Bertrand Billard se fait trimer > Retour sur son avenir.

2014 fut l’année des nouvelles expériences (Ironman) et de la consécration pour Bertrand Billard puisqu’il a réussi à conserver sa couronne mondiale en ITU LD. Trimes s’est entretenu avec lui pour faire le retour sur cette saison mais aussi sur son futur. 

2014 a été une année très importante pour toi puisque tu as gardé ton titre de champion du monde ITU LD. Quel est ton bilan sur cette année. 

Je suis très content d’avoir gardé mon titre, et encore plus d’avoir été constant durant la saison. 3 courses me tenaient très à cœur (70.3 Aix, Ironman Nice et Championnat du Monde ITU), j’y ai réalisé de bonnes performances. Un seul bémol, le passage sur Ironman est difficile avec 2 abandons en 3 courses. Néanmoins, c’est une chose à laquelle je m’étais préparé.

On imagine que c’était primordial pour toi que tu n’avais pas gagné ton titre en 2013 à cause des circonstances (annulation de la natation).

C’est vrai que je suis content de remporter le titre sur un format complet. Cela me donne plus de crédibilité face à ceux qui ne me connaissent que par le titre ITU.

Les championnats du monde LD ITU sont toujours critiqués par une communauté parce qu’ils ne rassemblent pas les meilleurs ( » Kona). Pourtant, tu termines tout de même devant Cyril Viennot qui fait un top 5 à Kona. As-tu trouvé les critiques sévères?

J’avoue ne pas m’être intéressé aux critiques, et en même temps, je suis réaliste sur ma performance à Weihai. C’était une course de niveau international comme il y en a d’autres. Néanmoins, je connais les qualités de Sylvain Sudrie et de Cyril Viennot sur des parcours difficiles, ils sont redoutables ! C’est pour cela que je suis très fier de ma performance, j’ai pris beaucoup de confiance pour l’avenir.

Et maintenant quels sont tes objectifs pour 2015?

J’espère poursuivre ma progression sur la distance Ironman, tout en continuant à être performant sur des formats plus courts.

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Toi et ton frère qui te coach semble avoir une vision très progressive dans ton avenir, non?

Je pense que c’est un sport où il ne faut pas se précipiter, au risque d’être contre-performant et ne plus prendre de plaisir. D’un autre côté, il ne faut pas s’endormir non plus, car une carrière est courte et le niveau est plus élevé chaque année. Nicolas essaye de trouver le juste milieu afin de me faire aller le plus loin possible mais aussi le plus longtemps possible.

J’imagine que tu dois subir une certaine pression à te voir évoluer plus fréquemment en Ironman? D’ailleurs, est-ce que Kona est un rêve ultime pour toi?

La pression vient du fait que je n’ai pas encore réussi à reproduire le même niveau de performance sur 70.3 et sur Ironman. J’ai un peu l’impression de repartir à zéro, comme un minime qui apprend à faire ses premières transitions vélo course-à-pied. C’est une pression positive et une excitation à la fois. Kona n’est pas forcément le rêve ultime. Je rêve surtout d’émotions partagées sur la ligne d’arrivée d’une grande épreuve où j’aurais réussi ma course parfaite.

Avec tes débuts à Ironman Nice et sachant que l’offre en 70.3 est de plus en plus lucrative, tout pourrait demeurer en 70.3, non?

Nice m’a motivé pour la suite, c’était tellement intense… Rien de ce que j’avais connu sur 70.3 n’est comparable en termes d’effort. Je suis sûr que si le plaisir est là, les performances suivront…

Ma priorité est de passer de nouvelles étapes sur Ironman, avec en ligne de mire Kona. Autour de ça, le championnat du Monde restera une course importante, tout comme le 70.3 d’Aix. Quant aux 70.3 World Championship, cela pourrait me permettra de rentrer dans la course au Kona Pro ranking 2016.

La situation des pros reste précaire en fonction des autres nations, as-tu l’impression que cela évolue?

Il est vrai qu’il est plus difficile de trouver des sponsors en France que dans les pays Anglo Saxons, où leur système économique et leurs mœurs sont plus favorables à cela.  Cependant, nous sommes un des seuls pays au monde à avoir des clubs qui nous aident vraiment. Il y a aussi les contrats d’insertion professionnelle pour les plus « chanceux ».

On imagine que le soutien de l’équipe de France et du pôle à Montpelier doit faire la différence. Peux-tu nous parler de ta situation.

En effet, j’attaque ma 9ème année au sein du Pôle France triathlon, c’est important de faire partie d’un groupe et d’avoir un suivi quotidien. J’étais venu ici dans le but de participer aux JO de 2012. En 2010, la densité devenait trop forte et mes progrès en natation/course à pied n’étaient pas suffisants. J’ai préféré me lancer sur le long. La FFTRI a continué de me soutenir dans ce projet, même si les moyens financier pour aider le « longue distance » sont très limités.

UntitledContrairement à d’autres pros, tu communiques librement ton nombre d’heures d’entraînement et on peut suivre tes sorties vélo sur Strava. Qu’est ce qui alimente cette envie de transparence?

En effet, ce n’est pas forcément une envie de transparence mais plutôt de partage. C’est un vrai plaisir de mettre en ligne les entraînements et de répondre aux interrogations de mes suiveurs. Les amateurs aiment se comparer aux professionnels, et ils peuvent le faire facilement, c’est aussi ça, le charme du triathlon.

D’ailleurs ton volume semble assez peu élevé en comparaison a certain. Est-ce que toi et ton frère préfèrent limiter le volume pour la qualité?

C’est vrai qu’on me demande souvent si je mets tous mes entraînements en ligne, beaucoup ont l’impression qu’il faut s’entraîner 40h/semaine toute l’année. Cela est probablement dû à l’image que d’autres pros renvoient afin de légender un peu plus leur histoire et leur sport. J’aime assez aller à contre-courant de ce phénomène.

As-tu l’impression de déjà tout dédier dans ta vie pour le triathlon?

Si je ne le fais pas maintenant, je ne le ferai jamais! Alors évidemment, ma vie tourne autour de mon sport. C’est une aventure passionnante, j’ai la chance de pouvoir voyager et de rencontrer de nombreuses personnes, souvent bienveillantes à mon égard. Et puis il faut en profiter pleinement car tout cela peut s’arrêter d’un moment à l’autre.

Voudrais-tu ajouter quelque chose?

Je te remercie pour le « Trimage », bonne continuation à toi.

 

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