Cedric Fleureuton se fait trimer > L’après Triathlon, vers des nouveaux sommets

On oublie souvent nos élites quand ils sortent du sport. Chez Trimes on pense qu’on a beaucoup à apprendre d’eux et que cela nous conforte dans notre idée qu’on se fait dans le sport lorsqu’on se rend compte qu’ils ont toujours la flamme en eux. On a récemment pu échanger avec Cédric Fleureuton. Il est le dernier français à gagner une coupe du monde (avant l’introduction de la série mondiale). L’ancien triathlonien a récemment remis un maillot d’équipe de France pour le Championnat du monde de course en montagne. Voici notre entrevue avec lui. 
Tu reviens du Championnat du monde de course en montagne, cela doit te changer du triathlon, peux-tu nous en dire plus à ce sujet? Effectivement je viens d’effectuer ma première « pige » avec l’équipe de France de course de montagne (FFA). J’en garde un très bon souvenir, j’y ai découvert un beau sport et de vrais athlètes. Comme en triathlon la mentalité et l’ambiance sont bonnes. D’un point de vue technique et organisationnel, le triathlon est nettement plus avancé. Je pense à la détection, la formation, l’accompagnement…j’ai l’impression que c’est le triathlon d’il y a 15 ans. Sinon comme toute les disciplines de fond, la domination est africaine. C’était d’ailleurs pour moi une expérience unique de prendre le départ au milieu de Kenyans, Ougandais, Érythréens. Un autre monde…
On est assez néophyte, mais le format est plus court que les marathons et ultra en trail, n’est-ce pas?
Je sais qu’il y a un cahier des charges assez strict qui régit les courses de montagne. La durée de course doit avoisiner l’heure avec un dénivelé maximum et minimum… En gros, c’est 10-12 km avec 800-1200m de D+. Cela nécessite un gros moteur, de la puissance, de la technique, de l’agilité, et du mental.
59712_10151537116519501_1269337589_nFinalement, on peut dire que tu n’as jamais voulu quitter le court et intense dans l’effort.
Oui, ce que j’aime c’est courir vite, et être au coude à coude. Aussi ma foulée, ma façon de courir et mes capacités physiologiques font que je marche bien sur ce type de course. Et, de toute manière mon temps alloué à la pratique du sport, et les blessures me permettent difficilement d’envisager monter au delà de 30 km de course.
J’imagine que porter le maillot de l’équipe de France était un événement spécial pour toi.
Porter le maillot de l’équipe de. France est toujours un moment particulier. C’est un mélange de fierté, d’honneur, et d’émotion. Mon père la porter avant moi (en aviron), j’ai eu la chance de le porter dans plusieurs disciplines, voir même d’entendre la Marseillaise sur plusieurs podiums c’est toujours très émouvant.
Tu n’as malheureusement jamais été sélectionné pour les Jos. Tu avais d’ailleurs gagné à Lorient la dernière coupe du monde en sol français quelques mois après Beijing. J’imagine que les Jeux olympiques ont une saveur particulière pour toi?
Ma non-participation aux Jeux restera toujours le point noir de ma carrière. J’ai eu une carrière bien remplie, mais j’aurais vraiment voulu y assister. J’ai toujours tout fait pour y aller, mais les aléas du sport en ont décidé autrement. Effectivement en 2008 comme en 2004 j’ai remporté les étapes de coupe du monde quelques semaines après l’événement. Toute ma préparation était basée sur cet objectif.
Cela demeure la plaque tournante pour le triathlon, est-ce que tu trouves cela dommage? Parce que si l’on regarde notre jeunesse, ils te disent avant tout qu’ils veulent aller aux Jeux avant de dire qu’ils veulent avoir une carrière.
Les JO par ce qu’ils représentent et l’engouement médiatique qu’ils génèrent ont raison de l’intérêt de tout sportif. Après y aller ne doit pas être une finalité, seule une médaille compte, et pour ça il faut déjà claquer quelques courses…les médaillés ne sont jamais des inconnus.
Tu suis toujours le triathlon? Comment vois-tu l’évolution de l’ITU?
Oui, je suis le triathlon à distance, il me semble que son évolution est plutôt positive. L’image et les valeurs qu’il génère sont bonnes, je suis certain que le format relai en équipe fera son apparition au programme des JO.
As-tu l’impression que les athlètes sont très différents qu’a ton époque? 
J’ai quitté le circuit il y’a pas si longtemps, et je n’ai pas l’impression que les athlètes sont très différents. Le niveau a encore augmenté et j’ai l’impression qu’il y’a plus d’écart entre les ténors et les autres. C’est un peu normal, beaucoup d’athlètes de classe mondiale blasés par l’incapacité à monter sur les podiums trustés par les Brownlee, Gomez, et maintenant Mola ont déserté le circuit ITU pour d’autres formats. La densité est moins grande devant, l’élastique à tendance à casser plus vite et les écarts au final sont plus importants.
Penses-tu vraiment que les façons de s’entrainer sont différentes?
Je pense qu’il y’a eu un virage de fait à partir de 2007 dans l’entraînement. Les charges d’entraînement ont sensiblement augmenté, et le niveau avec. Dorénavant je pense qu’il est difficile de performer en dessous de 30h hebdomadaires.
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Revenons à toi, tu fais partis des anciens sportifs qui n’ont pas réussi à arrêter totalement le sport et la compétition. Comment expliques tu cela?
Je n’ai jamais dit que j’allais arrêter le sport. J’ai toujours fait du sport, ça fait partie de mon équilibre, de ma vie. Je ne suis pas en mal de compétition, ma carrière en triathlon m’accomplit complètement. Après ma dernière sélection en équipe de France de course de montagne est arrivée un peu par hasard, j’ai saisi ça comme une opportunité d’ouvrir un nouveau petit chapitre dans ma carrière sportive, une expérience nouvelle à vivre, mais je ne suis pas en mal de compétition ni de reconnaissance.

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