On se questionne toujours sur nos chances de voir de nouveaux québécois sur le circuit ITU. Dans le sport d’endurance, il est si difficile de concrétiser son potentiel. Pourtant, on peut affirmer qu’en 2012, Amélie Kretz a posé plusieurs briques très solides à la base de son édifice. Après une saison 2011 assez difficile, une ‘Amé’ nouvelle édition est apparue et prouve que la persévérance malgré les épreuves paye. Fait important, Amélie fait partie de l’équipe Teschner/Kiwami appuyé par Trimes. Nous devons avouer qu’elle est sûrement une des plus belles fiertés de l’aventure Trimes.
De l’extérieur, on a trouvé que tu étais vraiment une meneuse surtout en vélo. J’image que tu avais une stratégie d’avant course, non?
Effectivement, j’avais une stratégie avant la course concernant le vélo. La température lors de ma course rendait les conditions en vélo dangereuses. Je ne voulais pas être impliquée dans une chute. J’ai roulé de façon intelligente en fonction des conditions : en avant dans les descentes et virages et jamais à l’extérieur pendant les virages. Aussi, nous ne sommes pas habitué en Amérique du nord de faire des courses avec des gros pelotons de tête, alors j’étais beaucoup plus à l’aise à l’avant, surtout dans ces conditions. Le parcours de vélo était très propice à des attaques alors j’étais toujours en bonne position pour réagir si une attaque était lancée.
J’ai lu les commentaires de ton entourage. Est-ce que tu vis une légère frustration face au discours ambiant qui dit que c’est incroyable déjà ce que tu as fait alors que toi tu voulais gagner?
J’étais un peu déçu après ma course puisque je voulais vraiment un podium aux Championnats du monde. J’avais des très bonnes jambes en course à pied et je sais que j’aurais pu courir avec les filles en avant. J’ai fais une erreur au niveau stratégique au début de la course à pied qui m’a coûté très cher. Je ne suis pas vraiment frustrée des commentaires de mon entourage parce qu’ils n’ont pas tout à fait tort. Une 6e position pour mes premiers championnats du monde ce n’est quand même pas si mal! Mais quand tu veux une médaille oui, c’est un peu frustrant.
Comment vis tu maintenant ton résultat avec plus de recul?
Je suis encore un peu déçu. Malheureusement en Amérique du nord nous n’avons pas la chance de faire des courses avec beaucoup de calibre comme en Europe. Je pense que cela a joué un peu sur mon résultat à cause de mon manque d’expérience dans des courses relevées comme les Championnats du monde. Avec le recul, je suis quand même fière de ma 6e position et j’ai vraiment aimé mon expérience. Ça me confirme que je veux continuer de travailler fort et continuer à courser à ce niveau !
Il faut quand même rappeler que tu es la championne junior canadienne et nord-américaine. Quel bilan fais-tu de ta saison?
Je suis vraiment contente de ma saison. C’est une bonne façon de terminer mes années dans la catégorie junior. La saison passée (2011) a été difficile et je n’ai pas eu les résultats que je voulais. J’ai donc travaillé très fort tout au long de l’année pour enfin avoir une saison comme cet été. J’ai atteint presque tous mes objectifs que je m’étais fixés en début de saison et je suis vraiment contente. J’ai beaucoup appris cette année et j’ai déjà hâte à la prochaine saison!
Tu as gagné toutes les courses au Canada junior. As tu l’impression que les Européennes ont un avantage sur toi puisqu’elles se connaissaient plus et font des courses dans des circuits avec un niveau plus élevé? Avais-tu fais des recherches sur elles?
Je pense effectivement qu’elles auraient pu avoir un petit avantage de plus puisqu’elles ont plus d’expérience dans des courses de haut calibre. J’avais fait mes recherches et je savais qui étaient les filles à surveiller pendant la course. Mais je ne connaissais pas la force de chacune d’elles ni exactement ce qu’elles valaient cette année. C’est dur de juste se fier aux résultats des dernières années. Idéalement, il aurait fallu faire une course en Europe cette année pour me mesurer à elles avant les Championnats du monde.
C’est pourtant une Japonaise qui a gagné, qu’est ce que tu savais sur elle? As tu eu l’impression que la dynamique de course a été influencée par les réputations de chacune?
Je ne connaissais pas la Japonaise, mais j’ai immédiatement remarqué qu’elle était une meneuse puisqu’elle faisait beaucoup de travail à l’avant du peloton tout au long du vélo. C’est très difficile au niveau junior de connaître toutes les compétitrices puisque nous coursons toutes ensemble qu’une seule fois par année et c’est durant les Championnats du monde. Les courses ne peuvent donc pas vraiment être influencées par les réputations de chacune.
Il est bon de rappeler que tu as eu un hiver difficile en 2012 puisque tu as a été blessée (fracture de stress). On me dit souvent qu’Amélie a eu un déclic et que tu n’es plus la même depuis … est-ce vrai? Quel a été ton moment déclencheur?
L’été dernier a été difficile. Je pense que ça été le moment déclencheur et que le déclic s’est fait là. Je savais que je pouvais obtenir de meilleurs résultats que pendant mon été 2011 et je voulais enfin être satisfaite de mes performances. J’ai donc travaillé très fort pendant l’hiver pour obtenir ce que je voulais. Les blessures font malheureusement partie de l’ entraînement et je crois que rien n’arrive pour rien. Ma fracture de stress a fait en sorte que j’ai couru beaucoup dans l’eau tout au long de l’hiver et je crois sincèrement que c’est en partie grâce à la course dans l’eau que j’ai amélioré ma course à pied cette année. Courir dans l’eau ne travail pas vraiment au niveau cardiovasculaire mais plutôt au niveau musculaire – ce qui était ma faiblesse en course à pied. Dans l’eau, je faisais de longues courses et des entraînements d’intensités comme sur la piste, ainsi que du tempo.
J’imagine que tu commences déjà à penser à l’année prochaine puisque tu fais le passage en U23. Quels sont tes sentiments sur cette nouvelle étape?
J’ai vraiment hâte à l’an prochain. Avec la saison que j’ai eu cette année, j’ai encore plus hâte de faire le passage en U23. J’ai hâte de courser contre des filles encore plus fortes et aussi de voir où je me situe par rapport à elles. J’ai aussi hâte de courser sur de plus longues distances. Mon volume d’entraînement a beaucoup augmenté depuis quelques mois déjà donc la distance olympique ne me fait pas peur.
Je n’ai vraiment aucun problème avec ça, j’ai déjà coursé contre elle dans la catégorie junior. Je n’ai vraiment pas de difficulté à différencier l’amitié et la compétition et elle non plus. Je me suis toujours entraîné avec des amies contre qui je coursais et il n’y a jamais eu de problème. Je pense même que c’est une bonne chose que l’on course contre puisque lorsque l’on s’entraîne ensemble. On se pousse encore plus sachant qu’on est des adversaires.L’avoir comme partenaire d’entraînement et savoir qu’elle a terminé 3e aux mondiaux en U23, cela doit t’encourager non?
Oui c’est sûr que ça m’encourage beaucoup mais je sais que j’ai encore beaucoup à apprendre et que le passage U23 n’est pas toujours facile. Je suis un peu plus forte à la natation tandis qu’elle est plus forte en vélo que moi. Notre course à pied par contre est très similaire. C’est donc une partenaire d’entraînement idéale et un bon point de repère pour l’année prochaine lors de mon passage en U23.As-tu l’impression que ce passage en Olympique répond plus à tes forces?
Je pense que oui. J’ai toujours dis que plus c’est long mieux c’est pour moi. Je ne suis pas quelqu’un avec beaucoup de vitesse sur de courtes distances, je suis plutôt une diesel. Mon entraînement de l’an dernier était aussi en fonction de mon passage dans la catégorie U23 et je crois que je suis bien préparée pour les distances olympiques.Tu as rejoins l’équipe Trimes en 2012. Peux tu nous parler du projet?
L’équipe Trimes regroupe quatre athlètes élites du Canada qui performent autant au niveau provincial, national et international et qui partagent les mêmes commanditaires. Ces quatre athlètes sont Manon Letourneau, Marc-Antoine Christin, Andrew Russel et moi-même. Nous avons la chance d’avoir de t’avoir comme agent puisque tu es passionné et déterminé à faire connaître le triathlon élite au Canada et à nous aider au niveau des commanditaires. Cela nous permet d’avoir le support de plusieurs compagnies. Merci à Kiwami, Teschner, Blueseventy, HED, Eload, Traineroad.com, Power2max et Vredeisten pour votre merveilleux support cette année.
Autre chose à ajouter?
Merci à la compagnie Cascades et au franchisé McDonald John Di Iorio pour votre support financier cette année c’est vraiment très apprécié! J’aimerais aussi remercier la meilleure coach, Kyla Rollinson avec qui je travail depuis maintenant 3 ans. Sans elle je ne serais définitivement pas au niveau que je suis maintenant. De plus elle a été un très bon support dans les dernières années et surtout cet hiver lorsque j’étais blessée et que ce n’était pas toujours facile de s’entraîner. Merci aussi à Stéphane Bédard mon coach de natation avec qui je travaille depuis 6 ans. Un dernier remerciement à mes parents qui sont mon plus gros support depuis je me suis lancée dans le triathlon.
pour avoir vu évoluer Amé depuis qu’elle est toute petite, je dois avouer que je suis très fier d’elle. Cette année elle est vraiment devenue une athlète déterminée qui fait ce qui doit être fait pour performer au maximum. Comme on dit dans le jargon; elle fait le métier. Sa détermination est impressionnante. Je la côtoie presque chaque jour et son évolution est vraiment surprenante. Toujours la première dans l’eau, fait ce qu’elle à a faire sans dire un mot en donnant chaque fois 100% malgré toute la fatigue qu’elle peut avoir accumulée avec les tonnes d’entrainement qu’elle fait avec Kyla chaque semaine. Vraiment chapeau Amé. Je suis fier de toi. Patrice, Annie et Kyla peuvent aussi être fier de toi! 2013 sera encore une année superbe pour toi je suis certain. « paved with gold » !
Bravo AM! Super inspirant comme progression 🙂