Magali Tisseyre est une de ces athlètes qui est constamment sous le radar de Trimes.org. On doit avouer qu’avec la constance de ses succès, on l’avait presque oublié. C’est pourtant une Magali qui est en pleine évolution et qui semble plus motivée que jamais.
Trimes a voulu en savoir plus à propos de cette athlète qui représente avec brio notre province.
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Tu as eu une saison 2011 un peu plus difficile et qui s’est malheureusement terminée par un abandon à Las Vegas. Les choses se sont très bien replacées depuis avec une victoire à Tremblant 70.3, Calgary 70.3, The Pro Chase – Sooke et Mooseman 70.3. Tu peux nous parler des changements que tu as décidé de faire.
J’ai changé d’entraîneur pour revenir à l’entraîneur que j’avais en 2009-2010. C’était aussi mon premier entraîneur en tant que Pro à temps plein : Lance Watson de Lifesport. Ça faisait un an que je m’entraînais en Californie avec Siri Lindley et son groupe qui inclut Mirinda Carfrae, Leanda Cave et d’autres athlètes de fort calibre. C’était une très belle expérience pour moi. Mais avec le temps, le groupe est devenu très gros (environs 20 pros) et plusieurs bons athlètes sont partis, incluant Mirinda Carfrae. Le plan était général et le temps consacré à chaque athlète s’en trouvait affecté. Mon vélo en a beaucoup souffert et j’ai voulu consulter des experts pour explorer les options, avoir un suivi plus spécifique, évaluer pourquoi certains entraînements ne fonctionnaient pas pour moi. J’avais aussi des idées comme essayer l’altitude et voir comment je réagirais.
J’aimerais accéder au prochain niveau et ce contexte ne me permettait pas de le faire. J’ai décide de partir et de revenir à ce qui avait fonctionné pour moi par le passé. De retour avec Lance, nous avons beaucoup échangé et j’ai pu comprendre pourquoi sont type de coaching fonctionnait mieux pour moi. Je voulais aussi comprendre pourquoi le plan de Siri n’avait pas fonctionné pour moi, même si ce même programme fonctionnait bien avec certains athlètes.
J’ai beaucoup appris en discutant avec Lance. Nous avons aussi échangé concernant notre dynamique de coach vs athlète. Le respect mutuel nécessaire et collaboration sont maintenant beaucoup plus présents. Au même moment, je suis aussi revenue à mes racines au Québec et ça m’a fait beaucoup de bien d’être revenue auprès de ma famille et de mes amis. Je passé plus de temps à St-Sauveur. C’est important pour mon équilibre et pour performer, il faut être heureux.
Dès mon retour au Québec, j’ai aussi consulté Pierre Hutsebault du Peak Center pour qu’il m’aide en vélo. Lance est ouvert d’esprit et nous avons pu avoir de bons échanges tous les trois. Enfin, je me rendais compte que c’est difficile de choisir son entraîneur à long terme sans avoir exploré différentes options. Après mon expérience en Californie et dans un autre groupe. Je suis capable d’apprécier plus que jamais mon entraîneur.
Nos échanges ont évolué. Alors qu’avant, je ne me connaissais pas et je suivais sans poser de questions, maintenant, je me connais assez pour être impliquée davantage dans la planification de l’entraînement. Je crois que cette expérience en Californie, donc, m’aura permis de mieux me connaître et de travailler mieux que jamais avec l’entraîneur qui a su trouver le meilleur de moi.
J’imagine que ce passage à vide t’a permis de voir le triathlon différemment? J’imagine que tu es passée par la fameuse question : « Pourquoi je fais ça? »
Je crois que c’était une étape nécessaire dans ma carrière. Dans mon cas, pour apprendre à gagner, je devais d’abord apprendre à perdre et cela a été très difficile. Après de multiples victoires au cours de la saison 2009-2010, je sentais beaucoup de pression pour gagner. La saison 2011 avait bien commence: 3e à Oceanside, 3e a Wildflower, une victoire à Rhode Island 70.3. Mais je sentais que plus la saison avançait, plus il était difficile pour moi de performer. À Oceanside, je devais avoir profité d’un repos et l’entraînement de Lance me portait toujours. Mais c’était un decrescendo jusqu’au championnat du monde. La veille de Vegas 2011, mon entraîneur me disait que je pouvais gagner. Je ne le sentais pas. Je n’avais pas la forme nécessaire et la pression était forte. Dans mon esprit, comme j’avais fait deux podiums, je devais maintenant gagner. J’ai trop pensé au résultat et j’ai cédé sous la pression. C’était une des leçons les plus importantes de ma carrière et elle a révélé mes faiblesses. Les choses sur lesquelles je dois travailler si je veux devenir championne du monde : faire les choses pour moi. Oublier la pression extérieure. Avoir un focus interne et non externe durant la compétition. Revenir à l’amour du sport. Laisser aller le jugement des autres pour simplement être fier de son effort. Parce que lorsqu’on peut faire ça, les résultats suivent naturellement. Le triathlon c’est aussi l’école de la vie. Évoluer en triathlon, me fait évoluer en tant que personne.
En 2011, as-tu eu l’impression d’avoir une certaine pression médiatique (passage à l’émission Tout le monde en parle, articles dans les journaux), une sorte de pression de performer alors qu’avant personne ne parlait vraiment de toi?
Ce serait mentir de dire que je n’ai pas senti une forte pression. Oui, c’est surtout la pression qui m’a paralysée l’an dernier à Vegas. J’ai senti une pression énorme avant la course car je ne me sentais pas assez en forme pour la performance que je devais livrer. Aussi avec l’attention extérieure davantage rivée sur moi, c’était difficile de garder un focus interne. Je pensais trop au résultat, pas assez à l’effort. C’était ma plus grosse erreur et la leçon la plus importante, que j’ai finalement exécuté à Vegas cette année. J’ai connu un début de course similaire, je me suis retrouvée au 17e rang au 22e mile de velo. Puis j’ai simplement gardé espoir et je me suis concentrée sur l’effort. Je me suis mise au travail et j’ai remonté de dix positions pour terminer 7e. Ce n’est pas mon meilleur résultat en terme de classement mais je me suis prouvé que j’étais capable de pousser et d’être fière de mon effort indépendamment du résultat.
Tu as été beaucoup moins présente dans les médias en 2012, à l’exception de la couverture dans le cadre de IM 70.3 Tremblant. Est-ce que les demandes se sont faites plus rares après ton DNF à Las Vegas?
Les contre-performances (sans excuses incroyables) affectent beaucoup de choses tel que les commanditaires et les occasions médiatiques. Ça n’en prend pas beaucoup pour perdre l’engouement des médias. Heureusement, je n’ai pas perdu le soutien de mes commanditaires et de ma famille, et mon entraîneur croit en moi plus que jamais. Il inspire confiance que les choses se replaceront. En plus, j’ai appris à ne pas être aussi sensible au jugement extérieur. Encore une fois, ça devait être une étape nécessaire.
Pour moi, 2011 n’était pas un flop. C’était: 3e a Oceanside juste derrière Carfrae et Jackson, 3e a Wildflower, 3 titres de Ironman 70.3 et une victoire a Rev3 Anderson seulement une semaine après la victoire à Poconos. J’ai aussi couru l’un des temps les plus rapides au L.A. Triathlon (Olympique non drafting), une trentaine de secondes du temps de Lisa Norden. Puis il y avait le DNF de Vegas qui semble avoir défini la qualité de ma saison. Ça m’a aidé à ne pas être dérangée par le jugement. Les gens voient ce qu’ils veulent voir et ça, on ne pourra jamais le contrôler.
Comment définirais-tu le style de coaching de Lance Watson?
Lance est le seul coach qui m’a poussée à ma limite physiologique. Il sait trouver ma limite, la frôler à la perfection. Il est agressif mais intelligent. Il est aussi à l’écoute de ses athlètes. Il est entraîneur de haut niveau depuis plusieurs dizaine d’années. Il a entraîné des athlètes sur toutes les distances (de Simon Whitfield au champion Ultraman UK 2012).
Il a également observé les différences dans la physiologie des athlètes et a identifié quel type d’entraînement se prêtait à quel type d’athlète. Pour moi, il a su identifier que je devais faire beaucoup d’entraînement de seuil, chose que je faisais peu avec Siri. Il accorde beaucoup d’attention à la psychologie et l’intègre dans son plan entraînement. Il est aussi l’un des rares entraîneurs de son niveau qui ne s’occupe que de quelques athlètes professionnels. La tendance est aux gros groupes d’entraînement et ce n’est pas sa philosophie. C’est sûrement aussi un très gros avantage. Il a le temps de pousser l’entraînement à la perfection et d’aider l’athlète à explorer, découvrir et à évoluer.
Dans ton blog tu sembles parler de très grosses journées d’entraînement qui t’avaient manqué, peux tu nous en parler.
Durant la dernière année, tout était axé sur les longs entraînements en aérobie et sur la force musculaire. Je me sentais endormie. Je faisais parfois 2-3 siestes par jour et je ne m’améliorais pas. Ce n’était pas le type de séances qui fonctionnait pour moi. Les séances que je voulais retrouver sont plus courtes et plus intenses. Ce sont des séances qui me donnent confiance. Mes séances préférées et les plus rudes sont les longues « bricks » dans lesquelles je travaille le seuil. Un peu comme l’effort de 70.3 en petits morceaux. Les séances sont des bricks de 3+ heures où je travaille fort en vélo et en course. Je fait une telle séance par semaine durant mes gros blocs d’entraînement. Ça fonctionne pour moi. Ces séances nécessitent beaucoup de temps de récupération mais pour moi, c’est ce qui fonctionne le mieux. Elles permettent aussi d’estimer ce que je peux faire dans une course, aident bâtir ma confiance et me donnent des objectifs fixes à atteindre. Par contre, elles peuvent hypothéquer un athlète et nécessitent des précautions.
Ton ancienne entraîneur, Siri Lindley, compte Leanda Cave parmi ses athlètes. Cave vient de remporter le titre de Championne du monde 70.3 à Vegas. Es-tu d’accord avec moi pour dire que le déclic avec un coach est surtout dans sa gestion des émotions chez l’athlète?
Leanda a beaucoup d’expérience et a été depuis longtemps une grande championne. Elle travaille avec Siri depuis trois ans je crois. Elle s’entraîne en Arizona et elle est la plus indépendante du groupe. Elle a un bel échange avec Siri car elle sait ce qu’elle veut. Elle se connaît très bien et elle est aussi sa propre entraîneur. Et oui, dans son cas, je dois dire qu’elle a une très belle énergie dans son échange avec Siri. C’est presque qu’une question de chimie. Siri lui inspire confiance, elles partagent de belles victoires et une excellente complicité. Dans mon cas, bien que nous ayons toutes deux les meilleurs intentions, ce n’est pas ce que je sentais alors qu’avec Lance, c’est une toute autre histoire, c’est naturel. Je me sens forte et confiante. Je n’ai pas peur du futur ou de prendre des chances.
Quels sont les changements que tu as fait dans tes entraînements au fils du temps? on imagine que tu n’as pas repris le même programme avec Lance?
Lance fait évoluer son programme en fonction de l’athlète. Il sait ce qui fonctionne pour moi et pourquoi. Il sait aussi dans quel état d’esprit je dois me trouver pour performer ou même pour rester motivée à l’entraînement. Il me dira souvent de retourner au Québec pour quelques jours ou encore de prendre une semaine pour faire le vide quand j’en ai besoin. Lance connaît la structure des séances qui fonctionnent pour moi (exemple seuil) et il me donne des séances-clé très semblables à celles que je faisais en 2009-2010. Ça fonctionne pour moi! Les détails changent et je suis plus rapide. On aime aussi explorer alors on pense a intégrer du nouveau. Par exemple, peut-être des séances en altitude pour une partie de l’année prochaine, ou un camp avec des nageurs en début de saison. On grandit ensemble mais on retient ce qui fonctionne. Il n’y a rien de statique dans les plans de Lance car il comprend que pour avoir une évolution constante, il faut constamment demander au système de s’adapter à du nouveau.
Las Vegas, tu avais une stratégie de course particulière?
Elle était simple: nager avec le groupe de tête, rester à l’avant en vélo et tout donner en course a pied. J’étais prête et les entraînements montraient que je pouvais prendre des chances. J’étais très bien préparée et en forme. Mon vélo avait été solide à Calgary. Mes chiffres de puissance étaient bons à l’entraînement et j’aurais dû être capable d’être à l’avant.
Toutes les pros s’attendaient surtout à une domination de Melissa Rollinson, non?
Pas vraiment. Elle n’a pas nécessairement dominé dans les dernières courses et on parlait d’une blessure au pied après son dernier 70.3. Mais bon, elle était définitivement une championne potentielle. Tout le monde savait qu’elle était une menace! Je crois que la canadienne Angela Naeth était la préférée après sa performance à Hyvee la semaine précédante qui indiquait qu’elle était prête pour une course très solide. Leanda a terminé 15e à Hyvee je crois, derrière Williamson, etc…). Leanda était la grande surprise.
Dans ce type de course, il faut s’attendre à tout. Il y a toujours des surprises. Anything can happen! Je crois que les meilleures se sont fiées à leur propre rythme.
Chez les hommes, on a ce sentiment qu’ils ont été surpris par l’inévitable : Sebastian Kienle qui prend trop d’avance en T2 pour être rejoint. Est-ce qu’on peut dire la même chose avec Leanda Cave?
On a l’impression qu’elle a été un peu sous-estimé. Leanda est toujours surprenante le jour de la course. Sa grande confiance et son expérience jouent en sa faveur. Je me suis souvent entraînée avec elle en m’attendant à bien me défendre le jour de la course. Elle m’a toujours surprise le jour de la course. En général, tout le monde sait qu’elle est l’une des meilleures cyclistes. Mais après la saison qu’elle a connue (pas aussi forte que les deux saisons précédentes) et la performance à Hyvee une semaine avant, je ne peux pas dire qu’on s’attendait à ce qu’elle soit aussi dominante que d’habitude. Sous-estimée? Peut être. Leçon apprise. Ne jamais sous estimer Leanda Cave!
À Vegas, tu as perdu contact avec les nageuses de tête pour te retrouver à la tête du groupe de chasse. Tu étais consciente de leurs identités? Tu peux nous expliquer comment cela se passe au niveau des pros?
Ce n’est pas la première année que le peloton de nageuse se divise en deux groupes. En 2009, alors que j’étais plus faible en natation, c’est moi qui avais bénéficié du groupe de chasse. J’étais dans un gros groupe de nageurs plus rapides et je me faisais tirer. Cette année, c’était malheureusement moi qui ai manqué le groupe de tête. J’en étais consciente et je me disais de simplement faire mon meilleur effort solo. A environs 1000m j’ai senti qu’on me touchait les pieds et j’ai cru que c’était Carfrae (on nage souvent ensemble dans les courses). Mais c’est seulement à la sortie de l’eau que j’ai entendu l’annonceur dire que j’étais à la tête du gros train de nageurs. Naeth et Jackson étaient sorties dans ce groupe et ce n’était certainement pas la situation idéale!
En sortant de T1, tu étais accompagnée de Naeth, Wurtele et Jackson, ce sont trois filles très reconnues pour leur force en vélo. J’imagine que ton but était de rester avec ce train?
Il y a eu un moment-clé dans la course où j’ai fait une grave erreur et c’est précisément à ce moment! J’ai manqué de confiance et je me suis fiée a mon effort. Jackson a donné un bon coup pour sortir du groupe et j’avais les jambes endormies. Mon corps me donnait des sensations de crampe en début de course et j’ai commencé à me questionner. Je fournissais un bon effort, je me suis dit que je devais laisser les choses se replacer avant de prendre des chances. Wurtele était avec moi ainsi que Mirinda, c’était un peu rassurant alors j’ai décidé de me fier à mon effort. C’était une erreur. C’était le moment de brûler une allumette, comme dirait Lance, et d’essayer de rejoindre la tête de la course. Je crois que j’aurais du partir avec Jackson et rester aussi longtemps que je le pouvais avec elle. Je crois qu’elle m’avait mis seulement deux minutes en vélo à Calgary. Je me suis trop laissée rassurer par le fait que d’autres fille fortes m’entouraient. J’aurais dû me rappeler que j’avais été très forte en vélo à Calgary et que Jackson ne devrait pas me dépasser aussi vite. La confiance se bâtit et celle-là, je ne l’oublierai pas. Mes jambes se sont réveillées au fur et à mesure mais quand j’ai finalement pu ouvrir la machine il était trop tard. Je me suis rendue compte de mon erreur quand j’ai vu que les meneuses étaient loin devant au volte-face. A ce moment, j’en ai brûle des allumettes. Mais il était trop tard pour le podium. Beaucoup d’erreurs de jugement pour moi dans cette course.
Tu m’as confié que tu n’avais pas de powermètre pour cette course – idem pour Kienle ainsi que pour Cave. Est-ce un outil intéressant pour les pros en 70.3 puisqu’ils doivent surtout répondre à la dynamique de course?
Je te dirais que ça dépend de l’athlète. Pour un athlète expérimenté, qui a une forte confiance, comme Leanda peut-être que les chiffres de puissance ne comptent pas tellement. Leanda et Siri n’ont pas une approche tellement scientifique à l’entraînement et c’est ce qui fonctionne le mieux pour elles. Pour moi, je me suis rendu compte récemment avec Lance, que pour aider à forger ma confiance, je devais travailler avec les watts et toutes les données scientifiques que je peux avoir. J’aime avoir des preuves et savoir ce qui se passe. J’en ai encore beaucoup à apprendre avant de me connaître. Je crois aussi que lorsqu’on a les watts, il faut savoir quand s’en servir et quand utiliser son instinct. C’est une question intéressante. C’est vraiment spécifique à chacun et même a la psychologie de chacun.
Après 22 miles à vélo (U-turn), tout s’est replacé et tu as commencé a remonter les filles pour passer de la 17e à la 6e place. Ce n’était plus du tout la même course. C’est drôle mais les volte-face semblent toujours être un point tournant pas simplement physique mais surtout mental. J’imagine que tu as duû avoir une sorte de rage en toi en voyant les filles en avant?
Oui! J’ai eu mon « wake-up call » quand j’ai vu l’écart qui me séparait de la tête. Je me suis levée sur me pédales et j’ai dépassé les filles qui étaient devant moi sur la route (Mirinda et une autre, pas certaine qui). J’ai complété le U-Turn et il y a eu un déclic. Je regardais la route vide devant moi et je suis partie en mode « time trial » avec le feu aux fesses. J’ai déjà été suractivée. Et là, j’avais sûrement été sous-activée jusqu’à ce point. C’est frustrant quand j’y repense.
Et la course à pied?
J’étais surprise de voir que j’avais le 3e meilleur temps de course à pied. À l’entraînement, il semblait que ma force avait été le vélo.
Je crois que les 5 jours de torture à la chaleur que j’ai fait deux semaines avant la course (entraînement à 36C et à 90% d’humidité dans la salle de bain de mon amie!) m’ont beaucoup aidé.
J’ai perdu un gel en quittant T2. J’en ai seulement pris un et voilà ma seconde grande erreur. De penser que de prendre multiples verres de Coca-Cola et de Perform aux stations de ravitaillement allait compenser pour le gel que je n’avais pas pris. J’ai rattrapé beaucoup de gens en course à pied et je suis passée en 6e position. À un moment, j’étais devant Lawn (5e) et Wurtele (6e). Mais j’ai manqué de calories et mon rythme à sévèrement diminué au dernier tour. Je sais aussi que j’ai manqué de sucre.
Selon Lance j’étais soudainement de très mauvaise humeur (pauvre Lance) et simplement finir la course semblait vraiment une rude épreuve! Ensuite, l’erreur finale : ne pas avoir vu Wurtele au dernier turnaround. Celle-ci m’a dépassé au sprint à quelques centaines de mètres de la ligne d’arrivée. J’ai été très surprise et je me suis mise au sprint mais il était trop tard. Je ne serais pas première canadienne après tout!
Wurtele qui te passe sur les derniers mètres, c’est un peu l’arroseur arrosé. À Clearwater, c’était toi qui gagnait une place dans un sprint final. As-tu pris cela durement de t’être fait jouer ce tour?
C’est une des frustrations de cette course. J’ai fait beaucoup d’erreurs cette fois et je m’en suis voulu les jours après la course. En même temps, tant mieux pour Heather. J’aime qu’elle ait été aggressive avec moi et qu’elle m’ait provoqué au combat. Il y a eu de l’action avant la ligne d’arrivée et j’ai poussé. J’ai du respect pour elle et elle m’a poussé à la limite. J’ai fini sur les genoux!
Une 7e place, vu la qualité du plateau, n’a vraiment rien de dévalorisant en comparaison avec tes résultats à Clearwater, non? Quelle est ta conclusion sur ton expérience à Las Vegas?
C’est définitivement plus compétitif cette année. La liste des participantes était très impressionnante. Ce n’est pas une grosse déception mais c’est une expérience frustrante car j’ai fait des erreurs graves alors que j’étais vraiment en forme et prête pour une bonne course. Pour le positif : je suis fière de m’être battue quand les choses allaient mal. Je me suis retrouvée dans une position semblable à celle de 2011 au turnaround mais cette fois, j’ai pris les choses en main. C’est le plus important pour moi parce que ça confirme un changement.
Étant donné les erreurs, je me dis que je suis en train de revenir à un niveau de forme que je cherchais à retrouver depuis un bon moment. Lance et moi voulons voir les choses à long terme et nous sommes sur la bonne voie.
On voit des filles de plus en plus complètes arriver sur le circuit. As-tu l’impression que le sport évolue sur la distance 70.3?
Le sport évolue définitivement. On ne peut plus faire de podium ou même un top 5 en ayant une discipline plus faible.
Maintenant que Las Vegas est passé, quelles sont les prochaines étapes pour toi?
Je vais aller voir Ironman Hawaii avant de m’envoler pour Maui pour participer au championnat du monde Xterra. J’ai fait ma première sortie de vélo de montagne hier. J’ai adoré!
J’imagine que tu te fais demander souvent si tu feras Ironman Mont-Tremblant en 2013?
Je me pose la même question! Je suis tellement indécise à propos de la distance Ironman mais je suis très tentée! C’est un événement formidable! On verra.
Maintenant revenu au Québec, il y a des chances de te voir à quelques courses durant la saison morte? Demi-marathon de Montréal?
Je voulais aller faire le Rock’n’Roll Montréal la semaine prochaine mais ca ne rentre malheureusement pas bien dans mon entraînement. Je vais ré-évaluer les choses après le 28 octobre (champ. du monde Xterra). Peut-être au début de la saison prochaine? J’aime beaucoup faire les 5K, les 10K et les demi-marathons sur route dans la région.