Alan Carlsson se fait Trimer > Le « talent project » décrypté

Londres n’a pas été le meilleur épisode pour le triathlon canadien, des changements devaient s’imposer et la nouvelle directrice HP Libby Burrell s’est rapidement mise à la tâche. Après un an, les mentalités ont vraiment été bouleversées. Que cela soit athlètes ou équipes techniques, tout le monde est désormais imputable et doit s’engager à toujours se remettre en cause.

Pour articuler tous ces changements, Triathlon Canada s’est armé d’un nouveau programme appelé « Talent Project ». Dans le milieu fédéral qui est généralement très critiqué parce que le manque de transparence amplifie la spéculation, Trimes a questionné Alan Carlsson qui est justement responsable du programme et qui s’efforce de s’assurer qu’il soit bien compris.

On peut dire que Triathlon Canada a fait ses devoirs et que la balle est désormais dans le camp de nos jeunes puisque notre fédération veut s’assurer d’être présent plus tôt et non quand c’est peut-être déjà trop tard…

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Triathlon Canada vient de lancer un nouveau programme de detection de talents Rising stars. Peux tu nous parler des différences avec le programme Try This qui n’a jamais vraiment été appliqué? 

Try-this était un excellent début pour un challenge compliqué en triathlon.

Nous avons réalisé que nous avions besoin de meilleures infrastructures et de nouvelles approches pour accomplir les mêmes taches. L’identification de talent ne nous envoie pas dans la bonne direction puisque nous parlons de développement d’athlètes, et le développement d’athlète est partout dans le programme d’un sport. Entrainement, scooting, éducation, planification, événements, appelle le comme tu veux mais le développement des athlètes est affecté.

Les programme de ID rêvent tous de trouver des athlètes avec des capacités athlétiques hors du commun, mais le triathlon demande des habiletés techniques et mentales très spécifiques et qui rendent donc le développement de ces athlètes venant d’autres sports très hasardeux.  Est-ce que l’abandon de l’idée principale derrière Try This, signifie que Triathlon Canada ne tentera plus de dénicher des athlètes d’un autre sport?

Certainement pas !

Nous nous basons fortement sur le transfert de talents, ou plutôt le transfert d’athlètes venant de la natation, de l’athlétisme ou parfois d’autres sports. Cependant, nous avons besoins d’entraineurs et de programmes prêts à recevoir ces athlètes et à les évaluer en fonction de notre « Standard d’or », que nous appelons aussi nos profils « médaille d’or ». Le but final de « projet talent » et  projet « médaille d’or » est d’avoir un Champion Olympique ou Paralympique. A parti de la nous pouvons établir une progression des capacités allant d’un niveau débutant jusqu’à celui d’athlètes qui courent pour gagner la WTS et les championnats du Monde Elite.

Le transfert de talents venant de la natation est génial. Ils peuvent déjà nager dans le groupe de tête en WTS, même à 14 ans ! C’est plus dur avec les coureurs, les vitesses de course que nous souhaitons avoir pour le profil « médaille d’or » sont plus rapides que ce que la plupart des membres de l’équipe nationale d’athlétisme peut endurer !

Pour éviter la polémique, j’inviterai tous les athlètes courant le 5k ou le 10k pour l’équipe du canada à venir essayer de courir à la vitesse demandée pour être sur le podium olympique. Et ensuite voir s’ils peuvent nager…

Quels sont les iniatives que vous espérez faire? On imagine que vous devez être très attirés par l’idée d’aller approcher des nageurs et des coureurs universitaires puisque pour un très grand nombre d’entre eux, la carrière d’élite s’arrêtera à la fin leurs études…

Pour être honnête, les coureurs et nageurs de niveau « varsity » ne sont pas les plus faciles à obtenir. A part s’ils font parti d’un exceptionnel environnement dédié seulement à la performance, ou il n’y a pas de pression à obtenir d’excellent résultats, peut importe le cout, durant leur 5 ans d ‘éligibilité en CIS ou NCAA, nous cherchons des carrières à sauver. Des athlètes « cassés », qui ne performeront pas au plus haut niveau dans leurs disciplines d’origine et n’ont pas le potentiel d’aller aux Jeux Olympiques un jour. Par contre, les quelques programmes qui développent de bons nageurs et coureurs au même moment sont intéressants. Encore plus s’ils ont entre 14 et 16 ans, nageurs ou coureurs, et qu’ils font du cross training. N’importe quel bon nageur régional en nage libre est proche du niveau de classe mondiale en triathlon. Et s’ils ils courent parfois ? Et sont plutôt petits et minces ? Allons boire un café et discuter de votre potentiel en triathlon. Pour que ce soit possible et raisonnable, nous devons construire un partenariat mutuellement bénéfique avec les clubs de natation au Canada.

Le programme Rising stars se destine donc aux triathlètes junior et U23 qui souhaiteraient avoir des inspirations olympiques. Votre but est de recenser tous les talents et même ceux qui ne sont pas encore révélés ?

Totalement !

Quand nous regardons les performances en triathlon au niveau mondial, ce n’est pas avant d’avoir eu du succès en U23 que nous pouvons commencer à envisager le succès en Elite, au niveau des WTS et Olympique. Nous appelons ça un indicateur de performance de premier rang pour une performance future aux Jeux. Peux tu avoir des bonnes performances ? Etre le meilleur du Canada ? Le meilleur résultat canadien à une coupe continentale sans grande densité ? Est ce l’excellence ? On doit voir plus loin, sortir de notre zone de confort et apprendre l’échec au lieu de célébrer la médiocrité.

Pour compliquer les choses, les meilleurs juniors ont plus de mal à devenir des bons U23 que les U23 à devenir de bons Elites. Nous havons besoin d’apprendre à regarder plus profondément à nos rankings juniors, vous devinez, c’est le RisingStars !

Un jeune qui n’est pas encore dominant ne doit donc pas s’empêcher de s’inscrire, n’est ce pas?

La première étape pour chasser le rêve olympique ou paralympique est d’avoir ce rêve. Nous devons donner du pouvoir aux athlètes pour qu’ils aient des opportunités, pas des barrières. Surtout quand nous n’avons pas une idée claire de qui va ou ne va pas continuer après 23 ans.

Et celui qui n’est pas déjà dans le triathlon? une discipline faible va t-elle forcément l’éliminer, ou un statut spécial lui sera t-il attribué?

Question piège. Le transfert de talents demande une attention pour minimiser

le risque de blessures et recevoir des instructions d’experts. Un bon nageur ou coureur peut certainement avoir le potentiel d’exceller dans une autre discipline. Si l’on fait attention, nous pouvons guider ces athlètes dans un environnement idéal pour leurs besoins au quotidien. Pour que cela marche, nous avons besoin des meilleures personnes aux meilleurs endroits. De supers entraineurs de natation pour les coureurs, de supers entraineurs d’athlétisme pour les nageurs, et nous pourrons développer leurs capacités cyclistes assez rapidement en 2 ou 3 ans.

Peut-on dire que le programme n’est pas juste pour évaluer le talent, mais surtout pour évaluer sa progression dans le temps.  J’imagine que la distinction est très importante pour vous. 

C’est juste. En junior, et pour les jeunes U23, nous devons évaluer les

capacités individuelles pour progresser jusqu’au profil « médaille d’or ». Nous appelons ça notre niveau tertiaire d’indicateur de performance. Nous voyons beaucoup d’athlètes avec un gros moteur, mais avec également de mauvaises techniques, de mauvaises tactiques, et de mauvaises possibilités mentales, dans les 3 sports. Nous devons travailler à éduquer les coaches, régions et entrepreneurs à réaligner notre sport pour former des Olympiens.

Durant le processus,  devra t-il participer à des épreuves tests et aux camps d’entrainements provinciaux et nationaux . Regrouper les athlètes ensemble être quelque chose de nouveaux, peux tu nous parler de l’idée que tu as derrière la tête? J’imagine que tu désirs t’ assurer du fait  qu’ils comprennent bien les attentes, à savoir  l’attitude et  l’excellence. 

Avec notre programme, nous pouvons être certain que la recherche d’athlète est alignée, du niveau régional au niveau provincial au niveau national. Nous allons arrêter d’avoir des hypothèses sur ce qui est fait, et allons avoir une approche commune dirigée par Canada Triathlon, docteurs en médecine du sport, physiothérapeutes, nutritionnistes, coaches mentaux, coaches de préparation physique et experts en technique.

A partir de la nous pouvons entrevoir des progression jusqu’au profil de « médaille d’or », avoir un ordre d’idée de la rapidité de progression, et suivre cela avec des chiffres pour l’athlète et pour le coach. Si nous ne voyons pas de progrès, cela peut avoir des conséquences…

Est-ce que l’athlète va recevoir directement des évaluations?

Certainement !

Un athlète doit savoir comment ils va être évalué pour mieux s’éduquer et

capable de changer. Les évaluations seront aussi partagées avec les coaches, puisque ce sont eux qui favorisent les opportunités et aident les athlètes à se gérer. Un athlète qui ne comprend pas comment devenir un athlète olympique ne le deviendra jamais. Pareil pour les coaches. Ou les directeurs dans le domaine sportif.

Si un athlète est impliqué dans un programme de natation ou d’athlétisme,

nous partagerons les évaluations et les demandes avec leurs coaches. Après tout, c’est important de dire que nous ne possédons pas l’athlète. Aucun programme ne possède un athlète. Si un de nos athlète peut devenir une médaille olympique ou paralympique dans un autre sport ou veut aller dans un autre sport, nous ne pouvons nous y opposer.

Est-ce que je me trompe ou l’aspect mental semble prendre une certaine importance?

L’aspect mental est énorme dans notre profil de « médaille d’or ». Un très bon athlète incapable de ne pas être diverti dans l’environnement olympique ne réussira surement pas, ou a un gros désavantage.

Avec ce programme, où se place le Canada face aux autres nations?

Bonne question. Nous faisons nos devoirs, rassemblant intelligence et construisant des partenaires stratégiques avec d’autres associations de triathlon et d’autres sports, en regardant ce qui marche et qui ne marche pas.

Nous pensons que nous sommes sur la pente ascendante puisque notre projet pense à intégrer et aligner des systèmes à travers Triathlon Canada. Notre HPD Libby Burrell travaille depuis un an et demi sur l’alignement de notre système d’intégration.

Projet Talent met l’emphase sur l’environment nécessaire pour produire un champion olympique. Dans le sens que cela ne prend pas seulement un talent mais aussi toute une structure qui sera en mesure de la développer. Cela signifie qu’il est important de développer toute une culture et de s’assurer que tous les acteurs soient tous dans un apprentissage constant. Quels sont les initiatives pour s’assurer que cela soit la cas?

Le changement de culture est critique. Nous voulons une culture d’excellence autour du profil « médaille d’or ». Nous avons initié un nombre de programme pour supporter cela. Le programme de « stars montantes » unifie les provinces de Triathlon Canada. Nous construisons des alliances au sein de Triathlon Canada, Sport Canada, et à l’international. En partant du profil « médaille d’or » nous redesignons l’éducation d’entraineurs les matrices de haute performance. C’est excitant, et beaucoup de travail !

Quand on lit sur le projet talent, on se rend compte que le projet est une mesure pour développer sans cesse des nouveaux talents et non de contenter des athlètes qu’on a déjà dans le sens que dans le passé, triathlon Canada attendait que les fédérations provinciales produisent des athlètes et prenait le relais. Maintenant, on peut dire que triathlon Canada s’initie dans le projet plus tôt que dans le processus. Avons-nous appris de nos erreurs? Est-ce qu’on a manqué de vision dans le passé?

Nous apprenons de nos erreurs. Cependant, les appeler « erreurs » est peut un un peu dur. Nous apprenons. Nous évoluons nos systèmes pour devenir plus professionnels, intégrés et une entité compétitive.

On s’imagine qu’en s’impliquant plus tot dans le processus de son développement, le but est de mieux les armer pour maximiser les chances des junior u23 d’accéder à l’élite, non?

T’as tout compris !

Avec des cadets et juniors bien préparés, la transition chez les U23 et Elite se fera mieux. Nous prenons en main notre destin.

Ironiquement, le Canada est déjà en excellente position faisant jeux égal avec l’Australie pour ces U23 femmes. Alors l’avenir est prometteur malgré tout?

Le futur paraît très brillant avec nos stars montantes !

 

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