Édito > Les Grands Prix (FGP) pour du beurre?

Il y a quelques jours, la communauté a été prise par surprise face à la décision de la fédération française de triathlon de faire passer le quota de 2 à 1 pour le nombre minimum de français dans une équipe de D1.

Ce changement nous interpelle puisqu’il est difficile de comprendre la vision en arrière. En 2014, les FGPs ont été marqués par des équipes qui ont préféré payer des amendes au lieu d’aligner le nombre d’athlètes locaux nécessaire. Au lieu de marquer ces infractions, ont les accommodé en changeant ce règlement.

Après consultation, 87% des lecteurs sur Trimes.org considère que ce changement aura un effet négatif sur la FGP. 

Certains diront que le niveau de français n’est tout simplement pas au rendez-vous. Le verre a moitié plein ou vide. En fait, avec quelques uns des meilleurs athlètes au monde, le niveau français est en constante progression face aux demandes des clubs.

Ce système a permis à garder des élites dans le sport. Aux athlètes avec des développement plus incertains de persister et aux vétérans comme Tony Moulai de redonner. Elle permet aussi à la fédération de se décharger de certaines responsabilités puisque les clubs altruistes supporteront certains de ces athlètes à continuer le recherche perpétuelle vers le haut niveau.

La densité française chez ses élites est probablement la plus forte au monde et on peut vous assurer que les autres nations ne comprennent pas comment certains talents n’ont pas eu dans le passé leur chance.

Si on regarde la course d’Embrun, 20 français dans les 40 premiers. 5 français dans le top 8. Dans ce bassin, ils sont très nombreux à battre des réguliers en série mondiale.

La France a donc cet outil à sa disposition que toutes les autres nations voudraient.

C’est quoi le bug?

Le réel problème dans ces équipes qui ont obtenu ce changement est qu’elles balaient du revers de la main l’opportunité de développer leurs propres athlètes. Cela ne signifie pas que la venue d’étranger est mauvaise, au contraire.

Est-ce qu’une Audrey Merle, Dorian Coninx, Raphael Montoya en autres seraient aussi forts et confiants sans la FGP. Il est certain que leurs participations dans ce circuit est un accélérateur dans leur carrière puisqu’ils peuvent se mesurer au meilleur et surtout côtoyer et apprendre de leurs partenaires internationaux.

On peut tout de même se questionner si avec la venue de plus d’étrangers, ces nouveaux talents auraient véritablement eu l’opportunité d’obtenir des départs. Même avec le programme des U23, cela ne serait pas la même chose.

Il y a un danger de voir un fossé s’agrandir entre les clubs riches et les clubs pauvres. De plus en plus, certains ont l’impression qu’il existe plusieurs championnats en un.

On aime illustrer le cas de Poissy. Ce club qui est reconnu avec un budget généreux a pourtant placer 3 français dans les places comptantes à Embrun. Avec en prime le jeune Tom Richard qui est un pur produit du club.

Un autre bel exemple est celui de Metz qui a réussi a développer un excellent noyau chez ses juniors filles. Si on prend Jeanne Lehair qui est un réel talent, suite à ses blessures en début de saison, elle n’a pas été en mesure de se qualifier pour les championnats d’Europe ou du monde. La FGP lui permet de continuer à être stimuler pour faire partie du haut niveau.

À l’inverse, il existe plusieurs clubs qui n’ont pas respecté les règles cette année. Des équipes qui sont composés d’athlètes qui ont finalement que très peu d’interactions avec leur club.

Et la pertinence sportive des FGPS?
À l’international, les FGPs sont avant tout vu par les étrangers comme un moyen de financer leurs saisons européennes. Les courses ITU restent totalement prioritaires et même d’autres… À titre d’exemple, certains habitués et stars des FGPs ont préféré prendre la direction de Liverpool ce week-end. L’athlète fait ses choix en fonction de ce qui est le mieux pour lui.

Après l’ITU, la priorité est donc au beurre.

Il en demeure que le niveau actuel en FGP est généralement nettement plus fort que coupe continental et même du monde.

Malheureusement, le cas d’Anthony Pujade est un autre exemple marquant puisque même s’il a été le français le plus régulier sur les 3 étapes, ses résultats n’ont eu aucun effet positif pour une sélection en les championnats du monde en U23. On pourrait donc même se demander si la fédération accorde une véritable valeur sportive face à son propre circuit. Et pourtant les critères pour une qualification se faisait sur des coupes d’Europe avec des plateaux plus faibles.

Alors quoi, cela compte pour du beurre?

Plus d’internationaux, un circuit plus professionnel?
En laissant plus d’étrangers sur le circuit, cela donne une impression que la FFtri veut encore plus professionnaliser ses FGPs. Cela nous rappelle le fameux cas du football ou c’est finalement le plus riche qui finira par gagner.

Malheureusement, il faut être conscient que les clubs ne sont pas des entreprises. C’est avant tout des collectivités qui payent pour tout cela et l’exercice devient de plus en plus périlleux dans l’équilibre des clubs. C’est une formule qui effraie de plus en plus les clubs promus.

On s’en va où? Concurrence concurrence?
Avec les FGPs, nous sommes perplexes face aux intentions de la FFtri. Avec le désir de voir plus d’étrangers s’aligner à ses courses, ce circuit qui se doit d’être complémentaire et pour le développement n’est-il pas en concurrence directe avec l’ITU.

Face à une nation qu’a n’a pas reçu de coupe du monde depuis 2008 et qui a placé sa course en même temps de la presque unique coupe du monde ITU (Tissy) en Europe et une coupe d’Europe Junior et la grande finale à Nice sera aussi en même temps que l’autre coupe du monde en Europe (Anlaya).

Sommes nous réellement seul au monde?

 

 

 

6 commentaires
  1. Salut,
    En lisant les commentaires dans l’article précédent. Je me dis OK, ça peut être pas mal pour notre sport, dans le sens où il y aurait une meilleure visibilité du public. Mais alors il faudrait penser aux talents français émergents ou « émergeable » comme tu disais , et donc pourquoi pas élargir ces championnats en développant vraiment la D3 au niveau régional. Voir créer une nouvelle division?

    1. Pour une pérennité du circuit, il faudrait surtout que la FGP soit plus reconnue à l’international. Elle l’est dans la communauté mais pas dans la masse. Pour développer, je pense qu’il est impératif que ces jeunes soient avant tout en D1. Après, la solution serait peut-être que le classement offre des incitatifs pour des athlètes réellement développés dans les clubs.

  2. Très agréable lecture et débat.
    Néanmoins, si tant est qu’il faille trouver une justification plausible à cette évolution de reglementation, ne devrais tu pas te pencher sur la « valeur » des athlètes français au sein des clubs de D1.
    Les deux clubs que tu cites en exemple sont excellents puisqu’ils sont – semble t il – les moyens financiers de conserver leurs « talents ». A voir dans le temps pour Metz car leur noyau n’est fait que de junior. Mais pour Poissy c’est incontestable car T. Tichard est sorti des années junior depuis 2ans maintenant, n’a jamais eu de selection internationale, mais à tout de meme la capacité de faire son trou.

    Pour en revenir à l’évolution de la reglementation, cela peut, peut etre, tendre à faire baisser la valeur des français vs. les étrangers, au sein des clubs. Connaissons nous les « prix » ?
    Avec 1, 2, 3 ou 5 français obligatoires, de toute façon, les plus riches sauront faire ce qu’il faut.

    Quant à la proximité des etrangers avec leur club français, c’est un faux débat puisque la meme question peut se poser avec les français. A quelques exception près evidemment.

    Enfin, sur la structuration des niveaux de division, ces circuits demandent une telle organisation logistique et financière que la majorité des clubs de D2 (voir D3 à l’avenir) tomberont difficilement dans la facilité avec des « etrangers ». Mais sur ce point, peut etre que des présidents ou managers de clubs pourraient répondre ?

    1. On pourrait faire court en disant qu’il faudrait avant tout avoir plus de transparence et connaitre les véritables raisons face à ce changement. Ils ont probablement des excellentes raisons.

      Il est vrai que la valeur des français est probablement une autre des problématiques. Combien de clubs se sont fait reprendre des athlètes français après leur éclosion.

      Lorsqu’un français est payé plus cher, c’est seulement avec des clubs riches qui se structurent autour d’étrangers soit les fameux clubs qui ne respectaient pas le quota. Pour le reste, je pense que les étrangers et les français sont sur la même grille.

  3. « Elle permet aussi à la fédération de se décharger de certaines
    responsabilités puisque les clubs altruistes supporteront certains de
    ces athlètes à continuer le recherche perpétuelle vers le haut niveau. »
    Je ne connais aucun club altruiste en D1…
    Il n’y a que très peu de clubs qui ont véritablement formé un français de haut niveau, je ne compte pas Poissy avec Tom Richard dedans, cette année il a finit 20ème à Holten et 12ème à Bratislava sur des courses que tu définis comme moins dense qu’un FGP. Il est loin de réaliser un critère de la FFTRI pour être sélectionné.
    Anthony Pujades est un très bon sportif qui fait le choix de prioriser les FGP avec son club que le circuit ITU, en résulte moins de possibilité de se sélectionner.
    Considérer les FGP comme compétition servant de base à une sélection c’est envisager que les athlètes se donnent tous à 100%, ce n’a jamais été le cas, et cela ne le sera jamais.

    A 2 français, le système faisait monter les enchères des 2nd couteaux français. Les français coûtent parfois plus chers que les étrangers. Et imaginez, à 16 clubs, il faut trouver 32 français performants disponibles le même week-end (pareil pour les filles!). Ce sera pareil à 1 français me direz vous. 16 français performants,

    dur à trouver, mais la loi de l’offre et de la demande fera encore une fois l’affaire.

    Le FGP peut être un formidable outil pour des jeunes déjà armés (Merle, Coninx, Montoya), mais il ne suffit pas en lui même. Ces même jeunes doivent leur réussite aux expériences de courses ITU.

    Pour finir, le calendrier est très chargé, l’année prochaine plus encore. 7 WTS, 1 GF WTS, 1 CE Elite/Junior, 1 CE U23/Youth, 1 jeux européens, 1 test event à Rio… beaucoup de superposition entre le FGP et l’ITU en perspective.

    1. Je suis en accord avec toi sur ton évaluation avec Tom Richard. Le point que je voulais dire est que l’on permet à des athlètes avec des développements plus lents de pouvoir continuer sa recherche vers le HP. Il y a des athlètes qui sont très forts en WTS et qui ont pris leur temps avant d’éclore… cela devrait être le cas pour ceux qui ont privilégié les études ou qui sont arrivé dans le sport sur le tard.

      Je suis d’accord avec toi sur le fait que très peu de clubs ont formé des français de haut niveau, mais le passage à 1 seul français ne devrait encore plus les dissuader à former.

      Je pense tout de même que les FGPs peuvent servir à juger du niveau de performance d’un athlète. Certaines fédérations le font et sont de plus en plus actives afin que leurs protégés soient dans ce circuit.

      Je ne suis pas certain de comprendre la problématique du français surpayé fasse au étranger… à la base en faisant passé à un. Un club peut tout simplement se dire qu’il ne comptera pas.

      Et dans le cas improbable qu’il ne serait que 16… est-ce qu’ils ne seraient pas encore plus surpayés?

      Il faudrait aussi faire quelques recherches, qui sont véritablement les internationaux qui ne sont pas en FGP? À part quelques exceptions comme l’absence des américains, le noyaux des français est-il vraiment si inférieur que les internationaux qui ne sont pas déjà sur le circuit?

      Je suis d’accord avec toi pour dire que la FGP n’est pas la raison unique du succès des jeunes français, mais si tu prends un canadien, il devra rouler sa bosse en PAN AM avec des courses à 3000 km l’une de l’autres et je peux t’assurer que la pression est très différente parce qu’une mauvaise performance à un cout financier très important. Cela va prendre beaucoup plus de temps afin qu’il soit en mesure de se confronter aux meilleurs.

      Et oui, le calendrier est super chargé pour 2015 et d’où la question si l’ITU doit encore plus s’internationaliser…

      Bon Vlad, on se voit a Edmonton aussi :p