Ce matin, j’ai fait le tour d’internet. C’est une balade que j’aime bien, elle me permet de prendre la température de la planète triathlon.
Je vais à la pêche aux infos, je lis les comptes-rendus et je parcours quelques blogs.
Un peu « addict » il faut bien l’avouer, de toutes ces petites histoires parfois insignifiantes de prime abord, mais qui forment le tissu de ma culture triathlon.
J’y apprends qu’on peut gagner les championnats de France de triathlon comme ça, sans forcer, en contrôlant la course tranquillement. Je découvre des athlètes blessés ou en méformes, qui s’alignent au départ, et qui s’en sortent quand même avec les honneurs mais presque sans le faire exprès… D’autres qui n’ont jamais le temps de s’entraîner, mais qui font des performances stratosphériques sur ironman.
Avec le temps et l’expérience, j’ai appris à faire un peu le tri dans tout ça et ma grille de lecture me permet de savoir à peu près ce qu’il en est, y compris lorsque je croise mes « collègues » sur les courses tout au long de la saison…
Alors si vous lisez un jour, « j’ai une femme et un patron compréhensifs » il faut comprendre en fait « je bosse pas, c’est ma femme qui fait la tambouille et je m’entraîne comme un dingue toute l’année… »
Si vous croisez quelqu’un qui vous annonce qu’il est en reprise, il faut en réalité comprendre que ça fait 6 mois qu’il se prépare pour cette course après une foulure de la cheville qu’il l’a handicapé 3 jours entiers…
Si au ravito d’arrivée un concurrent vous annonce « aujourd’hui ça draftait à mort », comprenez qu’il s’est fait la peau pour surtout ne jamais quitter les roues en bike…
« J’ai pas le temps de m’entraîner » = je fais 15 heures/semaine
« J’ai fait une hypo » = je suis une merde en course à pieds
« Alors ça a été aujourd’hui ? » = vas y, demande moi ce que j’ai fait à ma course…
« J’ai pas mal roulé aujourd’hui, je comprends pas, j’ai pas le temps de faire du bike » = je fais 300 km /semaine
« C’était juste une course de prépa, mon objectif c’est la semaine prochaine… » = j’ai trop foiré ma course.
« J’avais une crevaison lente en vélo » = j’avais pas de cannes…
« Sur ce parcours, un vélo de chrono ça aurait été le top »= Faut je que je change de bike….
« Je comprends pas comment il fait pour courir aussi bien après le bike » = c’est un gros drafteur…
« C’est bizarre comme il tourne bien » = à mon avis, c’est une grosse chaudière
« Y avait pas de ravitos et du coup j’ai pris un coup de moins bien » = j’ai mal géré…
« Je comprends pas pourquoi je me suis fais cartonner » = ça faisait vingt bornes que je suçais les roues
« J’ai pris des coups en natation et j’ai perdu mes lunettes… » = je suis nul en nat…
« J’ai bu la tasse, ça m’a tué… » = je suis nul en nat…
« Y avait de la houle, on s’est mal orienté dans l’eau, les bouées étaient trop petites » = je suis nul en nat… (c’est vrai, les triathlètes sont en général pas très bon en nat !!!)
Oui, le triathlète est souvent de mauvaise foi. S’il rate sa course, c’est la malchance et si d’aventure il fait une perf, c’est sans s’entraîner, grâce à ses « qualités ».
Le triathlète a aussi du mal à reconnaître la supériorité de ses adversaires, s’il arrive derrière vous, sa première réaction sera de vous raconter tous les malheurs qui lui sont arrivés pendant cette satanée course. Ceci expliquant cela…
C’est assez normal car pour être bon, il faut bien être un peu égocentrique et orgueilleux. Sans orgueil, pas de dépassement de soi et sans dépassement de soi, pas de perf !
Alors les amis, au cœur de cette belle saison, faisons preuve de lucidité et d’intelligence. Les courses sont là avant tout pour nous ramener à une réalité, celle de notre niveau bien trop souvent idéalisé. Il n’y a pas de défaite qui n’ait de sens. Il faut s’en nourrir comme tel c’est à dire comme base de travail et de progression future. Tous les athlètes qui sont capables d’appréhender leurs performances ainsi, avec humilité, sans se voiler la face, finissent toujours par progresser, bien au delà des chronos ou de leurs résultats en course.
Alistair Brownlee a gagné ce week end et je suis heureux. Sa victoire est un l’exemple de ce qu’est un grand champion plein d’orgueil. Celui qui est capable de revenir de ses défaites, les digérer et les transformer en victoire. Il faut s’inspirer de ce genre d’athlète car si nous pratiquons le triathlon c’est pour devenir « meilleur »… au sens premier du terme…
J’étais un peu d’humeur grincheuse aujourd’hui, prenez donc ces lignes au 3ème degré. Qui aime bien châtie bien et ne vous en faites pas, bon nombre de ces exemples s’appliquent très bien à ma propre personne !
P.S : Merci au grand Scott Tinley pour l’inspiration de cet article (les plus anciens comprendront).
Effectivement, j’avais pas lu l’article du champion de France….
Bien vu ! On trouve dans tout les clubs le mytho qui clame du soir au matin qu’il roule jamais, qu’il plafonne à 3h par semaine et qui le jour de la course venu fait un résultat identique a ce qu’il fait depuis toujours…
Trop vrai!!! Et pourtant je decouvre le triathlon…
Je crois que l’on peut le prendre au 1er degré, c’est tellement vrai…
Je me disais exactement pareil l’autre fois, y a aussi le mec au départ qui dit à tout le monde que t’es un tueur et enfaite il fini devant toi comme ça tout le monde pense qu’il a trop assuré, pis à la fin il dit « ouai j’étais pas trop bien »
Ces derniers temps mon leitmotiv c’est : « cette année je privilégie la qualité »
En fait j’ai pas la motivation de rouler quand il pleut, de courir quand il fait froid ou de nager quand l’eau est humide !
Haha ça m’a bien fait rire ! Surtout le coup de la crevaison lente !!
Moi je m’entraine dur et je ne fais pas de performance stratosphérique. :op
Puis y’a aussi ceux qui disent « j’ai pas tenu niveau des canes j’avançais plus dommage j’étais bien parti » => j’ai totalement foiré ma course à pied, je suis parti comme une balle et j’ai explosé
Marrant, je m’y retrouve, j’ai connu les mêmes en athlé sur 800 : « p.. j’ai perfé pourtant je comprends pas, j’ai fais qu’une séance en 10j = j’ai fait une seule séance … sur la piste + un fartlek en nature, 2 séances de cote, 1 aérobies courtes, 1 ppg et des footings pour lier tout ça » … 😉