Abu Dhabi est une première sur plusieurs aspects. La première fois que la série mondiale commence aussi tôt dans la saison et sur ce parcours. Cela signifie que les athlètes n’avaient pas de repères. Dans les résultats, on remarque une corrélation entre les résultats et certains squads. Cela s’explique par un environnement d’entrainement mieux adapté et des athlètes qui ont déjà remis un dossard cette saison.
La natation.
La distance Sprint est assez courte pour permettre à certaines filles de limiter les dégâts. Comme toujours, il est très important de ne pas se faire piéger avant la première bouée.
Abu Dhabi était l’une des très rares courses avec un départ sur une plage. Pour les athlètes, cela demeure un sujet d’inquiétude. En quelques mètres, elles peuvent se retrouver dans une position difficile.
La position au départ…
L’athlète a le choix de se placer où elle veut, en fonction du classement mondial, elles peuvent choisir chacun à son tour. Étonnement, Gwen Jorgensen ne fera pas le choix de se placer sur une extrémité, elle choisira tout de même le coté gauche (5 femmes sur sa gauche) puisque le premier virage est de se coté. Cela signifie que tout le monde se dirigera vers ce côté.
Le positionnement sur le ponton a une grande importance. C’est un aspect stratégique qui est méconnu du grand public et que donc les médias ignorent. Certains athlètes réussissent pourtant à se grouper avec des athlètes « amis » (partenaires d’entrainement).
Faux départ?
Plusieurs athlètes ont volé le départ. Cela a été provoqué par une certaine longueur à le donner. D’après notre compréhension, les athlètes n’ont pas été sanctionnés parce qu’elles se sont arrêtées.
Les favorites piégées?
D’après notre compréhension, la masse s’est dirigée sur la gauche, cela a enfermé les favorites qui s’étaient placées sur ce côté. Comme toujours, Routier prendra 10 mètres sur tout le monde dès la première bouée. Elle a cette vitesse de démarrage qui la distingue.
De manière générale, les excellents nageurs vous diront toujours que les passages de boues sont faciles, pour les autres, ils diront que c’est un combat. C’est vers la 30e place qu’on remarque la rugosité dans le passage de la première bouée. L’ITU a fait le choix de faire un U avec 4 bouées au lieu de trois. La première imposait tout de même un virage à 90 degrés.
Les parcours de natation sont très imprévisibles. Les bouées entre les virages prononcés sont à risque pour ceux qui sont trop à l’intérieur.
Carolina Routier ne lâchera jamais la tête. Elle donne même l’impression de ralentir intentionnellement pour ne pas sortir seule. Il n’y aura pourtant jamais de véritable cassure.
C’est la sortie de l’eau qui finira par jouer.
La configuration est plutôt particulière et finira par créer une congestion. Les Américaines True et Zaferes seront les premières favorites à sortir à 10s de Routier, Cassandre Beaugrand qui était à sa deuxième WTS et qui devait choisir sa position sur le ponton dans les dernières s’en tire très bien en sortant en 12e position.
Carolina Routier sort de l’eau en 9:31. Anne Haug continue à sortir loin (10:14). Même chose pour la Polonaise Agnieska Jerzyk (10:24). Pour cette ancienne championne du monde U23, elle risque toujours d’être éliminée rapidement de la course.
C’est d’ailleurs l’ironie de cette natation, les favorites se sont généralement fait piéger. Leur privilège s’est retourné contre elles. Bonin, Hewitt, Jorgensen, Stimpson, Klamer, Moffatt sortiront à plus de 30s de la tête. Ce qui est plutôt inhabituel.
Cela peut paraitre anodin, mais cela aura une grande influence sur le reste de la course.
Les transitions.
Étant sans wetsuit, la place à l’erreur est moindre. La meilleure est signé Flora Duffy en 32s. La moyenne demeure à 36s. La plus lente est celle de Gaia Perron qui était pourtant sortie en 2e position.
Le vélo.
Le parcours d’Abu Dhabi est assez particulier parce qu’il n’est pas véritablement technique. Les athlètes savent qu’elles auront besoin d’une bonne entente pour faire l’écart ou revenir. À cause des très longues lignes droites, les meilleures en vélo refusent de faire le travail pour les autres.
Dans le premier kilomètre, les écarts sont très réguliers entre les athlètes. Malheureusement en tête, Lucy Hall n’obtiendra de l’aide de personne. En arrière on voit tout simplement des filles nettement plus fortes revenir en paquet sur la tête. Katie Zaferes ramenera True sur Hall. Ces deux filles sont d’ailleurs américaines et partagent le même coach (Filliol). Celine Scherer, Lindsey Jerdonek, Erin Jones, Yuko Takahashi, Yuka Sato, Flora Duffy, Gaia Peron, Lisa Norden, Aleen Reid, Cassandre Beaugrand, Mari Rabie, Lindemann, Pennock rentreront sur la tête.
Malheureusement, Cassandre Beaugrand, Ellen Pennock et Lindemann finiront par perdre ce groupe. Il est d’ailleurs intéressant de comparer le temps du premier 1,9km. Flora Duffy enregistra un temps de 3:04, en combinant à son excellente transition, elle réussit tout simplement à rentrer sur Lucy Hall qui a nagé 30s plus rapidement qu’elle. Malheureusement, pour nos deux jeunes Françaises, Beaugrand signera 3:18 et elle perdra rapidement son groupe. Audrey Merle aura le même sort avec 3:22. À titre de comparaison Gwen Jorgensen fera 3:17. Évidemment, c’est temps sont influencés par les conditions. Il faut tout de même ne pas oublier que Flora Duffy a réussi à remonter seule toutes les filles. Il faut s’avoir sauter dans la bonne roue et la garder.
On verra d’ailleurs Gwen Jorgensen prendre la tête de son groupe. C’est un aspect important à souligner. Ironiquement, le groupe de tête constitué de 4 américaines, jouait tout simplement contre elle.
Ce qui marquera ce vélo, c’est le nombre de fois que les athlètes finiront par prendre leur groupe. Cela est arrivé en grande majorité dans les relances. Beaugrand, Reid, Lindemann, Rabie finiront pas se faire reprendre rapidement par le groupe de poursuivant composé de Hewitt, Moffatt, Haug, Sweetland, Stimpson, Bonin sont toutes là.
Cette image est particulièrement intéressante parce qu’avant le virage, le groupe était très compact. En sortie de ce demi-tour, plusieurs filles décrocheront (Jones).
Le casque aéro et la position!
On continue à ne pas comprendre pour les athlètes n’utilisent pas plus des modèles plus aéro comme le Kask Infinity. On préfère ne pas montrer le pire, mais le meilleur, Lisa Norden a une excellente sur son vélo. Ce n’est pas le cas de tout le monde, on voit vraiment trop de femmes avec les mains sur les drops ou les hoods avec les bras tendus.
Alors voici Lisa Norden, tu prends la photo et tu fais la MÊME CHOSE! On a aussi du mal à comprendre cette réticence à donner des cadres et des roues plus aéro. Certaines marques très connues refusent d’équiper leurs athlètes féminines avec les mêmes équipement que les hommes. Il n’y a pourtant aucune raison pour les en priver.
C’est dès le deuxième tour que Lisa Norden, Lucy Hall et Flora Duffy se détacheront de leur groupe. C’était clairement les 3 meilleures cyclistes de ce groupe. Cela démontre que même sur un parcours très plat, il est possible de se débarrasser des filles qui refusent de collaborer. L’avance qui était constante de 25s après 2 groupes commencera à augmenter progressivement à partir de ce moment-là.
Zafares et Jerdonek réussiront à faire l’effort pour revenir. Dans le cas de Zafares, c’est une info très importante pour le reste de la saison puisqu’elle a chuté à ses premières courses en WTS. Elle vient de démontrer qu’elle a la puissance pour bien faire sur le circuit.
Est-ce que Zafares aurait pu gagner cette course?
Elle finira à seulement 15s de la tête, elle perdra son groupe sur une accélération après un virage. C’est probablement le fruit d’un manque d’expérience. Et une crainte technique puisque le virage comportait une sorte de dos d’âne.
La grande surprise est que le groupe de tête (à 4) réussira a augmenter leur écart, de 37s après 15km à 1 minute à la fin du vélo.
Lisa Norden encore très loin?
La revoir imposer sa force à vélo démontre que les dynamiques de courses seront très différentes à l’avenir. Elle et Duffy ont démontré qu’elles étaient nettement au-dessus à vélo. Leur faculté à casser leur groupe démontre leur force. Il ne fait aucun doute qu’elle pourra faire de même sur des parcours plus difficiles.
Malheureusement, elle n’a toujours pas retrouvé sa vitesse en course à pied. Elle a pourtant repris l’ITU depuis plus de 8 mois, elle a fréquemment été blessée au pied, il est donc difficile de savoir si son volume reste assez limité.
T2.
Finalement, il y aura 2 groupes, l’un à 27 secondes et l’autre à 55 secondes. Le fait marquant est le fait que Gwen Jorgensen ne sera pas en mesure de remonter son pack pour poser à l’avant de son groupe. C’est une erreur technique. Cela la forcera à devoir doubler plus de 30 femmes.
On observera Lindemann sortir avec Beaugrand, les deux se marquent le maillot…
Une question d’expérience.
Haug, Moffat, Riveros et Hewitt seront les plus rapides pour sortir.
Les États-Unis en force?
5 athlètes dans les 10 premières. On n’avait pas vu cela depuis la domination australienne.
Une Gwen encore plus forte?
Elle a la réputation d’accélérer progressivement. Attendre que les jambes reviennent. Son retour sur la tête se fera tellement rapidement qu’elle nous démontre qu’elle est désormais capable de sortir en surrégime.
On a fait nos comparaisons. entre le premier et deuxième split
Riveros 8:04 8:42 +36
Jorgensen 7:33 8:26 +55s même si Gwen peut ralentir sur l’arrivée, elle est aussi gênée dans son départ étant forcé de se faire un chemin afin de passer un groupe dense. Pour pouvoir partir aussi rapidement, il faut avoir toutes ses forces. Est-ce que Gwen est encore meilleure à vélo qu’avant?
C’est la grande question de cette course, on pensait qu’elle pouvait revenir d’un retard de 40s. Malheureusement, dans les filles échappées, il n’y avait pas de top coureuses comme Hewitt, Jackson (absente), Gwen Jorgensen lui reprend 45s.
La victoire de Gwen Jorgensen peut amplifier la croyance qu’elle est imbattable sur ce style de parcours. Pourtant, il aurait suffi que Jorgensen ou Riveros soient dans le groupe de tête, chose fortement possible pour que la course reste indécise.
Des planifications différentes.
Chaque athlète a des objectifs différents. À la vue de cette course, on peut se demander si Gwen Jorgensen est la seule athlète dans la lutte pour le titre. Sans dévaloriser les autres têtes d’affiche, elles semblent avoir une vision à long terme et une volonté de progresser dans la saison. Que cela soit Katie Zaferes ou Sarah True, il ne fait aucun doute qu’elles peuvent courir nettement plus vite.
On continue à penser que Gwen Jorgensen gagne parce que les éléments lui sont favorables. Elle n’a toujours pas affronté une Lisa Norden, Nicola Spirig a son meilleur. La Suédoise dans sa forme olympique avec 1 minute d’avance aurait sans aucun doute gagné la course. Si on prend Andrea Hewitt, son temps de cap est à 32s de celui de Gwen à Londres. Il est à 51s à Abu Dhabi.
Comparaison Homme Femme.
Abu Dhabi 2015, les deux mêmes gagnants.
Mario Mola 14:04, Gwen Jorgensen 15:57. +53
Londres 2014
Mario Mola 14:18, Gwen Jorgensen 16:10. +52
Si cela peut vous rassurer, Emma Jackson avait signé 16:17. Andrea Hewitt 16:43 (33s)
La saison commence à Auckland?
Même si les sprints sont de plus nombreux sur le circuit, on continue à croire qu’ils faussent notre perception des forces de chacun. Il ne fait aucun doute que si Gwen Jorgensen doit perdre une course, c’est celle d’Auckland. On verra d’ailleurs le début de saison de plusieurs athlètes prometteuses ou très offensives à vélo à cette course.
Il manquait une course préparatoire?
Avec une première course non disputée en hémisphère sud, pour des nombreuses athlètes, c’était leur premier triathlon de la saison. Il y a eu de nombreuses erreurs parce que les réflexes n’étaient tout simplement pas là.
Et oui, on a l’impression que Gwen Jorgensen a gagné parce qu’elle était la plus prète. Ce qui demeure terrifiant, c’est qu’elle gagne en manquant sa natation et son vélo. Elle ne perdra pas des courses parce qu’elle a fait des erreurs, mais uniquement si les autres s’unissent contre elle.
Une course d’une importance moins grande?
Ironiquement, on ne reproche pas aux autres filles de ne pas déjà être à leur meilleur niveau dans la saison. Le circuit est rentrée dans une certaine hypocrisie en voulant faire croire que toutes les courses étant importantes, Abu Dhabi avec son parcours peu relevé ne reflète en rien les nécessités nécessaires pour Rio ou des épreuves en distance olympique. On est tout simplement juste en Mars et comme on l’a déjà mentionné, les athlètes ont des priorités toutes différentes.
C’est vraiment dommage, les articles sont vraiment très intéressants, le problème, c’est qu’ils sont bourrés de faute, ça gêne un peu à la lecture, et cela dans tous les articles, relire un article avant de le publier est si chronophage que ça ..?