Si le nom de Kevin Maurel ne vous dit rien, c’est probablement normal puisqu’il vient tout juste de passer pro. Auteur d’une belle, 4e place lors d’Ironman Aix 70.3, il est déjà sur notre radar. On s’est donc entretenu avec lui pour en savoir plus sur son futur.
Si l’on juge les premières courses de la saison en 70.3, tu es un peu la révélation de ce début de saison…
Oui j’ai beaucoup travaillé cet hiver et il me tardait le début de saison pour valider les progrès.
Mais toi, es-tu satisfait de ce début de saison?
Dans l’ensemble oui.
J’ai fait ma rentrée au Triathlon international de Cannes. C’était un bon test pour me situer par rapport à la concurrence et cibler les points à améliorer. 3 semaines plus tard, je me suis aligné au 70.3 d’Aix ou j’ai pu prendre la 4e place. Je suis encore sur mon nuage, même si je pense souvent à cette 3e place qui m’échappe à quelques kilomètres de l’arrivée.
Pour être honnète avec toi, avant de faire cette entrevue, j’ai questionné plusieurs athlètes (pro) et ils ne semblaient pas beaucoup te connaitre, comment l’expliques-tu?
Je ne me suis jamais vraiment investi dans le triathlon. J’étais très irrégulier dans mes entrainements et j’avais d’autres préoccupations professionnelles. Pour moi le sport restait un moyen de retrouver mes amis pour passer de bons moments à l’entraînement et m’aérer la tête avant de rentrer à la maison.
Alors, est-ce que tu peux te présenter à nous?
J’ai commencé le triathlon à l’âge de 7 ans aux Tristars de Cannes! Je n’y suis pas venu par hasard, c’était l’envie de « vouloir faire comme papa »! Et depuis je n’ai jamais arrêté. J’ai participé plusieurs fois aux championnats de France jeune, j’ai fait de la D2 avec l’Endurance72 Tri et j’ai même essayé l’ironman de Nice ! Qui s’est soldé par un échec …
En juillet 2016 je me suis séparé de mon employeur pour diverses raisons. C’est à ce moment que je me suis investi dans le triathlon. Je me suis laissé 3 mois d’entraînement pour « performer » sur le 70.3 de Vichy. J’y ai pris la 2e place (course réservée aux AG) au scratch. J’ai enchaîné 1 semaine après avec les Trigames, un triathlon LD avec 2000mD+ dont Anthony Pannier et Marcel Zamora étaient les têtes d’affiche. À ma grande surprise, j’ai remporté la course.
Mais, pourquoi as-tu décidé de te lancer dans la carrière pro?
Après ces 2 résultats, je me suis dit qu’il y avait quelque chose à tenter et 2017 était l’année ou jamais. J’ai décidé de me laisser une année pour voir jusqu’où le triathlon pouvait me mener.
À quoi aspires-tu…
Je veux profiter de chaque course en pro.
Se retrouver au départ à côté de Billard, Kienle, Van Lierde et pouvoir rivaliser avec les meilleurs de notre discipline est quelque chose d’incroyable !
Forcément j’aimerais que l’aventure dure le plus longtemps possible. Pour cela il me faut des résultats pour trouver des sponsors afin de durer dans le temps, mais c’est très difficile… C’est la raison pour laquelle je m’entraîne dur. Après si ça ne dure qu’une année, je n’aurai aucun regret et je serai ravi d’avoir tenté l’expérience.
Comment te qualifierais-tu comme athlète?
De nature assez calme, je reste un compétiteur. J’aime me confronter aux autres en course !
Je pensais être bon nageur, mais la catégorie pro m’a prouvé l’inverse ! Je dois travailler davantage cette discipline. Je pense avoir une bonne marge de progression et je sais déjà comment orienter ma préparation dans le futur pour être plus performant.
Je me connais parfaitement et 90% de temps j’arrive à atteindre les objectifs que je me suis fixé, à l’entrainement comme en course.
Je manque encore un peu de confiance en moi pour mener une course, mais je pense que ça va venir avec l’expérience. J’ai également tendance à regarder qui vient de l’arrière plutôt que d’aller chercher le mec devant.
Qu’est-ce que tu aimerais que l’on dise de toi?
Depuis quelque temps, beaucoup de personnes m’interrogent et me demandent conseil sur les réseaux sociaux. Je veux rester accessible évidemment, et j’aime bien cette proximité avec les gens.
Peux-tu nous parler de tes modèles en triathlon?
Je n’ai pas vraiment de modèles. J’aime bien Frodeno comme beaucoup, car il domine la discipline comme personne.
Je m’inspire aussi beaucoup de mon ami Rodolphe Von Berg. On se connait depuis de nombreuses années maintenant et on a un peu grandi ensemble.
On était tous les 2 licenciés à Cannes et j’ai assisté à sa montée fulgurante. Maintenant qu’il vit aux États-Unis, nous avons évidement gardé contact. Je suis ses performances et c’est vrai qu’il m’a donné envi de me lancer en pro.
Et ton environnement, comment fonctionnes-tu? Qui est ton entraineur?
Je suis né et j’habite sur Cannes avec ma compagne. Par sa situation géographique et la douceur de son climat, cette ville se dit « Capitale du Sport en Plein Air » et offre des infrastructures idéales ! Je suis à 500m de la piscine avec un bassin extérieur de 50m, et du stade d’athlé qui a la particularité d’avoir une piste vélo d’1km. Parfait pour les enchainements !
Je suis entrainé par Thierry Bricout. C’est lui qui m’a appris à nager à l’âge de 5-6 ans, il me connait depuis toujours. J’ai une confiance aveugle en ses entrainements. Le jour ou j’ai décidé de tenter l’aventure en pro, c’est quelqu’un qui a su m’écouter. Il m’a mis en garde des pour et des contres, les contraintes familiales et la charge d’entrainement qui allait m’attendre. Il peut être rude dans ses propos, un peu le Philippe Lucas du triathlon, mais c’est ce qui me plaît. Je ne vais pas à l’entraînement pour qu’il me jette des fleurs. Pour l’instant la « collaboration » fonctionne très bien, je n’ai aucune raison d’en changer.
Et la vie de Kevin Maurel a l’extérieur du triathlon, c’est quoi?
En dehors de mes entrainements, je travaille à mon compte et j’ai lancé ma micro entreprise « Bike-Tool ». Je fais de la réparation et de l’entretien cycle à domicile. Ça me permet de gérer mon emploi du temps comme je le souhaite.
C’est important pour l’équilibre d’avoir une activité autre que le triathlon. Ça me sort un peu la tête de mon entrainement tout en restant dans mon domaine et ça me permet d’assurer mon avenir si jamais je devais arrêter le triathlon.
Est-ce que tu voudrais ajouter quelque chose?
Un grand merci à toutes les personnes qui me soutiennent et m’accompagnent dans mon aventure. Elles me permettent de rester les pieds sur terre et de faire que tout cela ne soit que plaisir.