Il y’a toujours un entraîneur derrière l’athlète. Même si le triathlon au Canada ne profite pas d’un aussi grand bassin d’athlètes que d’autres nations, le travail acharné des coachs permet tout de même aux athlètes de briller sur la scène internationale. Depuis 4 ans, Kyla Rollison [entraineur en chef au club de Tri-o-lac], a toujours eu des athlètes sélectionnés pour représenter le Canada aux Championnat du monde junior. La récente 2e place à la coupe du monde de Mooloolaba. Amélie Kretz a d’ailleurs été formée par Kyla dans ses années junior. Nous avons parlé à Kyla pour tenter comprendre les raisons du succès de ses jeunes.
Les entraineurs sont rarement sous la lumière, avec la récente victoire d’Emy Legault au championnat Nord Américain Junior, c’est déjà ton troisième titre continental en 4 ans. Rendu-là, on ne peux plus parler de chances!
John Heywood a dit que plus je travaille, plus je deviens chanceux … Je crois dans une légère variation de cette théorie, plus mes athlètes travaillent intelligemment, plus ils seront chanceux!
On pourrait croire que ta réussite vient d’une approche différente dans l’entrainement? Je sais que vous croyez dans une philosophie qui valorise le volume à faible intensité …
Je ne crois pas que j’ ai du succès, je crois que mes athlètes savent créer le succès en prenant les outils que je leur donne et ils en tirent le maximum. Parfois, c’est en valorisant le volume, et des fois l’intensité. Il n’y a pas une recette. Le succès arrive en adaptant le programme aux besoins de l’athlète afin que les athlètes puissent s’ adapter aux spécificités de la compétition.
Avec votre récent succès, vous avez prouvé que l’hiver au Canada n’était pas une excuse.
L’hiver est certainement un énorme handicap. Je crois en partie que l’adversité forge la résilience. Pour construire un véritable programme de haute performance, on doit se munir de périodes pour aller s’entrainer dans le sud.
Vos athlètes sont généralement très forts à le vélo. Cela fait d’ailleurs partie de leur stratégie d’être très offensif dans cette discipline …
Le cyclisme est une partie intégrante de mon programme, oui.
Les choses n’étaient pourtant pas aussi si facile dans le passé. Quand votre meilleure athlète à quitté le groupe pour rejoindre un environment plus compétitif, vous aviez l’impression de devoir tout recommencer de zéro …
L’arrivée de Libby Burrell à Triathlon Canada a changé beaucoup de choses. Libby m’a donné la possibilité de grandir en tant que coach et le succès de mes athlètes est dû en partie aux possibilités et aux changements qui ont été entraînés par ses actions.
Personnellement, j’ ai toujours pensé que vous étiez très engagée émotionnellement avec vos athlètes, même si le résultat est important, il est aussi primordial de développer des personnes biens dans leur tête. Vous avez cette franchise qui peut causer des soucis, est-ce que je me trompe?
Je coache deux éléments: l’athlète et la personne. En natation, il ya un vieil adage: l’athlète nage les premiers 85m du 100m et le coach les derniers 15m, je crois que l’athlète n’est complet que si la personne a été entraînée ainsi. Pour coacher quelqu’un, l’honnêteté et la franchise sont indispensables, ce n’est pas quelque chose qui plaît à tout le monde, donc oui, vous n’ avez pas tort … J’entraine avec ces deux éléments dans mon programme, de sorte que des bonnes personnes fortes peuvent devenir les meilleurs athlètes: c’est principalement ma philosophie d’entraînement.
Votre partenaire, Javier et vous étaient des anciens athlètes ITU. On imagine que vos expériences vous permettent de mieux comprendre les besoins des jeunes?
Javier et moi travaillons bien ensemble parce que, malgré nos différents parcours, nous croyons dans les mêmes idéologies d’entrainement. Il a un oeil différent et des compétences différentes que de la mienne, on se complète, mes athlètes comprennent très bien le rôle central qu’il joue dans leur entrainement et dans le support aux compétitions.
À l’heure actuelle, quels sont vos défis en tant qu’entraîneur?
Permettre de l’individualité dans le programme de formation de chaque athlète tout en maintenant la collectivité dans le groupe de formation. Sur un niveau plus pragmatique, le financement du programme et des athlètes reste un défi perpétuel.
Nous parlons souvent de Jamie Turner comme entraîneur du groupe Wollongong Wizards, mais il est avant tout l’entraîneur-chef canadien. Il semble jouer un rôle important pour vous …
Dans les deux dernières années, Jamie a une présence très provocante dans mon développement en temps qu’ entraineur. Il me défie et me guide sans relâche pour que je m’efforce de tirer le meilleur de moi-même et de mes athlètes .
Quels sont vos objectifs maintenant?
Je vais suivre mes athlètes jusqu’au bout de leurs possibilités.
Croyez-vous qu’une culture de l’excellence est finalement en développement au Québec?
Au Québec, nous construisons lentement les bases d’une culture de l’excellence; Francis Sarrasin au Triathlon Québec est un élément fondateur pour donner un élan à ce changement.
Quelque chose à ajouter?
Oui, je aimerais remercier Trimes de me donner cette occasion de réfléchir sur mon programme et d’aider à améliorer la visibilité et la reconnaissance des athlètes en les suivant tout au long de leur cheminement. Je tiens également à remercier Triathlon Québec et Triathlon Canada pour soutenir mes athlètes et mon programme.
Enfin, je tiens à remercier mes athlètes pour me donner cette image d’être un entraineur chanceux grâce à leur travail acharné et leur dévouement à l’excellence.