Kona et ses vélos – Reflexions sur ces nouveaux vélos non UCI.

Il y a deux ans, Specialized s’est repositionné dans le marché du triathlon avec le lancement du Shiv (tri). La marque californienne a été la première à se permettre de faire un vélo réservé au triathlon puisqu’il est interdit dans les courses UCI puisqu’il ne respecte pas certains principes comme le fameux rapport du profil 3:1. À cet époque, il était difficile de dire si les autres marques allaient suivre, puis Crowie a gagné Kona. Tout fraichement embarqué sur un Specialized. Dans la tête de nombreux, son progrès venait avant tout de sa machine.

Depuis, les acteurs majeurs dans ce secteur se sont lancés.
Cervelo P5
Felt IA
Trek Speed Concept 2014

Commercialement, par le fait que ces vélos sont interdits en UCI, cela sonne pour l’amateur comme de la vitesse gratuite. Enfin, cela est très relatif puisque ces vélos sont généralement les moins abordables sur le marché. Il faut au minimum débourser 3200$ (Specialized Shiv) pour rentrer dans l’illégalité.

Ces marques parlent de gains importants, certaines ont publié leurs résultats en soufflerie, il en demeure que tous ces chiffres qui mettent l’aéro en valeur ne se prononce jamais sur leurs efficacités sur des parcours plus accidentés. On avait d’ailleurs trouvé surprenant que Trek se soit basé sur les conditions typiques de Ironman Arizona et Floride pour dessiner son dernier vélo puisque ce sont des parcours beaucoup plus plats que la moyenne.

À regarder le tour de France, ou il est nécessaire de changer de vélo entre les montées et les descentes, on a vu Cervélo utiliser des R5 dés les 5% atteint, sautant même le S5 qui aurait pu être un bon compromis.

Sachant que les triathletes ont aussi tendance à surcharger leurs vélos entre bidons, kit de réparation etc… Chez Trimes.org, on se demande souvent si ces nouveaux vélos offrent vraiment un avantage. Cela ne semblait pas trop déranger Sebastian Kienle avec son Scott Plasma qui a déjà plus de 4 ans.

D’ailleurs, on se questionne souvent si la WTC ne devrait pas suivre la ligne de conduite de l’UCI. Même si cette politique peut paraitre comme un frein au progrès, elle est aussi le moyen de tenter de garder le sport juste où les plus riches ne partent pas avec une longueur d’avance aidés par la technologie.

On en parle très souvent, mais le triathlon devient de plus en plus inaccessible pour la classe moyenne. On peut effectivement s’en sortir avec un budget limité. Cela devient tout de même pré-occupant pour la santé d’un sport quand un athlète n’a pas l’impression de partir a égalité avec un autre athlète. Même si l’avantage n’est pas aussi grand qu’on le pense, le marketing pousse à vous faire croire du contraire.

La WTC veut présentement continuer à encourager l’industrie et ne s’est jamais montrée pré-occupée par cette réalité et cela ne permet pas à cette organisation d’avoir un statut légitime face aux autres.

 

 

9 commentaires
  1. Au delà des prix effectivement souvent prohibitifs dans le haut de gamme « triathtlonesque », on trouve un phénomène similaire dans le petit monde du VTT où tu ne sais plus s’il faut rouler en 26, en 27,5 ou en 29 mais où les prix n’en finissent pas de s’envoler (alors que moi, quelque soit le diamètre de mes roues, je reste scotché à ce joli single track herbeux qui devrait pourtant pousser à l’exploit personnel et au pétage de chrono !)… Les plus optimistes diront que ça permet de faire évoluer technologiquement la chose (mais là, on va finir comme en automobile, avec diverses catégories : de la villageoise course de côte locale encore accessible à l’élitiste et « chère » F1… Gloubs ! Déjà qu’on est pas si nombreux sur certains tris…). D’autres en appelleront aux sirènes du « markétinge » dont le crédo reste « créer le besoin » (avec la complicité des pros!)…
    Mais où est-ce que je voulais en venir moi, au fait ?

  2. Pourquoi empêcher au riches de « partir avec une longueur d’avance aidés par la technologie » quand vous dites vous même qu’il n’y pas de véritable gain sur des courses réelles, mais seulement des effets en soufflerie et un appel marketing?
    En poussant le raisonnement plus loin, pourquoi ne pas interdire les changements électroniques? Ils coûtent une fortune. Les power-meter avaient un prix inaccessible il y a seulement 3 ou 4 ans: maintenant je vois même des cyclotouristes qui sont équipés avec.
    La F1 (cité par cantalman) est certes un cirque élitiste et très très cher (personnellement je n’aime pas!), mais il faut reconnaître que la plus part des systèmes de contrôle dont nos voitures actuelles sont équipées viennent de là.

    [Ceci dit, pour vous donner le décors : je roule avec un vieux vélo carbone acheté pour moins de 1000€ et un encore plus vieux vélo en acier assemblé par moi même avec des pièces d’occasion … et je m’amuse tout autant!!]

    1. Salut Stefano, tu as un point avec les powermetres, c’est d’ailleurs pour cela qu’on les veut plus accessibles. Je crois que dans ce débat, il faut surtout se mettre à la place des autres et non juger en fonction de ses moyens. La pression du marketing qui essaye de te faire croire que ton materiel n,avance pas (le fameux 40s)… fini par être usant et je crois honnêtement que cela fini par mettre notre sport réservé à une classe sociale. Après, c’est évident qu’on connait tous des exceptions.

      1. Avec la description des mes vélos, je pense avoir clairement dit de quel côté je suis positionné: pas besoin d’avoir une bête à 8000€ pour se faire plaisir … Et c’est ça que j’aime dans le triathlon!! Quel bonhueur de sortir de la natation avec ma vieille combi, achetée d’occasion pour 100€, avec des gars arborant des combis à 500€ (on devrait fair le même discours pour les combi, non? 😉 ) ou dépasser à vélo des athlètes avec des vélo de chrono à plus de 5000€!! Mais, en me mettant à la place des autres, je pense que si j’étais un pro, pour lequel 1sec de gagné au kilomètre peut faire la différence, j’aimerais pouvoir expérimenter.

  3. N’oublions pas Quintana Roo avec son Illicito monobras arrière (et assymétrique mais cela depuis le CD01).
    Question que j’imagine pertinente pour certains… Pour un Ironman avec relief comme il en existe sur le circuit, mieux vaut-il Un P5 ou un R5 « triathlonisé » avec prolongateur et roues aéro donc plus lourd qu’un R5 standard. Je schématise avec la gamme de Cervelo parce que c’est assez compréhensible par tout le monde, mais on peut extrapoler avec d’autres marques. Mon intuition me dit que le gain aéro pourrait être négligeable face au confort et à la légereté d’un vélo orienté « montagne ».
    Question subsidiaire^^ Pourquoi ne pas imaginer sur le circuit des Ironman « montagneux », des montures « non-UCI » sous le poids réglementaire ? Quand on voit que certains extrémistes arrivent à s’approcher des 6kg…

    1. Pour ton info, a un certain moment, il y avait des athlètes en itu avec des vélos en dessous du poids UCI.

      Pour ce qui est du gain aéro, c’est surement une question qui mérite à être poser à un vrai spécialiste. Je sais que lors du Giro ou du Tour de France, je suis toujours étonné à quel point, ils choisissent rapidement le vélo de route. Si on se rappel bien, Contador n’avait pas voulu changé de vélo pensant avoir le meilleur compromis avec son venge et pourtant… La problématique est que le temps que tu perds en montée tu le regagne en descente…

  4. Tu parles de limiter le coût en WTC mais TOUT est cher pour l’ironman, rien que le prix d’inscription, alors qu’en courte distance, si tu as du talent, tu te fais aider par la ligue puis les clubs et ça ne coûte pratiquement rien sauf en le faisant en loisir .
    Tu parles de temps perdu en montée regagné en montée…….c’est faut car ce n’est pas le même ratio temporel alors, et on parle de vraies montées alors, pas celles d’hawaii ou il est quand même assez rare de mettre le petit .
    En tout cas c’est interessant, un peu comme le 29pouces que tout le monde trouve plus rapide sauf que les gars font exactement les mêmes résultats^^(à niveau moyen)
    Benj’

  5. Ce serait trés bien que la WTC suive le réglement UCI.
    En fait il y a bien un réglement vélo contrairement a ce que certains imaginent. Sinon on serai sur des « vélomobile » et non sur des chrono. Mais il est juste moins précis, d’ou cette génération de vélo spécifique triathlon. C’est dommage car avec ces vélo on ne peut pas faire de chrono traditionnel.

    Je crois que personne ne par le de gains énormes, meme si la marketing aimerait qu’on le pense. Effectivement les données publiées montre que les vélo illégaux sont pas forcément meilleur, ou trés marginalement supérieur.