Comme vous le savez, Trimes a généralement la cause des athlètes à coeur. Dans l’opinion publique, la FFtri est souvent placée sur le banc des coupables. Même si Trimes a critiqué dans le passé certaines décisions, les différents intervenants ont toujours été très ouverts avec nous pour échanger. D’ailleurs, lorsqu’on a tous les éléments en mains, les débats ne devraient pas être aussi polarisés. On voit beaucoup de commentaires qui démontrent une mauvaise compréhension du rôle de la fédération avec le haut niveau.
On a justement discuté avec Benjamin Maze (adjoint au directeur technique national responsable de l’équipe de France) pour mieux comprendre leurs visions. Il nous semblait important d’établir une certaine base afin d’élaguer le terrain pour des discussions plus justes.
B.M > La fédération est souvent critiquée dans ces choix, puisque vous suivez une ligne dure qui fait ses preuves en natation, contrairement à certaines fédérations, vous acceptez le fait de ne pas aligner des athlètes au départ si vous considérez qu’ils ne sont pas assez compétitifs.
Effectivement, comme en 2011, où aucune junior F n’a été sélectionnée, en 2012 Léonie est vice-championne du monde. Cette politique semble pourtant porter ses fruits… J’utiliserai l’indicatif : elle porte ses fruits même s’il faut conserver cette excellence chez les catégories jeunes et continuer de la développer chez les élites. Pour les élites femmes, nous connaissons un passage temporairement difficile, identifié depuis de nombreuses années, mais les perspectives s’annoncent positives.
Déjà l’année dernière, vous avez laissé des athlètes en dehors de l’équipe de France à prendre part à des WTS. Mais selon eux, ils étaient placés dans des conditions avec trop de pression pour bien performer et ils n’avaient pas le droit à l’erreur. Dès leur première WTS, ils auraient dû performer alors que tout démontre que l’expérience en série mondiale est de plus en plus nécessaire pour réussir…
B.M > Depuis deux ans, nous permettons aux sportifs éligibles sur la WTS d’y participer, à condition que cela soit dans l’intérêt de l’équipe de France. Clairement, cela veut dire que ces sportifs ne doivent pas nuire à la stratégie de course des Français sélectionnés en équipe de France (par exemple rouler contre un autre français). La question de l’expérience sur WTS est intéressante. Est-il souhaitable de prendre le départ de WTS si on n’est pas en mesure d’y être performant ?
Bien que la différence entre le circuit WC et WTS soit grande, un certain nombre de sportifs ont su être performants dès leur première WTS/WCS car à la fois ils ont été performants soit dans les catégories jeunes soit sur les coupes continentales ou coupes du monde élite:
Vincent Luis 9ème sur sa première WCS à Kitzbuhel,
Mario Mola 5ème sur sa 2ème WCS à Londres (il passe sur Madrid grâce certainement au nombre supérieur de dossard pour le pays organisateur)
Dorian Coninx, 7ème sur sa 2ème WTS
Cassandre Beaugrand 14ème sur sa 2ème WTS
Simon Viain 17ème sur sa 1ère WTS
Etc…
L’expérience ne se gagne donc pas que sur les WTS.
Il faut rappeler que l’objectif assigné par le ministère des Sports et la FFTRI à la Direction technique nationale est de décrocher des médailles aux Jeux olympiques et paralympiques. Nous ne nous situons pas dans une culture de l’alibi ou de la participation. Nous souhaitons renforcer la culture de la performance (être à minima finaliste) et développer la culture de la gagne.
Tout sportif prenant le départ d’une compétition doit accepter l’évaluation. Cette évaluation se fait au regard de l’histoire du sportif (son âge, son expérience, sa maturité), de son potentiel avéré (résultats en compétition, chronos), de son potentiel envisagé.
Les critères d’admissibilité à la série mondiale pour les athlètes hors équipe de France sont quand même plus permissifs qu’avant, non? Est-ce que l’on peut parler d’un ajustement?
B.M > Depuis 2006 nous réalisons un certain nombre de mesures, comme celle des parcours course à pied, qui nous permet d’objectiver le niveau de performance sur les compétitions internationales. Malgré la diffusion de l’ensemble de ces informations (notamment écart à la sortie de l’eau, vitesse à pied) et les échanges que nous avons avec eux, un certain nombre de sportifs pensent pouvoir être performants sur WTS, alors que les faits et les chiffres, notamment, donnent une autre tendance. Depuis 2 ans, nous avons souhaité faire preuve de plus d’ouverture pour que l’on arrête de reprocher à la FFTRI d’être trop obtus. Nous avons cependant rappelé à chacun de ces sportifs quel est l’objectif de la FFTRI (des médailles aux JO/JP) et donc que leur niveau de performance doit rapidement les situer dans les finalistes WTS.
L’objectif de la FFTRI n’est pas d’accompagner tous les sportifs éligibles sur la WTS, il n’a pas bougé d’un iota, des médailles aux JO et JP (2016/2020/2024). Pour cela nous réalisons un arbitrage financier pour se donner les moyens et assurer notre ambition pour 2016, 2020 et 2024.
Certains athlètes ont décidé de représenter d’autres nations, en fait, la France n’est pas seule à voir des athlètes partir. D’une certaine façon, on peut le voir en positif et dire que vous êtes victimes de votre succès, non?
B.M > On peut surtout noter que cela illustre une différence fondamentale. Bon nombre de sportifs rêvent de participer aux Jeux olympiques ou paralympiques. L’objectif de la FFTRI est tout autre, il est de décrocher l’une des 6 médailles décernées pour les JO et l’une des 18 décernées pour les Jeux paralympiques.
La densité en France est très élevée, seul pays à compter 10 représentants dans le TOP 100 de l’ITU points list (GBR et AUS 9, USA 8, ESP 7, RUS 6, GER et MEX 4). Si on considère le TOP 45 (qui traduit un niveau sportif permettant d’assurer 3 dossards pour une nation), la France est à égalité avec l’Espagne, la Grande-Bretagne, et l’Australie avec 4 sportifs (3 pour RSA, RUS, USA).
Quelle est la position de la fédération face à ce phénomène? Est-ce que des actions pourraient être prises dans le futur?
B.M > À un autre niveau, Raphaël Pujol Siwane, qui avait participé à une coupe d’Europe Junior sous les couleurs de l’équipe de France court maintenant pour le Maroc. Jessica Harrison, qui vivait depuis plus de 10 ans en France avait fait en 2006 le chemin inverse. Sur le sujet du changement de nationalité la Fédération n’est ni incitative, ni frénatrice. Les athlètes n’appartiennent pas à la FFTRI qui n’a pas pour ambition de limiter les changements de nationalités des sportifs français. Nous sommes certains que la qualité de l’accompagnement qui est proposé aux sportifs identifiés par la FFTRI est un élément déterminant qui fait que les sportifs qui ont le potentiel d’être médaillés olympiques continueront de courir pour la France.
Ce qui est étonnant avec les fédérations nationales est que généralement, lorsqu’un athlète n’est pas sélectionné, ils parlent d’injustice et s’attribue rarement une part de responsabilité là-dedans…
B.M > Dans ce cas, ils seront limités par leur incapacité à évaluer de façon factuelle une performance.
Dans tout le débat, avez-vous l’impression d’être victime du classement de l’ITU? C’est un peu ironique qu’un athlète puisse se retrouver dans le top 50 sans n’avoir jamais ‘performé’ en WTS…
B.M > Le classement ITU points list est un outil qui permet de donner accès aux compétitions internationales, il n’est pas en soi un objectif, c’est un indicateur. Quand on connaît bien son mode de fonctionnement, on sait que certains sportifs ont plus intérêt à courir sur coupes du monde que sur WTS, car leur rendement est trop faible sur WTS et que le niveau sportif est plus faible sur les coupes du monde. Cette année, nous avons d’ailleurs pu remarquer que la WTS d’Abu Dhabi avait profondément changé le calendrier et que le niveau des WC de Mooloolaba et de New Plymouth en avait pâti. C’est pour cela que nous avons créé l’indice de performance (outil interne à la FFTRI qui permet d’objectiver la densité et le niveau de chaque compétition internationale).
Alexander Bryukhankov, avait été en son temps #1 à l’ITU points list sans jamais être médaillé au Championnat du monde.
La seule évaluation est mondiale, et en triathlon elle se fait sur la World Triathlon Series (WTS). On peut même affiner en dissociant les résultats sur sprint et sur CD.
Mais dans ce dilemme, les désaccords sont probablement dans des objectifs différents en terme de performance. Cela revient à la fameuse démarcation entre les athlètes qui rêvent de participer aux Jeux et ceux qui veulent ramener une médaille. À moins que je me trompe, la fédération veut des podiums tandis que certains athlètes veulent pouvoir évoluer sur le circuit. Le divorce est donc inévitable dans une certaine mesure.
Une chose est sûre, pour les sportifs français qui rêvent de participer aux Jeux, la seule façon d’y être sous les couleurs de l’équipe de France est de démontrer leur capacité à être médaillable et aller aux Jeux olympiques pour performer.
Parlons d’avenir! Dans quelle position se trouve l’équipe de France actuelle à l’approche des Jeux olympiques de Rio ? La densité chez les femmes est moins forte, est-ce que la France pourrait s’inspirer du modèle américain à l’avenir, vu leur domination, est-ce que cela doit remettre en cause les manières de développer?
B.M > Si on considère que le modèle américain consiste dans le fait de recruter des coureuses à pied qui ont eu un passé en natation, alors la France, comme d’autres pays, n’a pas attendu le modèle américain pour mener ce travail de veille et d’identification. Sans entrer dans des considérations de culture sportive entre la France et les USA, il faut garder à l’esprit quelques chiffres :
• 318,9 M / 66 M soit la population des USA et de la France,
• 62 / 13 soit le nombre de médailles lors des JO 2008 et 2012 obtenus en natation par les USA et la France,
• 134 / 20 soit le nombre de nageuses dont le meilleur chrono sur 400 NL en 2014 soit inférieur à 4’25 pour les USA et la France (source fina.org),
• 33 / 3 soit le nombre d’athlètes dans les 200 meilleures performeuses de la saison 2014 sur 10000m pour les USA et la France (source iaaf.org).
La France et les USA n’ont tout simplement pas le même réservoir. Nous réalisons depuis 4 ans un suivi de meilleures performances en natation et course à pied entre la France et la Grande-Bretagne chez les jeunes, le bilan va également dans ce sens. Le niveau de performance de la natation et de l’athlétisme d’une nation est un facteur essentiel sur le niveau de performance du triathlon, mais également du pentathlon moderne, pour autant ce n’est pas le seul.
L’ensemble des résultats athlétisme et natation est donc épluché. Nous croisons ces résultats, nous avons des contacts, bref nous menons une veille stratégique. Mais nous ne nous arrêtons pas aux seules valeurs chronométriques, cela s’inscrit dans une approche plus globale.
Pouvez-vous nous parler du parcours de Rio et de ses spécificités, on imagine qu’il influencera les manières de s’entrainer dans les prochains mois.
B.M > Nous avons été deux fois repérer le parcours des Jeux olympiques de Rio. C’est un parcours intéressant, qui nécessite un certain nombre de qualités. Celles et ceux qui seront médaillés devront être des triathlètes complets.
Une boucle de natation en pleine mer, suivie de 8 tours à vélo dont une bosse type « Athènes » en moins dur et une course à pied plate sur les bords de mer, autant d’ingrédients pour rendre le triathlon de Rio très excitant.
Rio étant l’objectif de la FFTRI et des sportifs identifiés, la préparation de ces derniers se fera en fonction des spécificités des parcours de Rio et des particularités des JO (3 par nation, 55 au départ).
Contrairement à la tendance, les athlètes français ne sont pas reconnus pour prendre part à des squads internationaux, vous semblez privilégier le fait que l’athlète reste de son environnement et ne se coupe pas de son monde. N’y a-t-il pas un danger que son environnement d’entrainement ne simule pas adéquatement les spécificités des courses?
B.M > Depuis de nombreuses années, des sportifs français prennent part à des squads internationaux (Olivier Marceau avait lancé le mouvement et s’était entraîné avec le père de Miles Stewart, Stéphanie Gros ou Alexandra Cassan Ferrier avec Darren Smith, David Hauss dernièrement avec Joël Fillol, Pierre Le Corre, Etienne Diemunsch et Simon Viain cet hiver en Australie, Emmie Charayron avec Laurent Vidal). La FFTRI accompagne les sportifs identifiés afin qu’ils aient des conditions d’entraînement optimales et qui leur permette d’être le plus performant possible dans l’environnement qui leur convient le mieux. Vincent Luis a souhaité s’installer sur Reims, Maxime Hueber-Moosbrugger est resté en Alsace, Pierre Le Corre est pensionnaire du pôle de Montpellier, Dorian a son équilibre à Echirolles. Nous faisons en sorte de pérenniser les conditions d’accès aux installations de ces sportifs ainsi que d’accompagner au mieux leurs entraîneurs où que ce soit.
Vincent roule avec des cyclistes de la région de Reims (dont Pauline), il court avec un groupe d’entraînement composé de nombreux athlètes sous la houlette de Farouk Madacci. Aucun de ces sportifs n’a le niveau de performance de Vincent en triathlon, cependant ils ont un bon niveau de performance en vélo ou en course à pied qui en font d’excellents partenaires d’entraînement pour Vincent. La plupart des triathlètes ont des partenaires d’entraînement qui leur permettent de tirer le meilleur de chaque entraînement (Dorian avec ses camarades d’Echirolles, Maxime avec des nageurs et coureurs à pied, Aurélien Raphaël avec Raoul Shaw et Léo Bergère, Audrey Merle et Emilie Morier à Montpellier bénéficient même ponctuellement de la présence de Sandra Levenez et Sabrina Monmarteau et vice et versa). Des stages sont également organisés dans l’année pour préparer les grosses échéances de l’année.
La série mondiale a désormais autant de sprint que de distance olympique, est-ce que cela complique votre travail? Puisque les spécificités sont très différentes, comment interprétez-vous ces résultats.
B.M > Chaque compétition donne son lot d’informations sur la capacité de chaque athlète à performer. Si le modèle de performance du Triathlon olympique est différent de celui du format sprint, un certain nombre de qualités se retrouvent sur les deux formats. Avec les choix de calendriers des athlètes, nous avons, depuis le début de la WTS en 2009, toujours valorisé le résultat de la grande finale qui est sur format CD et qui a la particularité, de par le nombre de points distribués, d’être la course que tout le monde veut gagner.
Nous analysons en profondeur les résultats WTS, sur toutes les courses, tous les formats, et les mettons en perspective du triathlon de Rio 2016. Pour certains sportifs, notamment ceux plus en difficulté en natation et dans l’enchaînement avec le vélo, le format sprint va être plus favorable.
Oui, et les sprints sont aussi à votre avantage puisqu’il facilite l’entrée des athlètes en développement à la série mondiale…
B.M > Les WTS sur format sprint sont facilitantes pour les juniors ou et les néo U23 afin qu’ils puissent prendre la mesure du niveau d’exigence de la WTS, et être rapidement en mesure de jouer les premiers rôles. C’est ce que nous avons fait récemment avec Cassandre Beaugrand, Audrey Merle, Dorian Coninx ou encore Raphaël Montoya et c’est avec cet objectif que nous utilisons le Championnat du monde de relais mixte. Mais tant que le format des JO restera sur CD, ce format aura toute son importance pour les athlètes juniors et U23. Nous les accompagnons à gagner en expérience sur CD et à être performants sur format CD. Le premier courte distance ne doit pas être couru à l’âge de 19 ou 20 ans, il faut construire le passage sur CD dans la durée, de manière progressive. Concernant la catégorie U23, nous avons l’habitude de dire « qu’il faut sortir de la catégorie avant que la catégorie ne vous sorte ».
On entend fréquemment que pour les vedettes du circuit, la victoire sera déjà de s’aligner à Rio en forme. Quels sont les outils de la fédération pour s’assurer que les athlètes ne tombent pas dans l’excès.
B.M > Décrocher une médaille aux Jeux olympiques et paralympiques est le seul et unique objectif de la FFTRI. Les médailles sur les étapes de la WTS ou sur le classement général final WTS ne sont que des indicateurs de la capacité d’un sportif à décrocher une médaille aux Jeux.
Nous prenons donc soin, à la fois dans les modalités de sélection en équipe de France, et dans l’accompagnement des sportifs identifiés à leur permettre d’atteindre cet objectif. Nous devons envoyer des signaux clairs aux sportifs, faire des choix. Les sportifs savent qu’en aucun cas nous les forcerons à courir l’ensemble des courses de la série, que nos modalités font confiance à ceux performants la saison passée et offrir la possibilité de se sélectionner à ceux performants dans la saison en cours. Les sportifs savent que c’est dans l’intérêt commun de la fédération et du sportif de se présenter dans les meilleures conditions aux départs des courses.
Quel est votre sentiment face au nouveau calendrier de la WTS. Est-ce que le titre mondial n’est pas un cadeau empoisonné? Je veux dire par là que demander à un athlète d’être au plus au niveau pendant aussi longtemps peut rapidement se transformer en blessure.
B.M > Le triathlon est arrivé à un âge critique de son développement. Grâce à l’attrait de la WTS et aux moyens financiers des partenaires de l’ITU, les sportifs peuvent financièrement bien gagner leur vie, même si c’est très loin du football, du basket ou même du cyclisme. La contrainte est que pour que ce spectacle sportif puisse perdurer, il faut alimenter les spectateurs, augmenter les courses, faire en sorte que les meilleurs triathlètes se rencontrent plusieurs fois par saison. Cette année pré-olympique est particulière à plus d’un titre puisque de nombreux enjeux se jouent :
• Garantir un dossard pour sa nation (WTS + WC + Continental Championship)
• Décrocher sa sélection pour représenter son NOC à Rio 2016
• Se sélectionner pour représenter sa fédération à Rio 2015
• Se sélectionner pour représenter sa fédération à Chicago
• Jouer le classement général final WTS
• Performer sur le test event 2015
En addition à tout cela, l’ITU a augmenté de deux courses le nombre d’étapes WTS, tout en n’intégrant pas celle de Rio qui est épreuve olympique de sélection, et en ajoutant les jeux européens qui permettront au vainqueur de décrocher un dossard pour son CNO en gardant pour autant le Championnat d’Europe. N’en jetez plus.
La clé de la saison 2015 est de faire des choix. Le piège serait de vouloir courir tous les lièvres à la fois.
Est-ce qu’il est légitime de croire que les athlètes se présentent à des WTS avec des niveaux de formes très différentes et adaptées aux critères de sélections de leur fédération ? À ce jeu, il est pratiquement impossible de faire un état des lieux, non?
B.M > Il est certain que les modalités de sélection de chaque nation pour se sélectionner pour les JO de Rio modifient en profondeur les choix de calendrier des sportifs. Les promoteurs de la WTS l’ont bien compris et c’est pour cela qu’ils regrettent la concurrence du test event de Rio avec la WTS. Nombre de pays attendent de leurs sportifs qu’ils ‘performent’ à Rio et Chicago, ce qui va se traduire par une certaine désaffection d’autres épreuves et par la nécessité de se préparer pour ces deux événements.
Pour être performant le 2 août et les 19 et 20 septembre, il faut se préparer, et la compétition fait partie de la préparation. Chaque compétition traduit donc le niveau de performance de chaque sportif qu’il faut mettre en perspective en fonction de la planification.
2014, avec les jeux du Commonwealth avait été une saison atypique avec pour les sportifs intéressés par Glasgow la nécessité d’être performant en mars/avril.
À quoi peut espérer l’équipe de France cette saison, est-ce que l’on se rapproche des Gomez et des Brownlees?
B.M > 2014 a été exceptionnelle à tous points de vue pour la FFTRI. Exceptionnelle pour ses résultats chez les jeunes (Titres mondiaux U23 et Junior, 3/6 médailles chez les juniors) et les paratriathlètes (1 titre, 2 médailles), exceptionnelle pour le nombre de blessures/maladies chez les élites (notamment Laurent Vidal, David Hauss et Pierre Le Corre). Pour les élites, 2015 ne sera que meilleure, en témoigne les podiums de Vincent Luis, Pierre Le Corre, Yannick Bourseaux notamment. Nous devrions voir une augmentation du nombre de français dans les 6 premiers des WTS.
Chez les hommes, les médaillés de Londres 2012 font partie des triathlètes les plus performants. Les Français se rapprochent de leur niveau de performance, Vincent Luis à Hambourg et Abu Dhabi a déjà battu les BB’s et Javier, il faut maintenant que les Français gagnent en consistance et, à l’instar de Pierre Le Corre à Auckland, trustent les podiums sur CD. À moins de 500 jours des JO, nous sommes dans les clous par rapport à l’objectif fédéral de performance.
Javier et Alistair font partie des meilleurs mondiaux depuis de nombreuses années, l’enjeu pour eux, comme pour d’autres, sera également de se préserver des blessures.
Pour les femmes, depuis 2007/2008 nous savions que cette olympiade serait difficile. Tout d’abord par la retraite de Jessica et Carole et par l’absence de renouvellement. Comme pour les hommes, notre politique s’articule autour de l’accompagnement des meilleurs potentiels dans une logique de triple temporalité (2016, 2020, 2024 et au-delà). Ce n’est pas parce que nous avons moins de sportives que nous revoyons nos objectifs à la baisse, cela nous permet de concentrer nos moyens sur la relève (Merle, Beaugrand, Garabedian, Bremond, Morier, Lejeune…) et l’Identification et l’Accompagnement des Triathlètes Emergents (IATE).
Ca tient un peu du matraquage leur truc de « ce qui est important est une médaille aux JO » etc… Ca me rappelle un peu des discours sur l’austérité, mais je digresse là…
Est-ce que le discours serait le même si par exemple Javier ou les BB demandaient de courir pour la FFTri (ou l’une des nombreuses américaines…) ? Aurait-on les mêmes exigences ?
Et puis quelque part… je m’interroge… n’est ce pas là un danger de voir se monnayer au plus offrant quelques mercenaires ? Imaginons Dubai ou Abu Dhabi sortir ses pétrodollars pour s’offrir un des meilleurs français ou carrément plus utopique, la Corée du Nord dérouler le tapis rouge aux laisser-pour-compte afin de créer un buzz !
Je sais qu’il n’y aura que 3 nationaux sur le ponton à Rio, mais rien n’empêche d’imaginer un jour la fuite de talents vers des nations moins regardantes et qui leur donneront moyen de vivre leur rêve olympique en échange d’une visibilité médiatique dans le monde triathlètique (suivez mon regard…)
Cette recherche à la médaille n’est pas particulière à la FFtri. C’est commun à toutes les fédérations nationales, c’est la culture de l’excellence. C’est généralement les medailles qui permettent à un sport de devenir populaire dans un pays. Aussi les demandes de performance ne sont pas celles des fédérations mais bien celles des ministères des sports.
On ne peut pas parler de mercenaires du sports. Aucune fédération n’a le moyen de jouer ce jeux et elles sont aussi très conscientes des risques.
Petit rappel, une fédération peut s’opposer à un changement de nationalité, dans ce cas, c’est 3 ans.
Bonjour,
Cette interview semble intéressante et constructive mais jusqu’à un certain point, car certes l’objectif est la médaille pour tous les triathlètes présents au départ de Rio, cela me semble clair et plutôt ambitieux. Cependant une interrogation persiste me concernant, sans en faire évidemment une question de personne, comment expliquer qu’un garçon comme Aurélien Raphael soit maintenu dans le collectif et donc potentiellement médaillable alors qu’il paraît tout à fait impossible qu’il soit médaillé un jour, son niveau course à pied semblant mondialement trop faible.
C’est une bonne question, generalement, les federations ont quand meme des meilleurs outils que nous pour connaitre le potentiel d’un athlete. Il y a aussi une question d’entrainement. De fois, c’est dans l’équilibre entre les trois sports… Aurelien demeure un athlete capable de faire régulierement des top 8. Des fois, il faut etre très patient.