De Vincent Gauthier
Quelle serait votre réaction si je vous disais que certains athlètes roulent en position de contre-la-montre avec un seul bras ou que d’autres athlètes arrivent à pousser un «wattage» avec leurs bras que certains rêvent d’atteindre avec leurs jambes? Impressionnant, n’est-ce pas? Bienvenue dans l’univers du paratriathlon.
Cette branche du triathlon consacrée aux athlètes ayant un handicap physique se divise en 6 catégories selon la nature du handicap (détails sur ces catégories). Le processus de classification des catégories est relativement complexe. Pour les athlètes dont l’état du handicap demeure stable, cela ne pose pas de problème. Pour les athlètes dont l’état du handicap est variable (susceptible de s’améliorer ou de se détériorer), c’est une autre paire de manches! Les athlètes doivent subir une batterie de tests physiques dans lesquels des médecins spécialistes et des physiothérapeutes mesurent la mobilité, la flexibilité et la fonctionnalité des différents membres. De plus, les règlements de compétitions peuvent varier selon la catégorie. Par exemple, pour la catégorie TRI-1 (cyclisme à main : paraplégiques, quadraplégiques) n’ont pas de ligne d’embarquement ou de débarquement. Peu importe la catégorie, il faut mentionner que les athlètes ont le droit jusqu’à un maximum de 3 «handlers» pour les aider avec les différentes tâches à exécuter dans la zone de transition. Parlant de transition, c’est impressionnant de constater comment chaque athlète adopte des stratégies différentes pour tenter de rentabiliser chaque action et gagner le maximum de temps. Par ailleurs, la technologie est également très sollicité par ces athlètes (prothèses, groupes électroniques, aérodynamisme sur le vélo, etc.) dans le but de faciliter les tâches mais également d’améliorer la performance.
Pourquoi vous parler du paratriathlon? C’est bien simple! Dans un premier temps, j’ai été assistant-entraîneur de l’équipe canadienne de paratriathlon aux championnats du monde 2010 à Budapest, en Hongrie et ce fût une expérience de coaching en or. J’ai eu la chance de travailler avec un groupe d’athlètes motivé et passionné par leur sport et ces athlètes ont chacun, une histoire bien particulière qui fait d’eux de grands athlètes mais également des êtres d’exception! On ne saurait passer sous le silence que ce sport a été promu en décembre dernier au titre de discipline paralympique pour les Jeux Paralympiques de 2016 à Rio de Janeiro. Tout comme le triathlon, le paratriathlon est encore un sport jeune et pour développer ce sport et le populariser auprès des athlètes ayant un handicap physique, on doit en faire la promotion et on doit surtout le rendre accessible. Un bel exemple de cette accessibilité que l’ITU tente de développer à moyen terme est le changement de la distance olympique à la distance sprint aux Championnats du Monde (depuis Budapest, en 2010).
De plus, au Québec, nous avons la chance d’avoir deux paratriathlètes exceptionnels qui compétitionnent dans la catégorie TRI-1(voir plus haut) : Pierre Ouellet, un massothérapeute sportif de Québec et Charles Moreau, un chiropraticien de Trois-Rivières. D’ailleurs, pourquoi ne pas les trimer prochainement? Ceux-ci s’illustrent non seulement au niveau national mais ont fait belle figure aux derniers championnats du monde en prenant le 4e rang (Charles Moreau) et le 8e rang (Pierre Ouellet). Quand je parlais de pousser du gros «wattage» avec les bras dans l’introduction, je fais référence à ces derniers dont la circonférence de leurs biceps équivaut probablement à la circonférence de cuisse de la grande majorité des lecteurs!
J’espère que cette chronique vous aidera à mieux comprendre ce qu’est le paratriathlon qui, trop souvent, passe inaperçu par le manque de connaissances de la communauté triathlonienne mais également par le fait que cette division de notre sport est en pleine croissance.
Vincent Gauthier
Entraîneur-chef, Club de triathlon Tri-O-Lacs
Assistant-entraîneur, Équipe nationale 2010 de paratriathlon