Alors que le Tour de France correspond généralement au retour du débat sur le dopage, cette fois-ci, c’est une photo durant la dernière édition des championnats d’Europe Ironman (Frankfurt) qui réanime le débat sans fin.
Pour expliquer cette photo, Sam Gydé (3e en 35-39) porte le t-shirt Doper Sucks en contestation face au gagnant de sa catégorie, l’espagnol Antonio Colom.
On est tous d’accord, il ne faut pas accuser un athlète de dopage si on n’a pas de preuve. Mais, cette situation est très différente puisque l’homme qui lève le poing et qui semble ironiquement le seul à être heureux de monter sur le podium est un ancien coureur Astana de protour. Il était accessoirement l’équipier de Contador durant la fameuse époque du steak au clenbutérol.
Il sera suspendu pour usage d’EPO en 2010 (infraction en 2009) et il lui sera permis de reprendre le sport à partir de mai 2011. Il en profitera pour rapidement se convertir au triathlon puisque le cyclisme pro ne veut tout simplement plus de lui.
On vous recommande d’ailleurs de lire une excellente interview de lui sur Cyclismactu.net
Si un cycliste commet une infraction, il est condamné comme un conducteur qui conduit en état d’ivresse, mais en aucun cas il est criminel.
Ce passage permet parfaitement de comprendre son état d’esprit. Chez trimes.org, on partage cette impression qu’un athlète qui se fait attraper doit REGAGNER la confiance. Dans le cas de Colom, c’est totalement l’inverse, il en profite pour lancer sa propre compagnie de coaching. Le slogan est troublant, My past, My future, never give up ou encore, il parle du sport avec philosophie et évoque ses bienfaits pour améliorer sa qualité de vie…
Alors soyons honnête, il a effectivement payé pour son infraction, juste deux ans. Rappelons nous tout de même que la AMA ira vers des sanctions beaucoup plus sévères en 2015, étant consciente des effets à long terme de l’EPO.
Colom a donc décidé de faire des Ironman. Il a rapidement battu les records à vélo du parcours de Nice, allant même battre tous les pros à Las Vegas de plusieurs minutes.
Il lui a effectivement été permis de faire de la compétition. Mais la véritable question est sur son besoin de gagner à nouveau et surtout, sa place est elle véritablement chez les AG? Vu son passé, s’il souhaite véritablement regarnir son image, il doit courir avec les pros afin d’être sujet à être contrôlé plus fréquemment?
Alors qu’est ce qu’Antonio Colom vient chercher?, surement quelque chose qui n’a pas de prix…
Et toi dans tout cela? Évidemment que l’on fait notre course, mais l’arrivée de ce type d’individus à un effet pervers sur la communauté. Non, nous ne sommes pas naifs et on est conscient qu’ils sont nombreux en AG à chercher des trucs pour améliorer leur performance…
Et c’est cela qui est nuisible. En regardant le passé, on voyait des athlètes s’amuser et se contenter de se sentir un peu fou…
On vous recommande de lire l‘entrevue d’Andrew Messick par Scott Tinley (double champion à Kona). L’ancien athlète glorieux a questionné le directeur d’Ironman sur le prix des inscriptions puisque Tinley est soucieux de l’accessibilité du sport connaissant mieux que personne sont passé.
Messick, lui répond, non je ne crois pas. Je pense que le prix des Ironmans a toujours été extrêmement bas comparé aux coûts.
Tinley lui demande d’être plus spécifique et voici la réponse.
Ce que tu payes pour ton inscription n’est qu’une infime part du coût d’un ironman. Le véritable prix est celui de tes sacrifices, aux travaux, avec ta famille, ce que cela coûte d’aller s’entrainer à 5h du matin. C’est le type de gens que nous attirons qui réussissent typiquement dans ce qu’ils s’investissent…
Alors voilà, un ironman, cela n’a pas de prix. Faire un ironman, c’est la possibilité de rentrer dans un club. Maintenant à nous de savoir si on veut véritablement des athlètes comme Colom la dedans.
Évidemment, personne n’a le pouvoir décisionnaire, on doit par contre se demander si l’image du sport n’est pas devenue trop invitante pour des personnes avec des passés douteux.
Juste une précision, Colom n’était pas l’équipier de Contador pendant l’affaire du steak… ils ont été dans le même équipe seulement un an et n’ont jamais couru ensemble sur une course sous le même maillot.
Une étude de l’université d’Oslo tendrait à prouver que les produits dopants ont un effet bien supérieur à celui estimé et souvent bien au delà de la période de suspension. Source: http://www.bikeradar.com/road/news/article/dopers-could-benefit-for-decades-according-to-new-study-42675/