LE « PROCESS » AVANT LE RÉSULTAT
En 2006, j’étais sélectionné pour mes premiers championnats d’Europe Elite avec l’équipe de France. J’étais jeune avec de bons résultats aux tests en labo organisés par la fédération et mon objectif était Pékin. On me disait que j’avais le potentiel pour.
Je n’ai pas terminé la course ce jour-là je me suis senti très mal dès le départ, et une chute pendant le vélo a abrégé mes souffrances. J’étais reconnaissant (vraiment !).
C’était une expérience éprouvante, après laquelle j’ai eu droit à l’habituel « T’inquiète, c’est qu’une course » , et ils avaient raison, ce n’était rien, rien qu’une course, il ne fallait pas en faire un drame. Vrai.
Mais pour moi c’était un échec. Oppressé par mon environnement, j’ai perdu ma route, ce fut dur à réaliser mais je prenais le mauvais chemin, et cela devait changer. J’avais déjà perdu trop de temps.
J’étais dans l’erreur depuis trop longtemps
Comment pouvais-je affirmer « mon but est d’être olympien » sans être capable de faire une course aboutie ? Mais à quoi est-ce que je pensais ?
Sûrement pas à grand-chose, j’étais heureux de suivre le plan que mon coach me donnait et c’était bien comme ça. J’étais convaincu de ça, et n’était par conséquent, incapable d’expliquer mes contre-performances.
En rentrant à la maison, j’ai eu une discussion avec mon coach au cours de laquelle je lui ai fait part de mes pensées. C’était simple : je voulais m’améliorer de jour en jour.
Je lui ai dit que je ne voulais plus entendre parler d’objectifs à atteindre sur telle ou telle course, et que désormais je voulais seulement me concentrer sur une régularité, au quotidien, et sur chaque course. « Le résultat n’est que la conséquence de l’implication quotidienne à l’entraînement » lui ai-je aussi dit. Si je m’investissais dans la démarche, le résultat suivrait de lui-même.
Pour la première fois, j’ai décidé de ne plus me cacher derrière une maladie, ma fédération, un calendrier de courses chargé ou toute autre excuse, non, j’ai décidé de devenir responsable de ce que je faisais. Pas de lamentations, ni d’explications.
Pour atteindre mes objectifs, j’ai préféré me concentrer sur mon développement que sur le résultat. Ce changement a modifié mes perceptions de tous les jours (vie sociale et d’athlète combiné).
Entraînement avec David Hauss à Font-Romeu
Niveau d’engagement en adéquation avec l’objectif
J’ai commencé simplement car je n’avais aucune idée de ce qui suivrait, mais je savais que le temps serait mon meilleur allié.
Je n’avais pas d’attentes mais j’estimais posséder les qualités physiologiques nécessaires pour réussir, tout ce dont j’avais besoin était du temps pour trouver « quoi et comment ». J’ai accepté le fait que rien ne serait facile, particulièrement quand je ne savais pas vers quoi m’orienter. Je savais aussi que ce ne serait pas aussi facile que la recette « emballé, c’est pesé » de mes années junior. Cette fois, j’avais besoin de chercher les ingrédients, mes ingrédients, et pas seulement une planification hebdomadaire (je ne détaillerai pas ici tous les changements qui ont eu lieu ni les personnes géniales qui m’ont entouré et celles que j’ai rencontré dans les années qui ont suivi, car j’estime que c’est personnel et peu pertinent à être exposé de la sorte).
Profiter de la coupure
Pas encore
J’ai compris que ne pas être assez bon ne signifiait pas que je ne pourrai jamais l’être ; en fait c’était le contraire, j’avais l’opportunité de me prendre en main et de tracer mon propre chemin, en suivant mon propre rythme, sans paniquer ni devoir tirer sur la sonnette d’alarme.
Travail en commun vers un but sportif. Squad en Nouvelle-Zélande
En arrêtant de me concentrer sur un résultat imminent, la place était soudain laissée à l’amélioration, et à la satisfaction. Je me sentais maître de mon projet, enthousiaste à l’idée d’essayer de nouvelles choses et de voir ce qui en découlerait. Je ne me déconnectais pas du présent en espérant un futur meilleur : je me concentrais sur l’instant présent. Je pouvais découvrir des choses, les sentir. La compétition redevenait un challenge parce que chaque course était une occasion de livrer le meilleur de moi-même indépendamment des circonstances. Cela m’avait aussi enfin laissé une place pour le « pas encore ». Je n’avais à répondre à aucune attente, encore moins celle des autres. J’étais sur une mission au long terme, sans limites.
J’ai aussi gagné dans ces changements beaucoup de confiance, parce que je savais que c’était la bonne manière de poser des bases solides et éventuellement de maîtriser mes capacités sportives. Ce long cheminement m’a aidé à définir les standards que chaque athlète devait remplir pour pouvoir performer, et j’ai pu apprécier à leur juste valeur les performances de mes camarades et concurrents.
Neuf ans plus tard, je peux dire que « La quête de l’excellence sportive », comme l’appelle Simon Whitfield, est une route sans fin.
SOYEZ PRÊT POUR DONNER VOTRE MEILLEUR LE JOUR J
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