En 2012, Simon Viain devenait vice-champion du monde junior. Cela marquait un certain retour de la France sur les championnats Junior/U23. Depuis, les titres se sont enchainés et Simon Viain n’est plus le premier nom sur les lèvres quand on parle de relève. Simon continue pourtant son chemin, terminant 2e espoir au Championnat de France de Cross et connaissant sa force à vélo, Simon semble déterminé à continuer son ascension pour 2015. Le nouveau sociétaire de Montpelier s’est depuis envolé pour l’hémisphère sud où il participera à deux coupes du monde et à sa première mondiale (Auckland). Trimes s’est entretenu avec lui pour mieux connaitre son état d’esprit en ce début de saison.
La dernière fois qu’on s’est vu, c’était à Edmonton ou tu prendras la 4e place en U23. Tu semblais être très déçu de te retrouver au pied du podium. Avec du recul, as-tu l’impression que cela t’a motivé encore plus pour cette saison?
Je n’étais pas si déçu. Effectivement 4e, ce n’est pas la place la plus agréable, mais j’ai eu peur pendant la course d’être bien plus loin.
C’était finalement à l’image de ma saison, satisfaisante, mais très perfectible. Je ne sais pas si cela m’a donné un surcroît de motivation, mais en tout cas ça a confirmé que j’étais sur la bonne voie.
Nombreux souhaiteraient avec ces résultats, mais avec Pierre Le Corre, Dorian Coninx et Raphael Montoya qui ont gagné le titre en U23 ou junior, as-tu l’impression d’être en quelque sorte le français oublié et même tu as déjà été vice champion du monde en 2012…
Effectivement il y a eu de très bons résultats (des autres) dans les années suivant ma médaille au mondial junior et elles ont peut être contribuées à me faire « oublier » un peu. D’autant que dans le même temps j’avais des résultats qui n’était pas toujours très convaincants avec une première année espoir difficile, dans le rouge une bonne partie de la saison. Revenir tout proche d’un podium mondial dans ma catégorie était donc très important pour moi. Pour autant, je n’ai pas été véritablement oublié puisque la fédération a continué à me soutenir assez fortement.
Peux-tu nous parler de ton hiver? Tu viens d’ailleurs de prendre la seconde place (espoir) aux Championnats de France de Cross, as tu l’impression d’avoir franchi un cap?
Oui, je pense avoir passé un cap en course à pied. Je l’ai vraiment senti sur les cross, mais aussi à l’entraînement avec des meilleurs temps et une plus grande régularité tout au long de l’hiver. Celui-ci s’est vraiment très bien passé dans les trois disciplines avec un volume plus important et plus régulier que jusqu’à présent. Je n’ai pas eu de passages à vide importants et j’ai pu bien gérer les périodes plus délicates comme mes examens.
As-tu changé ta manière de t’entrainer? Peux-tu nous parler de nous de ton environnement ?
Je n’ai pas vraiment changé ma manière de m’entraîner, mais je suis allé plus loin dans ce que j’avais commencé à mettre en place l’an dernier en particulier. C’est-à-dire que je n’effectue presque plus de travail à des allures de type course. C’est le plus vrai pour la course à pied ou je n’ai pas du courir plus de 5km cumulés entre 17 et 21kmh de tout l’hiver. Je me concentre en effet sur la vitesse qui est mon point faible dans toutes les disciplines.
En ce qui concerne l’environnement je vis à Valence, mais passe 2 jours par semaine à Grenoble ou j’étudie. Cela m’oblige à me déplacer, mais me permet de me trouver dans de très bonnes conditions à Valence avec mon entraîneur ou j’ai mes habitudes et mon rythme. Par ailleurs j’ai passé cet hiver du temps à Montpellier ou se trouve mon club, mais également le pôle France. Cela permet de trouver de meilleures conditions climatiques et un environnement performant.
2015 marque aussi la fin de ton aventure avec le club de Valence. J’imagine que cela était un moment difficile à passer pour toi.
Oui cela a été difficile. J’ai passé 8 saisons dans ce club. C’est là que j’ai commencé ce sport et j’y ai beaucoup appris. De la lutte pour le maintien en D2 à la montée en D1 j’ai tout connu avec mes coéquipiers. Il était cependant nécessaire de passer à autre chose pour pouvoir poursuivre mon évolution et mes progrès. Parfois, un certain degré de changement est nécessaire pour continuer à avancer.
Les rares fois que je t’ai parlé, je t’ai généralement trouvé assez dur avec toi. Est-ce que je me trompe?
Je pense être exigent envers moi même, mais c’est me propre de la compétition. J’ai commencé le triathlon pour progresser et maîtriser les sports qui le composent. Cela n’a pas changé même si la notion de performance s’y est ajoutée. Je sais que je n’exploite pas encore toutes mes capacités, ce qui est l’objectif à terme. Cependant, je sais être satisfait de ce que je fait et profiter des moments de réussites.
Tu évoques d’ailleurs que tu es conscient que tu es dans une période très importante dans ton développement, comme si tu n’avais pas la place à l’erreur…
J’ai 21 ans et je me dois de continuer à progresser. À mon rythme certes, mais au vu de l’adversité rencontrée en triathlon, personne ne peut se permettre de stagner à la sortie des années juniors. En revanche pour ce qui est de l’erreur elle est naturelle et permet d’apprendre. Faire de la compétition c’est pour moi accepter les erreurs et l’échec pour s’en nourrir et avancer.
Tu t’envoles à nouveau pour l’hémisphère sud. Tu y étais déjà allé avec Étienne Diemunsch l’année dernière pour quelques mois. As-tu l’impression que ce voyage vous a aidé dans votre afin d’aborder le sport autrement?
Ces déplacements permettent pour moi de me focaliser quasi exclusivement sur le triathlon, même si ça ne dure que quelques semaines. J’ai retiré beaucoup d’expérience de ce déplacement l’an dernier et également la conviction que je voulais être triathlete professionnels. Vivre au moins pour un temps cette vie de déplacements en compétition ou l’on retrouve des gens partageant notre mode de vie. De plus, j’ai pu prendre part l’an passé à des courses plus relevées que tout ce que j’avais fait jusque alors et c’est absolument nécessaire dans le développement d’un athlète.
Peux-tu nous parler de ton statut actuellement? Est-ce que tu es toujours aux études?
Je suis étudiant en troisième année à l’institut d’études politiques de Grenoble. J’effectue cette dernière année de premier cycle en 2 ans afin d’alléger un peu le programme. Il y a malgré tout des moments difficiles où le travail s’accumule ou des périodes d’examens difficiles à aborder avec l’entraînement ou les compétitions en parallèle.
Tu feras deux coupes du monde et une WTS à Auckland. Comment abordes-tu cette étape importante? J’imagine que pour toi c’est spécial de commencer ta carrière en série mondiale là ou tu as ton résultat international le plus marquant.
Paradoxalement, j’attends plus des deux manches de la World cup que de la WTS d’Auckland. C’est pour l’instant à cette échelle-là que se situe mon niveau. La WTS arrivera avec la fatigue des autres courses et l’inconnu de cette première participation. Le fait que ce soit à Auckland enlèvera peut-être un peu de stress. Effectivement, j’apprécie ce parcours et je tenterai d’en profiter un maximum.
On ne se le cachera pas, tu es reconnu comme étant un excellent cycliste. As-tu le sentiment que cela sera déterminant pour toi d’être offensif dans cette discipline dans ta carrière? À Holten, tu avais d’ailleurs prouvé qu’on pouvait aller chercher un résultat de la sorte, chose que les autres ont tendance à oublier.
Depuis que je suis minime, j’ai été obligé de rouler pour revenir dans la course. Le vélo m’est toujours apparu comme quelque chose de difficile et pas comme un repos. La conséquence c’est que je n’ai pas peur de me faire mal à vélo. Il y a encore bien des fois où je n’ai pas le choix si je veux revenir et lorsque je l’ai je n’ai donc pas peur d’attaquer. Si je peux m’appuyer là dessus pour avoir de meilleurs résultats je n’hésiterai pas.
Quels sont tes objectifs pour 2015? Est-ce que tu oses déjà penser aux Jeux olympiques de Rio?
Pour 2015 l’objectif sera de continuer à avancer au classement mondial pour finir idéalement autour de la 50/60eme place. Cela passera par de bons résultats réguliers en coupe du monde. Par ailleurs j’aurais pour objectif d’être sur le podium du Championnat du monde U23. Enfin j’espère apporter à Montpellier lors de mes présences en GP.
À moins de passer un cap très important et très rapidement, les jeux de Rio ne sont pas une réelle option.
Est-ce que tu voudrais ajouter quelque chose?
Merci de l’intérêt que tu portes à la performance en triathlon et en itu en particulier.
Merci Trimes pour ces interviews!
La prochaine c’est Jonathan Brownlee? 🙂
On l’a déjà fait à ses débuts :p