Voilà, Jonny Brownlee naviguait tranquillement vers l’arrivée… mais face à la chaleur, il s’est mis à vaguer. La particularité de Cozumel, ce n’est pas la chaleur, mais l’humidité. Dans ces conditions, il est impossible de se rafraichir. Jonny Brownlee a eu un coup de chaud. Incapable de courir droit depuis plus de 200 mètres, lors de la « Aid Station », il s’est tout simplement lancé dans les bras d’un arbitre. Pour certains, cela parait comme une infraction, on y reviendra.
Mais voilà, son frère le voit et vient tout simplement le chercher refusant qu’il abandonne. Alistair connaissant l’enjeu à la clé, soit le titre mondial l’assiste et le guide tout simplement vers l’arrivée.
À nouveau, il y a un certain doute face à cet acte. Évidemment, on ne peut que trouver émouvant le geste de son grand frère. Lui qui s’amuse à dire qu’il aidera son frère uniquement s’il se montre digne de gagner le titre mondial vient se sacrifier pour son frère.
En fin de compte, Henri Schoeman s’envole vers la victoire. Cela reste totalement mérité. Il faut savoir adapter son effort à la chaleur, le Sud-africain l’a fait parfaitement.
Alistair réussit parfaitement en permettant à son frère de rallier l’arrivée. Le geste est incroyable, émouvant et unique. En même temps, il n’est pas sans risque. La bonne nouvelle c’est que l’entourage de Jonny Brownlee a confirmé qu’il avait retrouvé connaissance
Second problème, Alistair lance ou laisse tomber son frère sur la ligne afin qu’il termine en seconde position. Cela est un secret mal gardé, mais les frères Brownlee se sont fait avertir de ne pas finir ensemble lors d’une course. Si cette scène est habituelle en Grand-Prix, elle est considérée comme un résultat arrangé. Cela peut paraitre anodin, mais transportons cette règle à d’autres sports. La Formule 1 a longtemps dû combattre contre ça. Les championnats sont aussi en observation, puisqu’il serait facile d’avoir des ententes pour provoquer des matchs nuls.
Maintenant, avec toutes les dynamiques où certains athlètes acceptent de se sacrifier pour d’autres, il est pratiquement devenu impossible d’appliquer et d’avoir une règle claire et précise sur ce point.
Malheureusement, en passant d’un championnat du monde sur une journée à un champion déterminé par un classement mondial, on assiste à des performances très calculées.
Sur cette vidéo capté par Trimes, on voit tout simplement Richard Murray attendre avant la ligne. Dans les faits, il est prêt à laisser sa place si Mario Mola n’est pas cinquième, mais sixième, Murray se sacrifierait pour lui faire gagner un rang sachant que si Jonny termine au maximum deux places en avant de Mola, c’est l’espagnol qui remporte le titre mondial. Dans d’autres sports, dont l’athlétisme, en s’arrêtant devant le ligne d’arrivée, cela va à l’encontre de l’esprit sportif.
Que ce serait-il passé si le titre s’était effectivement gagné sur cette opération?
Dans le clan britannique et celui de Mola, on est clairement dans deux scénarios distincts ou il y a une volonté d’arranger un résultat. Évidemment face à cette situation si unique, changer l’histoire semble impossible. Cette scène sera jouée partout dans le monde et fera l’histoire.
Mais maintenant, la vraie polémique est que la fédération espagnole aurait porté réclamation. Face aux événements, ils y ont vu une opportunité pour permettre à Fernando Alarza de terminer second au mondial. Discutable, justifiable, logique?
Comme mentionné précédemment, il y aurait deux raisons pour demander la disqualification, soit l’assistance extérieure, dans ce cas, cela serait l’arbitre qui maintient Jonny. Évidemment, cela semble très exagéré.
Après vérification, voici ce que dit le livre des réglements « Compete without receiving assistance other than from event personnel and officials;». Cela signifie qu’un athlète peut obtenir de l’assistance venant d’un officiel ou d’un bénévole. Jonny n’était donc pas en infraction.
Outside assistance: a.) The assistance provided by event personnel or Technical Officials is allowed but is limited to providing drinks, nutrition, mechanical and medical assistance, upon the approval of the Technical Delegate or Race Referee. Athletes competing in the same race may assist each other with incidental items such as, but not restricted to, nutrition and drinks after an aid station and pumps, tubular tires, inner tubes and puncture repair kits;
Mais le second point serait l’aide de son frère. Dans ce cas, ils courent pratiquement 400 mètres ensemble. Il ne fait aucun doute que cela vient créer un précédent. On pourrait très bien voir des athlètes se donner des relais comme la technique utilisée pour les épreuves de Madison en piste (exemple).
Voici le règlement, Accepting assistance from anyone other than a Technical Official, race official or other athlete. If it is possible to amend and return to the original situation Stop and go – If not: DSQ
La problématique est que le règlement fait avant tout référence à une aide extérieure. Dans ce cas, on parle d’une aide intérieur très significative. Cela dépasse le passage d’une bouteille d’eau.
L’ITU décidera de ne pas intervenir dans la belle histoire, évidemment, il faudra tout de même se poser des questions pour éclaircir et compléter certaines les règles. Mais aussi se questionner sur l’attribution des championnats du monde.
Les courses à Cozumel ont poussé les athlètes à mettre leur santé en danger. Cela fait parti des risques, mais à ce point?
Voilà, on a probablement vécu un moment magique, maintenant, ne négligeons pas les risques.
Photo par Viviane Sloniewicz