Hier, à Boucherville, j’ai assisté au cours «performer sans se blesser» de Blaise Dubois de la clinique du coureur. Cette formation offerte aux entraîneurs, aux kinésiologues et aux autres professionnels de l’entraînement est normalement donnée sur une période de 3 jours. Toutefois, la formation d’hier était donné en condensé (8 heures). Pour ceux qui désirent la suivre éventuellement, ne vous inquiétez pas, vous n’avez pas à vous présenter nu-pieds! En voici une petite critique (que je qualifierais davantage de résumé puisque mon opinion sur le sujet demeure encore en suspend…):
Dans un premier temps, si l’on peut être sceptique et indécis par rapport à l’idée d’arborer des chaussures minimalistes, ligne de pensée qui va un peu à l’encontre de la culture nord-américaine et des produits que l’on retrouve en magasin, on ne peut douter d’une chose: Blaise Dubois est un passionné d’entraînement et de course à pied et, par ses talents d’orateur et de conférencier, il a le don de nous convaincre et peu à peu, le doute s’installe dans l’esprit de son public.
En étant destiné à des professionnels de l’entraînement, tous les éléments qui sont enseignés dans le cours sont basés sur la littérature scientifique. Différents aspects de la course à pied sont abordés: adaptation et quantification du stress mécanique et physiologique, biomécanique de course, périodisation, renforcement musculaire, type de surface et le dernier et non le moindre, le choix des chaussures.
Les points clés de la formation sont les suivants:
– Tout est basé sur le postulat suivant: le corps s’adapte dans la mesure où le stress appliqué n’est pas plus grand que sa capacité d’adaptation. Selon Blaise, les physiothérapeutes devraient, dans leur démarche clinique, inclure volet d’éducation sur la quantification du stress mécanique. Un coureur devrait donc courir dans une zone d’adaptation, c’est-à-dire qu’il a besoin d’un stress minimum pour créer ces adaptations tissulaires et musculaires mais qu’en même temps, il ne doit pas dépasser la capacité maximale d’adaptation, au-delà de laquelle les risques de blessures sont présents.
– Au niveau des chaussures, Blaise conseille l’utilisation des modèles de type «racer» ou minimaliste afin de diminuer les interférences entre la surface de course et les pieds. Les interférences empêchent la transmission de signaux neuro-physiologiques. Jumelé à l’utilisation des chaussures qui sont «près du sol», il conseille l’adoption d’une cadence de course se rapprochant de 180 pas par minute. Cadence qui diminue le travail musculaire, la force d’impact ainsi que les déplacements verticaux. Ces deux facteurs réunis, selon le conférencier, aideront beaucoup la biomécanique et favoriseront une attaque «midfoot» ou »forefoot» plutôt qu’une attaque sur les talons.
Somme toute, la formation est très intéressante et laisse place parfois à certains questionnements, voire des débats entre Blaise et l’auditoire. Blaise est très convaincant mais à la lumière des discussions, la mentalité des chaussures à gros coussinage est difficile à changer! Chose certaine, les éléments abordés portent à réflexion sur notre pratique comme athlète, mais aussi comme entraîneur!
En parlant de débat, voici un SCOOP: cet été à Montréal (lieu et date seront confirmés très prochainement) aura lieu un débat sur les chaussures de course à pied. Blaise Dubois sera présent avec plusieurs spécialistes de la course: biomécaniciens, entraîneurs, thérapeutes du sport et professionnels de la santé.
Vincent Gauthier
Entraîneur-chef, Club de Triathlon Tri-O-Lacs