Dans la tête de Bradley Wiggins

Alors le gars se met soudainement à avoir peur de descendre dans la pluie?! Il traîne en queue de peloton, les jambes raides comme des barres, les deux mains sur les freins avec dans son visage cette expression du bovin qui préférerait se trouver au chaud dans sa grange. Puis là on entend qu’il est trop grand, que ses pneus sont trop gonflés, que ses plateaux sont trop rond, que c’est à cause de la voiture qui lui est rentré dedans cet hiver, Merckx dit qu’il descend comme un novice, un ex-coéquipier du bras fort en remet une couche, pfffff … Wiggins évidemment ne dit rien, il ne dit pas « écoutez les gars, je le sais que ça peut paraître bizarre mais quand il pleut j’ai affreusement peur de tomber et me faire mal, et je ne sais pas pourquoi et c’est terrible. Juste y penser me donne envie de pleurer. » Il attend que ça passe et semble se remplir un peu plus à chaque jour d’une rage silencieuse, qui s’exprimera ou non dans les étapes à venir.

Et en ce moment, les journalistes du monde vélo sont fixés sur les prévisions météo pour le weekend prochain, soit dans 5 jours, alors que pour l’étape du Col du Galibier, une étape qui comporte des descentes, une forte probabilité de pluie est prévue. Vous êtes prévenus.

Et Hesjedal de se faire larguer dans des petites côtes à la fin de la 9e étape dimanche. Un blog Québecois que l’on aime bien titre « Hesjedal a perdu le Giro ». Ah oui, bon, pourquoi pas … soixante-six secondes de perdues et adieu maglia rosa. Par contre, l’explication d’Hesjedal quant à sa contre-performance, est loin d’être convaincante : « J’ai eu une brève perte de puissance, je n’arrivais pas à faire sortir la puissance de mes jambes ». Mais, continue-t-il, « c’était une bonne journée, même que je me sentais vraiment bien ». Ah oui bien sûr, c’est évident.

Bref, on a comme l’impression qu’en ce moment, le Giro s’est transporté dans un monde imaginaire un peu fou où tout peu arriver. Et dire que l’on est même pas encore entré dans les montagnes.