AUTEUR : SACHA CAVELIER
Triathlete & author of :
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Situé à un peu plus d’une heure de route de Montréal, le Mt Orford est le terrain de jeu des trail runners, et se transforme en piste de ski l’hiver. Déjà connu pour son Xtrail en octobre, les coureurs remettent le couvert, ou plutôt leurs chaussures, raquettes, ou skis, en janvier pour une deuxième couche, grâce à l’équipe d’Endurance Aventure. À la tombée de la nuit, ce 26 janvier, ce sont plus d’une centaine de compétiteurs qui ont bravé la nuit, la neige, le froid et le dénivelé. Le mot « aventure » n’était pas de trop.
Au menu de la soirée, deux circuits étaient proposés : un 13 et un 5 km. Le choix du moyen de transport, skis, raquettes ou chaussures était libre, et le départ des trois catégories étant donné en même temps, la grande question était de savoir qui arriverait le premier : skieur, raquetteur ou coureur ?
Attention de ne pas se fier aux distances : avec le dénivelé monstrueux sur la course, 1200m d’ascension sur le 13km, autant se préparer a partir pour un marathon. Un copieux repas donc pour étancher efficacement n’importe quelle soif d’aventure
À la tombée de la nuit, c’est donc un serpent lumineux composé de lampes frontales qui s’est fait avaler par les montagnes sombres de l’Estrie. Dès la première boucle, les mollets tirent tellement dans les pentes verticales qu’on songe abandonner. Le circuit en étoile est formé de trois boucles qui montent chacune en haut d’un sommet différent. A la fin de chaque boucle, les athlètes repassent par le départ ce qui permet de se faire réchauffer par les encouragements de la foule.
Dans la première descente, les mollets ont enfin le repos qu’ils méritent, mais c’est au tour des cuisses de subir les conséquences de la gravité. Alors on serre les dents lorsqu’on passe devant les spectateurs pour faire croire qu’on n’a pas mal, mais dans sa tête, on se verrait bien assis au bar avec une grosse bière. Surtout que la deuxième montée est encore plus dure que la première.
Au cours de la deuxième ascension, les chemins se faufilent à travers les bois dans la poudreuse, et le terrain se diversifie. L’ambiance qui règne à ce moment-là dans les bois, de nuit, à la maigre lueur de sa frontale, est délicieuse. Pas de risque de se perdre, grâce au balisage lumineux de l’organisation. De toute façon, il y aurait bien assez de neige pour se faire un igloo. Lorsqu’on sort du bois, on se retrouve non pas dans de simples montées, mais dans de véritables murs. Le blizzard du sommet fait descendre la température bas, très bas, à tel point que les -15°C du bas de la station sont réchauffant. En même temps, on était tous venus pour ça, la course s’adressant à des gens un peu plus fous que la moyenne.
Une fois la deuxième descente bouclée, il s’agit de reprendre un peu de force pour l’ultime sommet. Les pâtes de fruit, ou plutôt les glaces de pâtes de fruit s’avalent très bien, mais surtout je n’aurais jamais cru autant aimer un jour le gatorade brûlant ! On repart alors dans cette ascension finale, qui, heureusement, n’est pas la plus longue. De toute façon à ce stade, cela fait un moment que vous ne sentez plus la douleur, d’ailleurs vous vous rendez compte que tout ce que vous croyiez être de la douleur auparavant dans votre vie, n’était qu’en fait que de banals chatouillements. La dernière ascension passe très vite, et c’est un grand soulagement de passer sous la ligne d’arrivée.
L’organisation ayant décidé d’être au top jusqu’au bout, c’est attablé autour d’un délicieux repas que se fait la remise des prix, et surtout, au chaud ! Pas de doute que je n’ai jamais autant ressenti l’esprit d’aventure auparavant que dans cette course, mais surtout tout cela s’est déroulé dans des conditions très sécuritaires, car aussi incroyable que cela puisse paraître, de nombreux bénévoles étaient sur le parcours. A l’heure qu’il est, leurs familles les décongèlent encore au chalumeau.
Bref, puisque les courses extrêmes comme les spartan races ou les ultras deviennent à la mode au Québec, pas de doute que cette course là a les moyens d’en charmer plus d’un. Pour les curieux, ce sont des raquetteurs qui ont gagné les deux parcours en 31 min et 1h22min. En même temps, avec dans les rangs le champion du monde 2011 et 2012 de course en raquettes, David Le Porho, il aurait fallu avoir une catégorie motoneige pour espérer concurrencer les raquetteurs.
Top 3 Overall 13km / 3 sommets / 1200m de montée / 1200m de descente
Hommes
1.David Le Porho (en raquettes) 1:22:00
2.Martin Ladouceur (en ski) 1:27:38
3.Alister Gardner (trail) 1:28:29
Femmes
1.Brigitte Benoît (en ski) 1:44:51
2.Danielle Deguire (en ski) 1:56:30
3.Hélène Michaux (trail) 2:00:40
Notons qu’à sa première expérience en skis « back country », l’ancienne championne cycliste Lyne Bessette a pris le troisième rang de la catégorie ski, (2:20:20), ex-aequo avec l’ex cycliste et maintenant coureuse de trail et de raquette 2e aux Mondiaux 2012 : Mélanie Nadeau
Top 3 overall 5 km / 1 Sommet / 460m de montée / 460m de descente
Gagnants Overall
1. Francis Morin, avec un temps de 31:01 Raquette
2. Benoît Tardif : 31:38 Trail
3. Jimmy Hamel. 32:28 Trail
Femmes :
1. Vanessa Gagné : 37:14 trail
2. Julie Houde : 39:03 raquette
3. Julie Bergeron 47:00 Ski
Voilà donc un compte rendu parfait. Il retrace les sensations physiques des coureurs et leur état mental. De plus on sent que le narrateur est lui même pratiquant des sports extrêmes! Les clins d’oeil et l’humour ajoutent un intérêt supplémentaire de cette friandise journalistique. A sport writer is born!
J.C.
Ça étét une course formidable!
C’était ma première participation à ce type d’évènement et ce ne sera pas la dernière!
Excellent article, bravo pour le style et la passion. Content de voir mes photos associées à un si bon texte.