Débat > Faut-il croire à la sélection des domestiques pour les JOs.

La sélection britannique choque puisque des athlètes comme Will Clarke ou Tim Don ne sont pas sélectionnés, préférés à des athlètes moins complet. Quand on sait tous les efforts mis par ces athlètes, une non sélection au profit d’un athlète plus faible ne peut paraitre que pour une injustice. Il est certain que cela va créer des séquelles dans la relation entre les fédérations et les athlètes.

Avec la non selection de la championne Olympique en titre, Emma Snowsill, on peut d’ailleur se questionner sur la nature de sa relation dans le futur avec sa fédération. Il ne serait pas étonnant que certains de ses athlètes précipitent leur arrivée en longue distance ou sur les circuits sans drafting.

Le milieu élite est amer. Tim Don vient d’ailleurs d’exprimer son amertume.

I can understand the Federation want medals so desperately to keep all their funding and get on that BOA medal table … but to have HALF the team as helpers/domestiques when you have 4-5 athletes ranked in the top 20 in the world who aren’t selected is just gutting and mind boggling and, in my opinion, not what the Olympic Spirit is about.

If I was an up-and-coming British Junior how would I motivate myself to give my best performance when if I am not top 3 in the World in the Federation’s opinion the only chance of going to Rio would be as a helper/domestique ?!?!?! I guess just swim and bike really and don’t run. Not a great way to inspire the juniors if you think about it.

Ce qu’il faut comprendre avant tout. Les fédérations sont financées directement ou indirectement par leur succès aux JOs. Directement, certains gouvernements déterminent le budget en fonction des résultats Olympiques. Indirectement, un champion olympique amène généralement une augmentation de licenciés grâce à une visibilité de la discipline accrue.

C’est pourquoi, les fédérations veulent avant tout maximiser leur chance d’avoir des médailles. Les résultats ont un impact direct sur leur richesse. Les britanniques ont fait ce choix risqué sachant que le concept est nouveaux.

L’ironie est que le concept du domestique n’est jamais utilisé en WCS et en WC. On ne l’a jamais vu appliqué en grande finale. La seule fois ou on l’a vraiment vu utilisé à l’exception de Bejing, ce fut au championnat d’Europe de 2011 ou l’anglais Harry Wiltshire qui agrippait littéralement Gomez pour l’empêcher de nager. Un domestique pour éliminer la concurrence.

Harry Wiltshire a été sanctionné pour 6 mois, mais on n’a jamais sanctionné la fédération et on n’a jamais su si cela avait vraiment été une commande. Alors on est pas très convaincu. Cette course assurait un spot automatique pour la nation gagnante.

Les canadiens sont bien placés pour comprendre le concept du domestique en triathlon puisque la médaille d’argent de Simon Whitfield aux Jeux de Bejing aurait été obtenu grâce a ce stratège.

Petit rappel historique, Paul Tichelaar avait été demandé de courir la course en domestique par Triathlon Canada en condition de sa sélection puisqu’il avait terminé 9ieme à Vancouver et qu’il fallait terminer 8ieme pour être automatiquement sélectionné (il était 6ieme au classement mondial).

Le troisième homme canadien était Collin Jenkins, reconnu comme un excellent nageur, (47ieme au classement mondial).

À cette époque, Simon Whitfield avait déclaré que les domestiques étaient une condition absolue pour obtenir une médaille. Durant la course, il est vrai que Jenkins avait protégé Simon en natation et en vélo. Tichelaar avait finalement eu la permission de faire sa propre course.

La médaille d’argent à donné raison à Simon, le concept fait surement rêver parce que la seule fois ou il a vraiment été annoncé, il a fonctionné.

En fait, le concept du domestique est seulement valable avec un athlète qui est vraiment supérieur en course à pied mais qui a de la difficulté à faire le pack en sortant de T1 (natation faible). Chez les hommes, on ne connait personne avec ce profil. En fait, cela pourrait exister dans le futur, avec des athlètes avec des passés de coureurs universitaires (comme Lukas Verzbikas), on pourrait se retrouver avec des profils tellement supérieurs en course à pied que leur sortie en tête en T2 serait des victoires assurées et validerait le concept du domestique.

Emma Snowsill était aussi dans cette situation. En 2009, elle courait tout simplement 1 minute plus rapidement que n’importe qui sur le circuit. À ce moment là, le concept n’aurait jamais été décrié.

Alors oui, le concept du domestique était crédible dans le passé et pourrait l’être dans le futur. Mais pas pour Londres. Pourquoi? À cause d’un parcours vélo beaucoup trop plat qui favorisera les pelotons et surtout parce que le niveau a vraiment été nivelé. Même si on assiste a une dominance des Brownlees, le talent a tout simplement explosé en ITU. Exemple parfait à San Diego, 13 coureurs ont couru en dessous des 31 minutes. Les 37 premiers ont tous couru en dessous de 32 minutes! Alors les courses sont devenues de plus en plus serrées avec sans cesse des nouveaux venus comme Richard Murray.

En fait on se demande si tout cela n’est pas la faute de Macca puisqu’il est parti en croisade médiatique pour obtenir le role du domestique pour l’équipe australienne. Malheureusement pour lui, ses performances et ses demandes ne faisaient pas de sens.

Selon les rumeurs, le triathlon aux Jeux n’aura bientôt plus ce format. On parle d’une course avec des manches qualificatives. Cela pourrait surement augmenter le nombre de participants et avec des distances raccourcies, les domestiques ne devraient plus avoir leur place. Tout cela est à suivre puisque cela risque d’avoir un impact non négligeable sur le futur de notre sport.