Il portera le dossard 598 le 10 octobre. Il court dans la catégorie des M50/54 et c’est une légende de notre sport.
Ce sera sa 32ème participation d’une série commencé en… 1984 sur l’Iles aux volcans. Le colosse de Philadelphie au célèbre catogan, est le dernier survivant d’une génération qui ne parle pas à la plupart de nos lecteurs, mais qui fait encore frissonner tous les « anciens » dont je fais partie. Ceux dont les références sont ces pionniers, les véritables « explorateurs » de notre discipline.
Dans les année 80, il y avait « le big four » : Mark Allen, Dave Scott, Scott Tinley et Scott Molina. Un quatuor imbattable. Un quatuor qui cependant redoutait cette montagne qui s’entrainait comme un forcené seul dans son coin. Car « The Beast from the East » fut le 1er vrai Stakhanoviste du triple effort.
Selon la légende urbaine, Ken était un bourreau de travail. Des semaines de plus 40 heures ne lui faisait pas peur et il jouait sur cette réputation pour tenter de déstabiliser ses adversaires.
Le surnom de « beast » lui allait comme un gant. Ceux qui l’ont observé sur son vélo peuvent en témoigner car chez Glah, il n’y avait pas vraiment de place pour la « socquette légère » et les petits braquets. Couché sur son vélo avec un position qui permettait de le reconnaître entre mille, il ouvrit plus d’une fois la route après le demi tour d’Hawi. Ces portions en faux plat descendants où les meilleurs, sur des braquets énormes, sont capables d’atteindre des vitesses supersoniques, étaient sa spécialité et probablement les moments dans lesquels, Ken prenait le plus son pied…
Pourtant, Glah ne gagnera jamais Hawaii. 17ème en 85 à 22 ans dès sa 2ème participation. Il terminera 6ème en 86, 5ème en 87, 3ème en 88, 4ème en 89, 4ème de nouveau en 93 et encore 5ème en 95. Un nombre impressionnant de top 10… Une régularité stupéfiante, mais finalement, « ce petit quelque chose » en course à pieds qui fait qu’il manque toujours une poignée de minutes pour la victoire.
C’est pendant l’édition de 88, que Ken ratera vraiment le coche… Une épreuve sans Dave Scott au départ, pour cause de blessure et où Mark Allen crèvera deux fois… C’est Scott Molina qui sautera sur cette opportunité unique d’une course que Ken aura mené un bonne partie du vélo… Son seul podium Hawaiien mais sans doute beaucoup de regrets d’avoir terminé derrière deux athlètes qu’il battra à maintes reprises tout au long de sa carrière.
Mais Glah n’est pas un rancunier… Ou plutôt probablement, la compétition c’est sa vie. Je n’ai pas fait le décompte de tous les Ironman qu’il a couru de part le monde. Le chiffre doit être énorme (et je suis preneur si quelqu’un qui me lit le connait..)
J’ai répertorié 6 victoires sur la distance. Pourtant, son plus haut fait d’arme ne sera pas une victoire mais une défaite sur l’ironman de Nouvelle Zélande en 1990.
A ma connaissance, le seul Ironman à ce jour à s’être fini au sprint et dans la même seconde ! Kiuru l’emportera d’un souffle sur Ken. L’image de ce sprint épique est restée dans les annales. Le genre de défaite qui vous rend plus populaire que bien des victoires…
Et cette popularité, Ken Glah, aujourd’hui dans la masse des « âge group », l’a enfin vraiment trouvé, injustement un peu « sur le tard », lui qui, toute sa carrière, est resté discret et en retrait par rapport à ses adversaires du grand ouest.
Et c’est plus que mérité, car c’est un fait : du « big four », et bien au delà, de toutes les stars des « heighty’s », c’est le seul qui sera encore un fois en maillot de bain sur la plage du Pier le 10 au petit matin !