DNF à la clé et énormément de désillusions. Je me suis recentré alors sur des épreuves plus courtes et notamment le GP avec Sartrouville.
Ton profil complet avec point fort à vélo pouvait t’orienter vers le Longue Distance ou le Xterra, qu’est-ce-qui a orienté ton choix ?
En effet, le vélo était mon point fort alors que je ne cherchais pas à le développer en particulier. Le longue distance ne m’a jamais attiré car je pensais que ce n’était pas fait pour moi. Pourtant mes 2 expériences récentes ont infirmé ce point de vue (4ème CF 2009 et 6ème CF 2010). Il faut préciser qu’un abandon à mes début vers 21 ans m’avait dégoûté. Je n’ai pas pris mon pied sur des épreuves de plus de 4h. Et le Xterra était déjà entré dans mon quotidien… Et là, je m’éclatais sur une épreuve individuelle comme le long mais beaucoup plus tonique et excitante autour du pilotage en VTT.
Le Xterra est en plein essor, quels conseils donnerais-tu aux hésitants?
Le Xterra doit être appréhender comme le longue distance. Il faut de l’endurance, un mental de fer et une résistance musculaire importante. Le VTT est assez abordable techniquement sur ce genre de course. Il faut juste pratiquer un peu cette discipline tout au long de l’année.
Tu t’es essayé aussi au Longue Distance (4è au CF LD à Belfort 2009)? Quelles impressions?
T’attends trop longtemps avant de lâcher les chevaux… Je me suis emmerdé pendant 3h avant de pouvoir rentrer vraiment dans la course et tout donner sur la fin. Mais avant tout, je crois que mon corps n’est pas fait pour ce type d’effort long et usant.
De plus en plus de jeunes triathlètes se spécialisent très tôt sur le Longue Distance, penses-tu que ce soit la meilleure voie pour performer?
Oui pourquoi pas, il faut s’orienter vers les disciplines où l’on a le plus d’affinités mais surtout de capacités. Si la vitesse et la puissance n’est pas ton point fort et que tu préfères te focaliser sur 4 ou 5 courses dans l’année, why not ? Moi je préfère courir 20-25 courses par an !
Comment vois-tu l’évolution à moyen terme du triathlon dans ses 3 grands domaines de pratiques (drafting sur courte distance, longue distance, Ironman, cross triathlon, tri des neiges, Xterra)
Je pense qu’il va falloir en faire pour tout le monde. sur le circuit WCS, les cadors se spécialisent sur un seul et unique format. Il faudrait diversifier les parcours pour récompenser les types les plus complet. Pour tuer le drafting sur certaines courses, il faut du dénivelé et cela n’enlèverait rien au spectacle au contraire. Le triathlon moderne a mis un peu trop de côté le vélo, c’est dommage. Le drafting est excitant mais chaque course doit apporter un peu de piment et aujourd’hui, le circuit WCS est un peu fade.
Pour le long c’est pas mal et les vitesses moyennes atteintes sont phénoménales. Attention à ne pas briser les athlètes en leur imposant un calendrier surchargé.
Pour les épreuves type Cross, Xterra ou des neiges, c’est aussi la variété des parcours et des paysages qui fait bouger les gens. L’ambiance y est détendue, tout le monde est mélangé, il n’y a pas de favoritisme et la règle est la même pour tout le monde, Pro ou Age Group. C’est pour moi l’essence même du triple effort ou aucune des 3 disciplines est occultée. Le plus fort est le plus complet des athlètes. Le niveau de ces compétitions va s’accroître à l’avenir, c’est certain.
Qu’y avait-il dans ta tête dans le dernier km à Maui 2010?
Une grande satisfaction personnelle, un objectif atteint en ayant fait les bons choix de préparation, de matériel et de calendrier. Une grande fierté et un tout petit peu d’amertume de ne pas avoir gagné, mais avec quelques bières dans les mirettes, il n’y a eu que du bonheur !!! Cela restera la dernière page de mon histoire avec le triathlon de haut-niveau. C’est toujours plus beau quand une histoire termine bien….
Quelle est la question que nous ne t’avons pas posée et à laquelle tu aurais aimé avoir à répondre?
Comment as-tu géré les déplacements tout au long de l’année avec tes 2 magnifiques princesses à la maison? Et bah c’est peut être le plus difficile dans la préparation d’un triathlète et plus généralement d’un sportif. Il faut d’un côté s’isoler dans sa bulle pour performer et rester finement concentrer sur son objectif et d’un autre, échanger et partager avec ses proches en donnant de son temps et de son énergie. Il ne faut non plus tomber dans l’excès de raconter tous ses ressentis de l’entraînement pour ne pas trop vite saouler son conjoint… Pas simple!
Vous pouvez lire son blog qui est d’ailleurs très intéressant ICI.