Suite de cette chronique pour laquelle j’ai demandé à Laurent Cébélieu, l’homme qui se cache derrière mes années de formation sportive entre 9ans et 23ans, de vous faire partager sa vision et ses priorités en terme de formation pour les jeunes..
Partie 1/2 disponible ici: https://www.trimes.org/2014/07/01/la-chronique-de-laurent-vidal-le-triathlon-pour-les-jeunes-des-racines-aux-ailes-partie-1/
Les autres priorités propres à l’entrainement
– 3ème Priorité :
C’est d’assurer un développement athlétique (dans le sens général du terme) du jeune sportif. C’est créer les fondations d’une construction solide et d’un patrimoine durable : cela passe par une exploration la plus complète possible du schéma corporel, de la maitrise de l’espace, de la coordination motrice générale, d’habiletés variées, de différents déplacements ….
L’objectif est d’assurer un développement physique général et d’offrir un registre moteur le plus évasé possible.
Cette formation de base devrait permettre au jeune d’être un sportif complet et polyvalent. C’est d’être capable de pratiquer sans problème de nombreuses activités physiques tels : les Sports collectifs (savoir se déplacer et se placer sur le terrain par rapport à ses partenaires et adversaires, savoir recevoir et lancer un ballon ou une balle correctement avec les pieds et les mains), les Sports de raquette (savoir tenir une raquette, savoir lire une trajectoire de balle ou d’un volant par exemple), les Sports gymniques, les Sports athlétiques (Sauter, Lancer, courir) et bien sûr les Sports énergétiques qui nous concernent …
– 4ème Priorité :
C’est d’assurer une programmation et de concevoir une planification de l’entrainement dans la perspective de créer et de conserver des réserves de performance future.
Cette notion d’entrainabilité doit passer par une augmentation progressive et programmée du volume et du nombre de séances d’environ 0,5 à 1 par discipline et par saison, avec une mise en priorité de la natation (c’est bien connu : le Triathlon peut se perdre dès la sortie de l’eau) et de la course à pied (mais il se gagne à pied). Et ceci dans des pourcentages de l’ordre de : au début (Natation ~ 70%, Cyclisme ~ 15%, Course à Pied ~ 15%) puis à partir de la puberté (~ 60%, ~ 15% et ~ 25%).
En natation :
– Sport porté donc moins de contraintes liées à la pesanteur sur le système squelettique en plein développement
– Période propice pour l’apprentissage d’habiletés fines (acquisition d’un répertoire technique varié)
– Activité idéale pour assurer un bon développement de l’endurance aérobie
– Activité de base pour la performance en Triathlon (« sortir 1er paquet »)
– Evolution en eau libre (maîtrise des déplacements et de l’orientation)
– Importance des et du 4 nages (être nageur complet, importance pour les enchainements et les transitions en Triathlon)
En Cyclisme :
– Sport semi porté (moins de contraintes sur l’appareil locomoteur)
– Importance pour développer le volume d’entraînement
– Balayage de tous les secteurs physiologiques et physiques (Endurance, Force, Vélocité, Vitesse, Adresse …)
– Pratique du Vélo Tout Terrain : intéressant pour acquérir des habiletés techniques (maniabilité, aisance en tout terrain, anticipation des obstacles, habitude aux intempéries …), pas de circulation routière, sensibilisation au milieu naturel, à sa contemplation et à sa protection …
En Course à Pied :
– Course en nature (varier les surfaces de course, varier la dénivelée, développer des habiletés motrices variées)
– Travail du pied (ludique en pliométrie légère, petits sauts et sauts de haies, corde à sauter …)
– Travail de vitesse (vitesse de réaction, gestuelle, cyclique …)
– Participation aux épreuves de Cross Country (Culture du Cross : gestion des départs rapides, parcours variés, adaptation aux différents types de terrain et de météo, emballage final …)
– 5ème Priorité :
C’est enfin et surtout de fixer des objectifs (par discipline et en Triathlon) avec l’entraineur en fonction non pas de l’âge calendaire mais en fonction de l’âge biologique du jeune triathlète.
Car envisager le développement physique et physiologique (et ainsi son plan de carrière) de l’athlète conduit à déterminer des périodes optimales de renforcement de certaines potentialités propres à chaque étape du développement maturationnel.
Et il peut exister une énorme différence entre les jeunes d’un même âge (jusqu’à 24 à 36 mois !!!), et les performances, bien entendu, ne sont pas les mêmes. Il est ainsi très important d’expliquer ces différences et ces notions de maturation biologique et de croissance aux jeunes.
Combien de jeunes sont très déçus de se faire ‘’laminer’’ par un ami du même âge mais bien en avance en âge biologique, ou au contraire de voir des jeunes exploser les chronos et puis de se voir quelques années plus tard dépasser inexorablement par ses copains bien moins performants avant !!!
« Ce que nous avons à apprendre à faire, nous l’apprenons en le faisant » (Aristote)
Par Laurent Cebelieu,
Fondateur De Perf.Plus
https://www.facebook.com/perfplus7