Mythique Tour des Flandres (Ronde Van Vlaanderen en flamand, c’est tout de suite plus exotique). Quand on est Européen, qu’on aime le vélo, on ne peut qu’être stupéfait, à chaque édition par la foule amassée sur le bord de la route, le parcours emprunté par le rapide peloton des pros (260 km, des routes étroites, des montées raides, des pavés) et les conditions (froid, pluie, vent).
Aussi, quand votre premier entraîneur de triathlon (ça a toujours un côté mythique, un premier entraîneur) vous propose de participer au Tour des Flandres version amateur, vous y réfléchissez à deux… cent soixante fois.
Et puis finalement, il vous annonce que c’est le 150 km (s’avérant être un 140, s’avérant faire 139 km au GPS), vous arrêtez de réfléchir, et vous dites oui.
Les 140 km en question constituent une boucle, peu ou prou, la fin du parcours qu’empruntent les pros, après leurs 120 premiers kilomètres de promenade depuis Bruges.
Et puis là, vous vous apercevez que tout est faux.
Départ à 7 heures du matin, il fait beau (encore un peu nuit, mais doux). Il n’a pas plu, le parcours est sec. Il ne s’agit pas d’une course, mais d’une rando cycliste (personne ne frotte, ça part gentiment, comme si tout le monde redoutait la suite…). Et la journée se déroule, les noms mythiques se suivent (dans le désordre) : Bosberg, Mollenberg, Koppenberg, Tenbosse, Mur de Grammont, etc. La journée est très agréable 23 °C en fin de matinée ! Pas de pluie ni de vent.
Les ravitaillements sont l’occasion de regroupements colossaux. Il faut dire que 17000 personnes (260 km, 140 km et 75 km sur route, et trois distances en VTT) n’aident pas à la fluidité du circuit.
Non, en fait, il y a beaucoup de vrai.
La route est constamment mauvaise : en fait de route, il faudrait plutôt parler de plaques de béton d’environ huit mètres de long, posées les unes à côté des autres, avec un petit peu de mortier pour faire semblant de les lier. On imagine aisément l’absence de confort.
Les secteurs pavés sont l’occasion de découvrir que les poignets peuvent être douloureux en vélo, qu’il faut mieux faire le Tour des Flandres avec un cuissard très ajusté pour éviter que certaines parties de son anatomie ne soient rendues douloureuses par les vibrations, que l’on peut avoir la sensation que ses viscères vont sortir de son corps. Pour les pavés, deux techniques : quand c’est plat on roule avec le plus gros braquet possible, pour « voler » au-dessus, quand ça monte, on choisit à l’inverse le plus petit (sur pavés humides, l’important est surtout de ne pas avoir la roue arrière qui décroche).
Au mur de Grammont, c’est l’embouillage : trop de monde arrive à la fois. Beaucoup restent coincés dans la montée, petit goulet d’étranglement, et les pavés sont glissants. Des gens du public arrêtent alors les cyclistes et font passer par paquets de cinquante. A ce petit jeu, la chance s’invite : partir en deuxième ligne d’un groupe permet de passer sans encombre, c’est qu’il y a du public en haut !!!
L’arrivée est un bon moment partagé entre copains.
La fin du programme a lieu le lendemain, dans le fauteuil, en regardant les pros parcourir les mêmes routes, bien plus vite, monter les mêmes bosses, assis, et gagner ou perdre le sprint rageusement. Les seuls points communs entre eux et nous restant sans doute l’amour du vélo, celui que l’on se découvre pour ces difficiles courses (ahhhhh ces pavés !), celui des paysages de la Belgique, et certainement ce grain de n’importe quoi, au moment où les côtes sonnent !
Super témoignage! Bravo
Super texte El-Jibe. Bon allez, dit le nous… tu as posé le pied? ou pas :-p
Non, j’ai eu la chance de réussir à éviter les gars qui marchaient et de ne pas être trop dans le dur.