Trimes continue la série séance d’élite en permettant aux élites de nous parler d’un entrainement qu’ils apprécient. Cette semaine, c’est Fredric Belaubre qui s’y colle. Gagnant de plusieurs coupe du monde, trois fois champion d’Europe, six fois champion de France et olympien (5e à Athènes).
« J’aime beaucoup le genre de séance d’allure SV1 (ou premier seuil de ventilation ou footing rapide) en course à pied. Cela peut être 3×15 minutes ou 2×20 minutes par exemple. Elle permet d’avoir une certaine sensation de vitesse, tout en restant dans la facilité et la gestion. Toute la difficulté est justement de sentir la fatigue arrivée au fur et à mesure de la séance mais en gardant l’allure. Lorsqu’on effectue cette séance en groupe (même à 2), on passe par différent stade. On a parfois l’impression d’être facile, et de rechercher l’économie maximum, et d’un seul coup l’allure de l’autre semble trop élevé, la fatigue nous fait certainement ralentir sans nous en rendre compte. Il faut alors s’accrocher, mais tout en restant relâché. C’est paradoxale et tellement bon!!!
Dans le même genre de sensation mais plus intense, on retrouve aussi le bon vieux 8x1000m ou 4x2000m par exemple, toujours effectué en compagnie d’un groupe homogène. Lorsque je suis à un bon niveau, c’est pour moi un moment de partage entre athlète et entraîneur énorme. La chronologie de la séance pourrait être: L’allure est rapide mais je recherche l’économie comme je peux, je sens la fatigue arrivée, je m’accroche, j’ai mal, je ne lâche rien, et dans la dernière ligne droite « je me finis ». Là je sens que j’existe, que je progresse, que je sers à motiver d’autres personnes, que j’apporte quelque chose à un ensemble, que je partage une sensation forte avec des gens qui sont comme moi! La récupération sera l’occasion de refaire la séance vu par l’oeil de chacun. Les rôles changent souvent d’un jour à l’autre, mais on est tous là pour la même chose, repousser ses limites…
Les mêmes séances effectuées seules sont aussi nécessaires mais différentes. L’objectif est encore de progresser, je suis encore fier de moi à la fin, mais la saveur n’est pas la même, et bien trop éphémère à mon goût. Le sport est synonyme de partage pour moi, avec des adversaires, et le public en compétition, ainsi que mes coéquipiers, et mon entraîneur à l’entraînement. »
Merci Frédéric pour le partage, joliment écrit !