Nous proposons ici une analyse sans prétention du moment-clé de la course sur route élite-homme des championnats du monde 2012 ayant eu lieu au Limburg dans le sud des Pays-Bas. Nous figeons la course en quatre temps qui correspondent à autant de schémas, sur une période totale d’environ une minute. C’est là croyons-nous que la course s’est jouée.
Une légende en fin d’article vient expliquer les différents symboles.
Nous vous suggérons en complément des schémas 2-3-4 de suivre l’action via le clip suivant
Ce qu’il faut retenir, c’est l’extraordinaire sens du « timing » dont a fait preuve l’équipe belge. Il y a bien sûr un facteur chance qui ne doit pas être négligé. Que ce serait-il passé si Valverde avait passé le virage parmi les premiers, si Boasson-Hagen avait été dans la roue de Gilbert lors de son démarrage, si le vent avait soufflé de face au sommet du Cauberg? Mais néanmoins on voit une fois de plus comment une équipe forte peut se jouer des impondérables (surtout lorsqu’elle joue comme l’ont fait les Belges ce jour-là, sur son propre terrain) et s’imposer. On a parlé ici de deux fusées belges mais une analyse un peu plus complète aurait pu se pencher sur le rôle des autres étages, Van Summeren et Devenyns entre autres qui ont passé une partie de la journée à participer au contrôle de la course.
L’envers de ce travail d’équipe hyper-peaufiné, c’est une certaine finalité, une certaine tendance à l’absence de surprises majeures, ou du moins une tendance à peu récompenser la prise de risque individuelle. Le jeune coureur Romain Bardet qui vient d’arriver chez les pros avec AG2R – La Mondiale illustre bien ce point :
C’est vraiment ce qui m’a marqué cette saison. Les courses sont stéréotypées. La tactique (individuelle, nldr) rentre moins en compte que chez les amateurs. Il y a toujours 15-16 équipes qui courent pour un seul leader et qui font tout pour que ça arrive groupé, soit pour un sprint massif, soit au pied de la dernière difficulté. Quand l’échappée sort en début de journée, on sait qu’on aura une heure, une heure et demie tranquille avant d’accélérer. Dans les classiques, on se retrouve presque toujours dans des courses de côte. Les meilleurs sont devant mais pour moi, la course en perd de sa superbe. – Journal L’Équipe 25/09/2012
La course sur route aux Olympiques de Londres 2012 pourraient bien être un cas de figure d’un autre type de course, où pour différentes raisons l’individualité s’oppose aux machines bien huilées. Ce qui en soit n’est pas meilleur ou pire, c’est juste différent.
Très, très belle analyse, j’adore ! Merci Michel 😉
content que tu apprécies Nick … l’an prochain on verra peut-être un canadien ou un français à l’avant, qui sait … 🙂