Surprise surprise, Fred Belaubre fera son retour à la compétition ce week-end sur le distance Ironman 70.3. Lorsqu’un gagnant de plusieurs coupes du monde, trois fois champion d’Europe, six fois champion de France et olympien (5e à Athènes) décide de se lancer en 70.3, Trimes ne pouvait s’empêcher de vouloir en savoir plus!
Tu prendras le départ à Ironman 70.3 Oceanside, dans quel état d’esprit te lances tu dans ce nouveau chapitre dans ta carrière?
Comme toute nouvelle aventure, il y a une grande part d’excitation et de suspens. Cette sensation a commencé dès cet hiver lorsque j’ai commencé à me préparer en vue de cet objectif.
Mais je sais aussi que les nombreux paramètres d’une performance sur cette distance sont nouveaux (gestion de l’effort, gestion de l’alimentation, réaction à la position aérodynamique sur le vélo…), et je ne sais pas comment je vais réagir. Donc la première va être délicate à mener de par l’inconnu qu’elle représente pour moi. C’est le côté un peu plus stressant. Dans le pire des cas, je tirerai les enseignements de mes erreurs, ce sera une bonne expérience.
D’ailleurs, c’est l’un des plus durs parcours à vélo sur le circuit. Est-ce que c’était important pour toi de t’aligner sur ce type de profil ? Les mauvaises langues diront que c’est paradoxal pour un athlète issu de l’ITU.
Non, ce n’est pas spécialement important. J’y suis allé au « feeling » pour le choix de la Californie, sans trop me poser de question.
J’ai eu beau m’entraîner dur tout l’hiver, ma préparation en vélo est surement encore perfectible. Je pense que c’est sur cette partie de course que je vais avoir le plus de mal à suivre le rythme. Mais, que le parcours vélo soit qualifié de « dur » ou pas, tu es seul sur ta selle, et il faut appuyer sur les pédales…
Il faut que je participe assez tôt aux compétitions afin de marquer des points et me qualifier au Championnat du monde de 70.3 ou/et ITU LD. Alors j’ai choisi une course à points,relevée, assez tôt dans la saison, et dans une destination que j’apprécie.
Es-tu impatient de te mesurer à nouveau avec Frodeno?
Impatient de le revoir pour discuter un peu oui, et de voir ce que je vaux en ce moment par rapport à la référence mondiale sur cette distance. Au moins, je serai où j’en suis, mais je ne me mets pas de pression.
Je me suis beaucoup mesuré à lui avant, et après son titre olympique sur courte distance. Je sais qu’il est très fort. Je n’ai pas la prétention de penser que je vais arriver et tout casser pour ma première expérience. Ce qui est sûr c’est que je ne laisserai passer aucune occasion!
Est-ce que cela signifie que tu vas désormais te concentrer sur cette distance? Quels sont tes objectifs pour 2015?
> Championnat du Monde long ITU
> Championnat du Monde 70.3
> Grand Prix avec mon club de Vitrolles
Donc la réponse est oui, mais pas « que ». C’est important pour moi de garder l’ambiance du Grand Prix et l’état d’esprit d’un classement par équipe.
En parlant des grands prix de D1, est-ce que je me montre où cela reste la formule préférée des élites?
J’aime l’ambiance, la rapidité de la course, le plateau international et surtout le faite de venir courir en équipe. Ça fait du bien de partager les émotions, bonnes ou mauvaises, que l’on vit dans le triathlon « professionnel ».
Tu avais fait un retour en ITU après une longue absence. Tu as tout de même fait 2 podiums en coupe d’Europe en 2014. Pourquoi avoir finalement arrêté sur le circuit olympique?
Je l’ai assez dit, mais comme le choix était dur et long à prendre pour moi, je ne m’exprime peut-être pas assez franchement. C’est un mélange de :
+ il faut savoir laisser la place
+ les jeunes qui arrivent sont très talentueux
+ la fédération ne me fera confiance que si je suis une chance de médaille sûre et certaine pour Rio.
Donc je me suis accroché, mais j’ai senti en faisant ces podiums en Coupe d’Europe et du Monde ces 2 dernières années (Tizsjosvajos, Genève, Madrid …) que j’avais besoin d’une nouvelle aventure. En voyant le plaisir que je prends à regarder un gars comme Vincent Luis performer sur WTS, et en ressentant l’excitation monter à l’approche de la course qui m’attend à OceanSide, je ne regrette pas mon choix!
Cette question peut paraitre déplacée, mais j’imagine que ce changement (passage en 70.3) est très stimulant pour toi parce qu’on ne te parlera plus de ton âge comme un handicap et tu es plus libre de tes choix…
C’est vrai que cette nouvelle distance sous-entend aussi un état d’esprit plus zen, une certaine liberté au niveau du calendrier, des personnes inconnues, et des objectifs inédits pour moi. Ça me relance vers des projets, une aventure, et une vie différente!
Par contre, pour être franc, je me sais très sensible au soutien que les gens me témoignent tels que mes sponsors, supporters, amis et famille, mais je suis complètement indifférent au fait que certains me parlent de mon âge. Que ce soit vrai ou non d’ailleurs. Je fais du sport et je suis heureux.
Je pense qu’il faut prendre le bonheur là où il est, et ne pas se poser trop de questions. Cela dit, je constate effectivement qu’il sera de plus en plus facile pour moi de m’entraîner en augmentant la « longueur » que la « vitesse ».
On dit souvent que l’entrainement entre le 70.3 et l’ITU est très similaire, qu’elle est ton avis là-dessus?
Je le pense aussi, peut être un peu moins d’heures en natation et un peu plus en vélo, ainsi qu’une augmentation de l’allure « sv1 » et diminution de celle « sv2 ».
Est-ce que tu as déjà dans la mire l’ironman?
De plus en plus oui ! Mais pas pour tout de suite…
Tes anciens partenaires en équipe de France comme Moulai, Peon, Harrison n’ont jamais véritablement fait le saut vers la longue distance. Les dynamiques de courses étant tellement différentes, as tu une crainte d’avoir de la difficulté à t’adapter à la longue distance puisque tu dois passer d’un effort très spontané à très calculateur… Est-ce que c’est quelque chose qui t’est passé à l’esprit?
Oui bien sûr, c’est là toute l’excitation, mais aussi le stress à la fois. C’est une bonne pression, comme je le dis plus haut je n’ai pas étudié les vidéos des courses, comparé les chronos, élaboré de tactiques.. Je pars et on verra bien. Dans le pire des cas, j’apprendrai beaucoup de cette première course.
Moi qui ai toujours été dans le contrôle, je me laisse le droit à l’erreur pour une fois!
Et puis comme me l’a souvent conseillé un pote qui n’est plus là pour en parler, « j’arrête d’avoir peur d’avoir peur » !
Est-ce que tu voudrais ajouter quelque chose?
« Il faut kiffer la vie ! » Alexis Vastine
Ce triathlète est un grand homme !!
Certains anciens membres de l’equipe de France courte distance ont AUSSI franchi le pas de la longue distance, et certains meme de la generation de Fred Belaubre comme S.Sudrie ou meme C.Fleureton qui avait participe a un ou deux HIM (avec ambition d’y performer) avant de se blesser et de mettre un terme a sa carriere de triathlete (C. Morel, B.Billard sont d’autres exemples).
Oui, c’est vrai, mais tu parles d’athlètes qui ont le choix de changer en étant nettement plus jeunes (à l’exception de Fleureton) lorsqu’ils ont fait la transition. Aussi, ils n’avaient pas le meme niveau de réussite sur le circuit mondiale.