Auteur de l’article : Sacha Cavelier
Après avoir couru plus d’une centaine de courses à pied en France, et autant au Québec, j’ai toujours eu un malin plaisir à vouloir comparer les visions de ce type de compétition dans ces deux coins de la planète, et donc les différences qu’on peut y trouver. Certains qui me connaissance m’ont certainement entendu dire parfois « en France, on a ceci, en France, on a cela, … », mais ce que je cache souvent, c’est les défauts qu’il y a en France. J’avais envie d’écrire quelque chose pour dire que certes, la France me manque, mais finalement le Québec n’est pas si mal non plus.
La première chose que vous remarquez lorsque vous vous inscrivez à une course en France, c’est que le tarif dépasse rarement les 10 euros. Lorsque des trails, même de 40 Km, affichent 20 euros, les coureurs crient au scandale. De quoi faire concurrence aux 10 Km canadiens à 25 $, 35 $ voire 50 $, ou aux demi-marathons (appelés semi-marathons en France) à 80 $, 100 $. De plus, le prix est toujours amorti par les cadeaux offerts à l’inscription : le t-shirt en coton « déménagement Robert » a progressivement laissé place à la bouteille de vin ou au pot de confiture. Pas étonnant alors que le 10 Km de Châteauneuf du Pape attire plus de 1100 coureurs chaque année. Saucissons et produits du terroir accompagnent aussi généralement les récompenses des catégories d’âge.
Mais l’argent qui est dépensé ici doit être pris ailleurs. C’est l’envers de la médaille, le revers du décors. Le jour de la course, vous n’aurez pas de puce, car ce sera un bénévole avec un chrono à l’arrivée qui s’occupera de relever votre temps. De la «old fashion way » quand on compare aux courses québécoises où ne pas avoir sa puce est impensable. D’ailleurs, en France, à part sur les gros évènements, on ne s’inscrit pas par internet, car… c’est impossible. Les inscriptions se font par la poste ou le jour même. Ça n’a peut-être pas changé depuis 20 ans, mais on ne s’en plaint pas si ça permet de garder des frais assez bas. Moins drôle en revanche, sur les courses en France, on se perd. Cela ne m’est jamais arrivé au Québec, mais en France, rien qu’à l’hiver 2012, je me suis perdu sur trois courses, et surement une quinzaine de fois au total. Le coup classique : un bénévole parti faire un besoin naturel, un carrefour sans signalisation, et on embarque pour quelques kilomètres de bonus, qu’il faudra faire en marche arrière lorsqu’on débarque dans le jardin d’un paysan. Et si par miracle on retombe sur le parcours, on passe sans savoir pourquoi de la 40ème à la première place. A un tel point que ce problème est presque accepté par les coureurs : on est énervé sur le coup, mais avec le recul on se dit que pour 10 euros on a fait un bon training. Car de toute façon le temps ne compte pas. Donc, tout est une question de priorités : au Québec, les organisateurs privilégient plus une grande qualité du chronométrage et du parcours, alors qu’en France, on recherche plus une ambiance festive.
Justement en ce qui concerne le temps, oui, le temps que vous faites sur une course française ne compte pas. Pourquoi ? Car le parcours fait 12.8km. Ou 13.3km. Ou 9.7km. C’est la distance qui s’adapte à la course plutôt que la course qui s’adapte à la distance. En général, une course est organisée lorsqu’un amoureux du sport décide de faire de son circuit d’entrainement une compétition. Après avoir défini et mesuré le parcours, si ce dernier fait 9.9km, pas question de reculer la ligne pour tomber sur 10 Km, on écrira juste « course de 9.9km » sur les prospectus. Car de toute façon, personne ne fera un bon temps, car comme tous les circuits d’entrainement, vous allez trouver deux, trois, voire quatre belles côtes, du bitume comme du chemin ou des petites sections de trail, bref, de tous les terrains…D’où l’appellation si particulière de « course nature ».
C’est pourquoi dans mon cas en France, j’ai toujours eu l’impression de ne jamais faire de contre-performances : si vous faites la Ronde de Robion 2013, la seule course à laquelle vous pouvez la comparer est… La Ronde de Robion 2012… 12.8km avec trois côtes au milieu. C’est sûr qu’en un an, vous allez améliorer votre chrono sur ce parcours, si vous êtes comme moi, jeune coureur débutant. Prenons le 10 Km de St-Laurent au Québec à présent : j’y ai couru 30 secondes plus vite cette année qu’en 2012. En France, j’aurai sauté de joie. Sauf qu’ici nous pouvons comparer le parcours de St-Laurent à celui du 10 Km de LaSalle, trois semaines auparavant. Et à St-Laurent 2013, j’ai couru 35 secondes de plus qu’à LaSalle 2013. J’ai donc le goût de la contre-performance dans la bouche. Chose qui arrive très peu en France. Oui, en France, si vous êtes mauvais sur une course, vous ne le saurez pas. Mais au Québec, au moins, les compétitions ont la franchise de vous dire les choses en face.
Enfin, certains pensent qu’il n’y a pas de saison pour les courses en France, puisque l’hiver est remplie de compétitions. Et bien si, il y a une période morte. Mais si au Québec elle se situe de décembre à février, en France, c’est plutôt en juillet et août que le calendrier est vide. La faute à trop de chaleur. Je me rappelle lorsque mon club français était endeuillé du décès d’un membre sur un petit trail au mois de juillet, en pleine canicule. Les organisateurs jouent à présent la carte de la prudence, et ceux qui veulent ajouter une course au calendrier chargé, comblent les trous en hiver au lieu de l’été. On a donc bien une saison qui se dessine de septembre à juin, contre mars à novembre au Canada. C’est juste un décalage, comme le cross-country dont la saison a lieu de décembre à mars en France, mais de septembre à décembre au Québec.
En tout cas, une chose est sûre, c’est que je me considère comme un privilégié d’avoir pu goûter à ces deux facettes, et je recommande à tout coureur Français d’aller courir le 10 Km de LaSalle en mars au Québec, ou le 10km de St-Laurent en avril, de la même manière que je recommande à mes amis Québécois d’aller faire les 9.7 Km du coup de pied de la mule à Chateauneuf du Pape en décembre, ou les 12.8 Km de la ronde de Robion début mars.
On peut s’y perdre, mais il y a du bon vin.
Bonjour Sacha.
Très intéressant comme article. Merci.
Côté coûts, ça monte effectivement rapidement, quand une organisation paie pour les inscriptions en ligne, le chronométrage, les médailles de participation pour tous les finissants, le t-shirt technique, etc… Même dans certains cas les frais d’accès au lieu de course. Heureusement, les courses que tu mentionnes (circuit endurance) ont des tarifs bien raisonnables.
Une autre différence, ce sont les certificats médicaux. Ici, on se fie au bon sens (un peu) et à la décharge de responsabilité (beaucoup). Étant en France l’an passé, j’étais dans un ville où j’apprends qu’une course se tenait. Pas été en mesure de m’inscrire sans le fameux certificat médical. Au québec on imaginerait pas aller engorger les cliniques pour obtenir un tel certicifat juste pour faire une course. Certificat qui n’empêche sûrement pas un bon coureur en forme de subir une attaque lors d’une course où il fait trop chaud.
J’aurais ajouté avec un clin d’oeil amical qu’une autre différence vient du fait que bien des courses en France ont un nom en anglais 🙂 Par exemple, à Lille, on offre le ‘baby-marathon’, à Marseille on y va pour le ‘MarathonKids’ ou alors ‘La Ladies’, on vous invite au ‘pasta party’, ou encore ou court la ‘Skyrace’ des écrins. D’ailleurs, on fait du running et on lit des magazines de running, et non de course à pied.
Cela dit, malheureusement cette mode s’empare du québec depuis l’apparition des trails et des courses à obstacles.
Je vous envie bien des décors de courses à couper le souffle. Par contre, tant qu’à faire de la course sur route, j’aime bien que la distance courue soit exacte.
Bonjour, je suis français, je fais pas mal de courses et pas vraiment d’accord avec tes propos!
ok en france il arrive qu’on se perde dans les parcours mais c’est rare!
– sur route : le seul cas est le marathon de marseille ou LE premier a fait 300m en plus…
– en nature : les trails ne sont pas censé être balisés, il faut savoir ou on va ! etc… c’est la nature de ce sport!
– les prix des inscriptions ont tres nettement augmentés en france : des 10km a 10 euros il y en a pas tant que sa : les grosses courses sont tres cheres !
Marathon paris : 65 a 110 euros
Marseille cassis : 38 euros ( 20k)
10km de paris : 20 euros
Bref on est loin des maximums 10 euros… ( malheuresement )
– Sinon, 99% des inscriptions se font sur internet en tout cas dans ma région ( Provence alpes cote d’azur ), (100% pour moi cette année )
Alors bien sur, la course de quartier il y a 50 participants , c’est chronométré a la main et inscription sur place et c’est pas cher ! mais beaucoup de courses ont des prix cher et tout se fait par internet !
Sur le trou en juillet/ aout il est normal c’est nos vacances, il fait chaud, mais il existe quand meme quelques courses qui cartonnent : beaucoup de trails dans les alpes, et meme le 5150 à marseille fin juillet !
Mais ton article est tout a fait juste, mais un petit peu exagéré !
Salutations françaises !
Florent, disons que c’est entre les deux… on commence à voir des marathons à plus de 200$ ici.
Les prix que tu mentionnes reste très bas pour nous. En fait ce que j’ai remarqué c’est que depuis qu’il y a un boom des courses au quebec, les prix sont à la baise à cause de la concurrence.
J’ai pas mal pris l’exemple de mon ancien département, le vaucluse pour cet article, car c’est là où j’ai le plus couru en france. je ne me suis jamais inscrit en ligne mais toujours par la poste car c’était le seul moyen, même sur les grosses courses de 400 (foulée du chasselas), voire 1100 coureurs (chateauneuf du pape). je ne pourrais même pas citer une course vauclusienne ou l’inscription en ligne est possible. Mais cest sur que sur les gros évenement, genre marathon ou marseille cassis, c’est possible.
coté prix, soit sur que 38 euros pour la classique marseille cassis, c’est donné, je viens de payer plus de 100$ pour le semi de montreal, et c’est courait de payer 60$ pour des 20km ou 120$ pour des triathlon sprint ! là je me suis inscrit à une grosse course francaise en mai, le semi d’aix, 12 euros ! j’ai rigolé comparé au semi de montreal !
moi je me perds énormément en france ! jamais au québec ! mais cest bien sur une question de vigilance aussi.
Bref, de toute façon, le but n’est pas de discréditer l’une ou l’autre vision, mais juste d’exposer les deux visions si différentes !
c’est vraie, j’ai oublié de parler du fameux certificat médical ! J’ai toujours trouvé ça tellement stupide comme principe ! un médecin ne vous ausculte jamais réellement, car il ne peut pas trouver de souffle au coeur ou quoi que ce soit sans scanner etc… ! donc INUTILE !!
sachant ça, j’ai couru pendant 5 ans en france avec de faux certificat médicaux bricolés à partir de vieilles ordonnances ! Et oui j’en suis fier, car j’ai contribué à ma manière à ne pas trop boucher le trou de la sécu !
Je crois, je ne suis pas sur, Les lecteurs avertis pourront compléter, infirmer ou confirmer, bref… Que les distances justes en France genre 10km, semi… Doivent faire l’objet d’un label et que celui ci a un coût, c’est pourquoi on trouve autant de course boudin saucisson a 9.9 et 10.1… Voili voilou
Tout ça est très bien vu! Même en course à pied, les différences culturelles entre la vieille France et le Québec sont flagrantes. Et c’est tant mieux, car chacun doit apprendre de l’autre. Et quand c’est raconté avec l’humour et l’amour du sport de Sacha, on a envie de continuer à courir, à Robion (France, Vaucluse) comme à St Laurent ou à La Salle. Car dans ce monde d’intolérance, la seule fraternité qui reste est celle du sport et de la course.
Pour apporter quelques compléments à cet article fort sympathique:
-oui, certificat médical obligatoire (obtenu chez le médecin, pas en clinique) ou une licence athlé/triathlon pour prendre le départ de toute course.
– l’inscription en ligne se généralise. J’ai fait quelques courses « de clocher » ou à « saucisson » avec inscription en ligne. Il est souvent impossible de s’inscrire le jour de la course (ou avec une majoration).
– la puce se généralisé aussi. J’ai payé 6euros pour un 5km le WE dernier, chronométrage inclus avec puce et T-shirt technique Adidas.
-les bénéfices des organisateurs se font sûrement à le buvette:-).
-il est vrai que la course sur route est très »populaire » en France dans le sens où les 2/3 des participants sont des coureurs loisirs ou « jogger du dimanche ». Les coachs d’athlé n’aiment pas trop que leurs athlètes aillent se perdre à faire de la route alors que l’hiver il y a les cross et l’été la piste;-).
Pour les courses au Québec, ça se développe de plus en plus c’est une évidence et les courses de trail vont pousser comme des champignons dans les prochaines années aussi…
Par contre les prix au Québec ne sont pas en baisse à mon sens : marathon des 2 rives à Québec à 70 $ (peu importe la distance entre un 10, 21,1 ou marathon… ça fait mal aux fesses de payer autant pour un 10k honnêtement)
Le marathon de Rimouski attire depuis l’année dernière beaucoup plus de participants… et le prix a nettement augmenté aussi !!!
Pour le type de parcours OUI effectivement les distances sont les mêmes d’une ville à une autre mais le dénivelé peut varier comme à Rimouski (tout plat le long du fleuve), marathon des 2 rives à Québec (de bonnes côtes par emdroit) et j’en passe…
Seules les courses de Mountain Coop sont largement en dessous niveau prix pour le moment à 15-20 $ pour un 5-10 ou demi… mais ils commencent 😉