Le nom de Raphael Mailharrou vous dit probablement rien, c’est pourtant lui qui est qui est derrière la carrière fulgurante de Dorian Coninx qui gagne deux titres de champion du monde (U23 & junior). Un coup de chance? Il est aussi l’entraîneur de Margot Garabedian et Lucas Jacolin, deux athlètes qui représentait aussi la France en junior à Edmonton. Évidemment, cela à piqué notre curiosité.
Tu reviens d’Edmonton, peux-tu nous parler des résultats de ton groupe?
J’imagine que tu reviens très satisfait.
De retour d’Edmonton, je dresse un bilan plutôt positif de ces Championnats du Monde.
Pour commencer, Margot Garabedian qui a appris sa sélection pour les mondes trois semaines avant l’échéance, réalise une très belle 7ième place, le départ natation n’a pas été une réussite mais elle a fait un bon vélo avec la Danoise et une belle course à pied.
Lucas Jacolin prenait le départ sans aucune pression. Quatrième de la délégation Française, il a appris sa sélection au même moment que sa co-équipière. Il réalise une course pleine et termine 10iéme et 2iéme Français.
Dorian Coninx était plutôt confiant sur la performance à venir bien que 10 athlètes pouvaient prétendre au podium. Natation correct. Un vélo où on sent qu’il a des fourmis dans les jambes, je le vois énervé du fait que ça ne roule pas. Puis, beaucoup plus de sérénité pour se focaliser sur la partie pédestre.
Lorsque que je le vois courir sur les séances tests post compétition, je me dis qu’il va pouvoir mener un train d’enfer, c’est le cas. Un 10km maitrisé, je pense qu’il peut rapidement aller beaucoup plus vite.
Fier de l’ensemble, ils ont travaillé pour être performant le jour « j ». On sait ce qu’on doit mettre en place pour optimiser la performance. Qu’on ne se trompe pas, l’objectif de l’année pour tous les athlètes présents étaient celui-ci !!!
Pour Dorian Coninx, c’était sa première année en U23, il réussit l’impossible en gagnant dès sa première année d’éligibilité, est-ce que tu croyais cela possible?
Dorian a réalisé deux bons stages dans l’année, le premier aux Canaries cet hiver, et un second à Font-Romeu cet été. Mais surtout, sa régularité dans les entraînements et son investissement au quotidien, m’ont permis de croire en ses chances.
Est-ce que son entraînement à beaucoup évolué cette année?
Cette saison, il a augmenté le volume à pied, en évitant de diminuer en natation. Ce qui n’est pas une chose facile pour un ancien nageur, on aurait tendance à délaisser la natation du fait d’une overdose de bassin. Il maintient des sorties vélo tout au long de l’année.
Dans sa courte carrière, il a débuté sa saison avec la pancarte du champion du monde jr, vous avez eu des hauts et des bas, on imagine que pour toi, ton rôle de coach n’était plus juste de lui donner des séances mais de lui redonner confiance.
Il est évident que l’automne 2013 a été compliqué, il a dû faire face à certains problèmes personnels, plus deux entorses, etc… L’avantage est que je le connais bien et que je suis présent donc nous étions ensemble pour cette période délicate qui a duré 4mois. Je n’ai jamais douté, même lorsqu’il termine au-delà de la 50ième place au cross régional.
On a l’impression que tes athlètes sont comme ta famille
Ils restent avant tout des athlètes que j’entraine. Je connais Dorian depuis l’âge de 7ans et Margot et Lucas depuis l’âge de 11ans, donc j’ai suivi leur évolution et les accompagne dans ce projet sportif.
Parlons de ton cheminement, on dit que ton groupe, enfin ton trio est formé d’anciens nageurs. Dorian était un excellent nageur que tu avais dans ses débuts et après certains différents avec un autre coach, il t’a rejoint pour essayer le triathlon. Mais de formation, tu es surtout un coach de natation non? Alors pourquoi le triathlon?
Je suis entraineur avant tout. J’adore la performance. Je travaille dans le domaine de la natation et j’ai fait un peu de triathlon quand j’étais plus jeune. J’aurai très bien pu les envoyer faire du volley ou du ski, si j’avais aperçu des habiletés motrices pour ces sports là.
Ton succès semble prouver qu’il est facile de convertir des nageurs en coureurs?
Je pense que les nageurs peuvent devenir de bons voir de très bons coureurs (car ce n’est que le début). Pour devenir un bon nageur, il faut être un athlète avant tout, multiplier les exercices à sec. Ceci dit, ce n’est pas chose facile, car le « pied » n’étant pas naturel, il faut constamment mettre l’accent sur la proprioception.
Ah tu l’impression que la recette magique pour réussir en triathlon passe uniquement par un passé de nageur?
Je ne pense pas forcément, mais là, je botte en touche. Je ne pense pas savoir convertir un coureur en nageur. A part si celui-ci à de réelles qualités aquatiques.
Comment décrirais-tu ta philosophie en coaching? Face à vos résultats, tu nous donnes presque l’impression d’avoir des méthodes secrètes. :p
Pas de méthode secrète, juste du travail et de la régularité. Je mets l’accent sur la communication, pour qu’ils me fassent part de leur ressenti, et moi de mes attentes. Je crois en eux et fais abstraction des critiques. La force du groupe est cette capacité à s’adapter à tout type d’entrainement, de conditions d’entrainements.
Maintenant, es-tu désormais à l’aise dans la famille du triathlon? Je veux dire par là que les mentalités sont très différentes et que les dynamiques des courses sont quelques choses très différentes que dans un sport ou tu restes dans ta ligne.
J’essaie de me familiariser un peu plus avec ce milieu. Je trouve ça encore compliqué car l’échange sur l’activité est souvent limité à de simples critiques. Beaucoup de personnes savent et moi je n’aime pas les certitudes, mais j’ai fait de belles rencontres qui m’ont permis d’avancer.
Concernant le sport en lui-même, nous avons beaucoup travaillé sur les imprévus de la course et on va encore continuer afin de pouvoir appréhender les différents contextes course.
Peux-tu nous parler de ta réalité? Qui te finance puisque tu n’as juste que 3 athlètes et que tu n’es pas dépendant d’un club.
Je travaille au sein d’un club de natation, le Ncalp’38. Aujourd’hui, les 3 athlètes que j’entraine m’aident pour que je puisse assister aux déplacements, car je pense que malgré ce qu’on peut entendre, l’entraineur doit être présent sur les déplacements, on observe des choses essentielles.
De la même façon, la FFTri m’invite sur les stages afin que je puisse voir leur évolution, et me propose un déplacement dans l’année sur une compétition internationale.
Concernant Edmonton, j’ai été aidé par le club d’Echirolles et le Club de Autun, pour un montant total de 1100 euros, donc j’ai déboursé 1000 euros de ma poche. Très loin d’en vivre, ce ne serait pas du luxe que d’avoir plus d’aide, pour améliorer la vie quotidienne.
Et l’avenir, que réserve 2015?
Concernant la saison 2015, tous les 3 se retrouvent dans la même université, avec le même emploi du temps. Ca va me faciliter la tâche pour le suivi des séances.
L’objectif est de cibler pour Dorian les compétitions importantes. Nous n’avons jamais été dans un objectif de multiplier les courses si cela n’a pas un intérêt. N’étant ni entraîneur triathlon au sein d’un club, ni cadre technique, je pourrai être tenté pour arrondir les fins de mois de leur faire faire la course à la prime, on voit les choses différemment, et on veut répondre présent dans deux ans.
Pour Lucas et Margot, j’aimerai qu’ils puissent rapidement faire des courses élites, dans un objectif de formation.