Alors que cette course a été présentée comme un événement marquant sur le circuit Ironman, avec du recul, on peut dire que cette course n’a rien pour devenir une classique. Le jugement peut paraitre dur, mais tout au long de la retransmission, on a vu un parcours de vélo très monotone et la distance de sillonage peu respectée même chez les pros et que dire des groupes d’âge! Un peu comme toujours, ces fameux pelotons qui n’ont même pas la retenue de ne pas arriver en T2 en peloton. Souhaiter créer une course grand chelem ne devrait ne pas être défini uniquement par sa position géographique.
La natation.
Une bonne partie des pros se sont exprimés sur twitter, le consensus ne comprenait pas que la distance soit divisée par deux. En fait, il est difficile de savoir s’ils ont nagé 1900m ou même 1500m. Utiliser la distance olympique pour un ironman est assez ironique, mais passons. On peut comprendre de raccourcir la natation pour les groupes d’âge, pour les pros, sachant que c’est une course phrase du circuit cela fait désordre.
Il en demeure que les écarts sur 1500m étaient conséquents. On pensait que cela allait permettre à des Jordan Rapp d’être tout de suite dans la course, cela ne fut pas le cas, même en perdant juste 2:30 sur la tête, il n’a jamais été en mesure de revenir. Comme prévu, Fettell et Lampe sont sortis en avance. Crowie était tout juste en arrière, on imagine que les conditions houleuses étaient à son avantage. Marino et Llanos se sont accompagnés pour faire une remontée sereine sur les autres.
Nos deux Français étaient dans les sept premiers, malheureusement, ils n’ont jamais été en mesure d’accrocher le groupe de tête au début.
Le vélo.
La grande particularité du vélo demeurait dans la direction du vent, on a vu rapidement un Crowie très nerveux, très préoccupé, la bouche ouverte et dérangé par les yo-yo des autres australiens. Il a clairement fait son vélo en fonction des autres, enfin en fonction d’un certain belge.
Le parcours étant vent de face pour l’aller et vent de dos pour le retour, il y avait une très importante différence de vitesse entre les deux directions. La puissance de Llanos et de Marino avantage grandement ces coureurs puisque l’effet du train est moins prononcé dans ces conditions. C’est Llanos qui a attaqué le premier, il a par contre fait une erreur tactique, avec le vent dans le dos, il était impossible de faire la différence.
Marino a préféré nous faire une Lieto, attendant de franchir le 90km pour attaquer. C’était malheureusement très prévisible, mais cela n’a pas empêché les autres de se faire distancer. Prenant 1 minute d’avance au 20 minutes. Son écart est rapidement monté à 3:30. Son rythme effréné à fait passer exploser le groupe des 7 (Legh), pour passer à 3 (Crowie, Llanos et Fettell). Sur le chemin de retour, Marino a dû se contenter d’ajouter 2 minutes de plus et signera un vélo en 4:22:32 contre 4:29 pour Crowie.
L’étonnement était avant tout de voir Llanos laisser faire les choses. Crowie a dû prendre en charge la chasse à Marino, cette course ressemblait de plus en plus à Kona 2010 ou Crowie semblait calculer l’avance qu’il pouvait se permettre, cela sera finalement un déficit de 5:10 en T2.
La course à pied.
Il est toujours très aléatoire de juger les capacités en course à pied de chacun pour plusieurs raisons, certains ont des supers temps sur des courses ou la distance était très loin du 42,2. Et les athlètes répondent de façon très différente à la chaleur. Pour Melbourne, il faut plus parler de l’impact du vent. Avec la majorité du vent de face, certaines foulées plus rasantes sont moins handicapées dans ses conditions (Llanos) comparativement à des coureurs plus dans les airs comme Crowie.
Évidemment, cela n’est juste qu’une partie de l’équation. On a vu un Marino partir assez rapidement sur les bases du 2:40. Il est important de se rappeler que Crowie avait couru 2:39 en 2012. On imagine qu’il a souhaité faire passer rapidement le message que la course était déjà jouée. Pourtant, il perdait 5s au kilomètre sur Crowie et Llanos.
Il est indéniable que la course à pied est partie très vite. Llanos a forcé le rythme à Crowie sur les premiers kilomètres, il a d’ailleurs du travaillé fort pour revenir. Crowie semblait très affecté par cela. Surement conscient qu’il devait puiser dans des ressources qu’il n’avait peut-être pas.
Alors que le vent se faisait déjà sentir, on a vu Crowie et Llanos courir cote à côté, aucun des deux a souhaité s’abriter, voguant sur un rythme régulier leur permettant de reprendre 5s du kilomètre. Malheureusement, à presque mi-marathon, la victoire semblait acquise pour Marino sauf que…
Les 20 derniers kilomètres étaient très exposés au vent et comme prévu, les faiblesses coutent plus cher. Llanos a finalement décidé de se départir de Crowie. Cela peut paraitre très surprenant, mais cela est bien arrivé. Et il a été en mesure de reprendre Marino à tout juste 6 kilomètres de l’arrivée et filer avec la victoire.
Ironiquement, Marino et Crowie semblent tout avoir fait des courses solides et pourtant cela n’a pas suffi. Avec un temps de 2:46 comparativement à 2:39 de l’année dernière, il est difficile d’évaluer son état de forme. Les conditions ont joué, mais comme nous l’avons déjà signalé, la naissance de son troisième enfant a sans aucun doute joué dans sa préparation. On peut imaginer qu’il n’a pas le volume des années précédentes. Il a aussi besoin de refaire le boost de sa motivation. La perspective de voir Llanos devant lui risque de la motiver plus que jamais pour Kona.
Le principal pour lui est avant tout d’avoir son ticket pour Kona et d’avoir regagné sa liberté en pouvant organiser son calendrier comme il le souhaite. Malheureusement, sa perte de 7 minutes sur un parcours moins sélectif sur Marino et non soutenu par d’autres ubberbikers comme un Kienle risque de lui faire faire des cauchemars.
Il existe quelques spécialistes qui pensent encore que Crowie pourrait décider de ne pas faire Kona.
Pour Llanos, il exprime le potentiel qu’il a toujours eu. Il est un monstre dans le volume alors il n’est pas étonnant de le voir bien faire aussi tôt dans la saison. Il vient surtout de prouver qu’il pouvait être le meilleur coureur du circuit. Malheureusement, la dynamique et la chaleur de Kona ne lui a pas réussi ces dernières années. Il pourra disparaitre comme avant afin de préparer Kona sans faire trop de courses.
Pour Marino, son temps en marathon 2:51, risque tout simplement de casser le buzz sur lui. Il devrait se retirer l’étiquette du favori Kona. Pourtant, il est difficile de savoir quel point il avait atteint un volume optimal pour cette course. Il semble tout de même qu’il doit ajuster ses stratégies de course. Est-ce qu’il y gagnerait à attaquer dès le début et éviter le surrégime sur la deuxième partie du vélo?
Notre fameux Jordan Rapp prend finalement la 4e place. On est un peu étonné par son vélo. Annoncé comme l’un des meilleurs cyclistes sur le circuit, il a pourtant été tenu à distance et a même craqué sur la fin. Son temps de marathon prouve par contre que sa progression en course à pied est constante. Il sera forcément un danger dans un avenir proche.
Pour les Français, malheureusement Sudrie n’a pas terminé sa course et Jeremy Jurkiewicz termine avec une 8e place avec une performance à l’hauteur de ses capacités du moment.
Moi ce que je retiens c’est Corinne Abraham qui met 21 dans le nez de Caroline Steffen. Est-ce la nouvelle Chrissie? D’où sort cette fille? Impression pour une première victoire en Ironman.
Moi ce que je retiens c’est Corinne Abraham qui met 21 minutes dans le nez de Caroline Steffen. Est-ce la nouvelle Chrissie? D’où sort cette fille? Impressionant pour une première victoire en Ironman.
Bonne Analyse, Très bien résumé et juste !! 😉
En effet, Corinne, une petite nouvelle, mais pas tout à fait sortie de nul part non plus.
En 2012, pour sa seconde année en pro (après une 1ère année plus ou moins loupée, ou en tout cas bien en deça de ses espérances) claque quand même:
IM Texas: 4ème
IM frankfurt: 3ème
IM Arizona: 3ème.
Celle-ci avait volontairemetn fait l’impasse sur Kona, malgré une qualif’ en poche …
A noter que le raccourcissement de la natation l’a avantagé – même si au vu des écarts à l’arrivée on se dit que ça n’aurait pas changé grand chose.
Corinne s’entraîne à Genève au sein du Club Genevatriathlon (pour la natation).
Merci Cyril pour l’info!
En Australie, il y a des règles différentes ?
Extrait du race report de Tenille Hoogland :
« The rules in Australia are that as long as you are making forward progress you are allowed to slip stream (stay right behind someone’s wheel) right up until the point that you pass them. This enables a person to essentially rotate positions with the group creating a pack. «