Hier, Ironman dévoilait les gagnants de sa loterie pour Kona. La WTC se félicitait d’attribuer 5 places pour les athlètes à challenges (handicapés). L’offre est pourtant limitée à 1 place par catégorie (5). L’athlète gagnant un spot devra d’ailleurs valider sa participation en complétant un ironman ou un 70.3 dans l’année.
Cela signifie qu’un athlète aveugle courera contre lui même puisqu’aucun autre athlète avec le même handicap ne pourra obtenir son dossard, il n’existe aucun processus de qualification pour eux. On leur a donc retiré toutes notions de compétition. Leur catégorie n’est d’ailleurs pas listée dans les résultats.
En fouillant, le processus de qualification pour les athlètes handicapés existe uniquement pour la division ‘handcycle‘ (vélo à mains). Seules trois courses (Cairns, Luxembourg et Buffalo Springs Lake) offrent un spot pour Kona (homme et femme).
Même si le débat est en ce moment tourné sur la parité homme et femme chez les pros, la problématique des athlètes à challenge est encore plus flagrante. Et comme à son habitude, puisque cela n’est pas médiatisé, ils sont rares à se sentir concernés.
Les apparences sont trompeuses.
Ironman a pourtant une très longue tradition avec les athlètes handicapés, qui ne connait pas la famille Hoyt!. Les faits sont très méconnus, mais ce père qui poussait son enfant avec une paralysie cérébrale a déjà dû se battre contre le système. En 1981, le marathon de Boston a tout fait pour empêcher le duo de prendre le départ. L’organisation leur a demandé de se qualifier en courant le temps en fonction de l’âge du fils et non du père (pousseur). Les Hoyt prendront le départ de Kona en 89. Ils reviendront en 1999, 2003, 2004 et 2006 sur l’ile. Ils deviendront une » attraction » permettant à Ironman d’obtenir une visibilité mondiale et de véhiculer des bonnes valeurs qui motiveront de nouveaux adeptes.
Le récent film français de toutes nos forces a d’ailleurs remis le sujet à l’actualité et il ne fait aucun doute qu’il aura un impact positif sur le circuit et motivera des athlètes handicapés ou valides à relever le défi.
Ironman a régulièrement su créer le buzz avec des athlètes handicapés, on pense à Rudy Garcia Tolson ou encore Alex Zanardi. Cela leur permet d’être des protagonistes dans leur rétrospective de la course.
Mais pour les autres, ceux qui n’obtiendront pas d’invitation parce qu’ils ne sont pas assez connus, ceux qui ont déjà une vie plus compliquée que la moyenne, devront tout de même passer par un tirage au sort… Même si les athlètes peuvent solliciter des invitations, la procédure est très obscure et il est très difficile de quantifier leur participation.
À sa défense, Ironman donne 2 spots à la fondation Challenged athletes afin de se financer et obtient des invitations pour ses athlètes afin de promouvoir leurs causes. Cela reste une organisation américaine et ce traitement de faveur leur est donc réservé.
L’ITU à la rescousse?
L’entrée du triathlon aux Jeux paralympiques à un effet très positif pour les athlètes handicapés, l’ITU a désormais un circuit mondial et les fédérations soutiennent les athlètes dans leurs objectifs de haute performance. Mais après Rio, ceux qui voudront se lancer dans l’aventure de Kona risquent d’être fort déçus.
Il n’y a pas de raison pour que l’on ne puisse pas partager les mêmes rêves.