Amélie Kretz étant Québécoise, Trimes était aux premières places pour suivre son développement. Elle nous a permis de mieux comprendre les différentes étapes pour réussir à monter jusqu’à la série mondiale. Même si elle a accumulé les succès en junior et en U23 (bronze à Londres WC, victoire Coupe du monde Edmonton), c’est seulement en évoluant sur la série mondiale qu’elle pouvait obtenir sa confirmation. On s’est entretenu avec Amélie puisque sa récente 13e place à Gold Coast WTS marque une étape importante dans sa carrière. On attend impatiemment la suite! Son évolution sert désormais de modèle pour la jeunesse puisqu’il confirme que la carrière d’élite en ITU est aussi accessible aux jeunes du Québec.
Tu reviens de ton long séjour en Australie, j’imagine que tu ne regrettes pas ton choix…
Oui je reviens de l’Australie, et je ne regrette pas mon choix. Passer l’hiver au chaud était une première pour moi et j’ai beaucoup aimé m’entrainer l’extérieur à longueur d’année. Ma vision à un peu changé, m’entrainer avec un groupe de filles qui sont parmi les meilleures au monde c’est ce qu’il me faut pour avancer. Chaque entrainement il y a quelqu’un qui va avoir une bonne journée et cela va me permettre de me pousser. C’est un environnement très intense et très axé sur la haute performance, j’apprends tous les jours avec le groupe.
Le fait de pouvoir t’entrainer avec Gwen Jorgensen entre autre dois te permettre d’avoir des références, c’est un élément rassurant dans ton développement, non?
Je me considère très chanceuse d’avoir eu la chance de m’entrainer avec elle et d’apprendre d’elle. C’est certain que çela aide à mon développement et aussi à ma confiance.
Peux tu nous parler un peu de la philosophie de Jamie Turner. À quel point cela diffère des pratiques canadiennes?
Je dirais que Jamie est plus axé sur l’intensité plutôt que le volume. Il y a beaucoup de coachs qui focalisent plus sur de gros volumes d’entrainement. Je dirais qu’avec Jamie le volume n’est pas trop élevé, mais il y’a beaucoup d’intensité. Je pense aussi que le fait que son groupe d’athlètes est international est un de ses points forts. Côtoyer des athlètes d’un peu partout nous permet d’en apprendre plus sur soi-même et de s’ouvrir à différentes méthodes et philosophies d’entrainements.
Tu prenais part à ta première WTS à Auckland, tu chuteras à vélo et sera forcée d’abandonner, est-ce que cela t’a plongé dans le doute face à tes capacités à évoluer en WTS?
Non, en fait la natation et le peu de vélo que j’ai fait pendant la course m’ont déjà confirmé que j’avais ma place en WTS. Aussi, analysant les résultats des filles avec qui je m’entraine depuis janvier, cela m’a aussi donné confiance sur mes capacités en WTS.
Gold Coast présentait une natation compliquée avec un parcours en triangle, peux tu nous en parler, qu’est-ce qui se passait dans ta tête pendant cette course?
La natation en triangle a rendu les choses un peu plus agressive aux bouées. C’était donc crucial d’avoir un bon départ de s’assurer de rester à l’avant pour éviter les bouchons aux bouées.
À vélo, tu réussis à faire le premier groupe, on imagine que tu te disais : mission accomplie…
Oui, c’est sur que lorsque j’ai « connecté » avec le groupe de tête j’étais bien contente, mais je savais qu’avec Duffy dans le groupe, cela allait pousser fort. Ma blessure (au pied) l’an dernier m’a vraiment permis d’améliorer mon vélo et j’étais aussi confiante en mes habiletés techniques, donc je savais qu’une fois dans le groupe, je serais aussi aussi en mesure de contribuer.
Tu ne réussis pas à te placer devant le peloton et lorsque Carolina Routier tombe, tu es piégée. Même si vous roulez, les échappés semblent accélérer pour ne pas vous laisser rentrer, décris-nous l’action.
Juste avant la chute de Carolina, je venais de donner un bon coup pour pouvoir boucher un écart qu’une athlète devant venait d’effectuer. Lorsqu’elle est tombée, j’ai dû ralentir et la contourner, ensuite une fille a brisé sa chaine juste devant moi donc j’ai dû aussi l’ éviter . J’ai commencé à chasser le groupe de tête qui était déjà une centaine de mètres devant moi avec Duffy qui chargeait à l’avant. Malheureusement, je n’est jamais été capable de reconnecter…
Vous serez finalement reprise par les poursuivantes. Qu’est-ce qui se passe alors dans ta tête?
À ce point-là, il n’y avait pas grand-chose que je pouvais faire. J’ai essayé de contribuer au groupe le plus possible, mais les filles ont perdu la motivation et je n’allais pas faire le travail seule. Je me suis donc concentrée à rester vers l’avant pour éviter d’être prise en arrière s’il y avait des chutes.
Quand tu poses le vélo, tu te dis quoi?
Il y a environ 8 filles en avant, la moitié ne sont pas de bonnes coureuses. La course n’est pas finie jusqu’à tant que je passe la ligne d’arrivée, c’est le temps de chasser.
Durant la course à pied, tu te retrouves à courir derrière Emma Moffat, est-ce que tu realises que tu es entrain de courir avec tes anciennes idoles?
C’est certain que je réalise et ça peut être intimidant, mais j’essaie de rester dans le moment et de ne pas penser aux noms qui sont autour de moi. Je m’entraine chaque jour avec la championne du monde, donc lorsque j’arrive aux courses c’est beaucoup moins intimidant de voir tous les gros noms autour de moi.
Tu finiras finalement 13e, ce résultat pourrait être rageant à cause des circonstances à vélo, mais tu le vois plutôt comme une confirmation que tu as ta place là, non?
C’est sur que c’est un peu décevant, mais çela confirme que j’ai ma place. J’ai encore plus hâte de courir d’autres WTS et de faire encore mieux! Je sais sur quoi je dois travailler.
J’imagine que cela te conforte dans ton projet olympique?
Oui, c’est rassurant, mais en même temps RIO est dans 1ans et demi, beaucoup de choses peuvent arriver entre temps. J’essaie de me concentrer sur le présent et travailler sur mes faiblesses.
Maintenant que tu as pris part à 2 WTS. Est-ce que l’image que tu t’en étais faite était la bonne? As-tu eu des surprises sur certaines attitudes?
Mon image était bonne, je savais que le calibre était très fort et que la moindre petite erreur peut te coûter très cher. Chaque détail est très important à ce niveau.
Quels sont les points que tu devras travailler?
Mes départs sur ponton. Je dois encore travailler sur ma course à pied. Je dois être patiente avec ma course à pied, après 4 mois de blessures en 2014 sans courir. Je sais que je dois encore faire progresser ma course à pied tranquillement. Ça s’en vient tranquillement, il faut juste être patiente et écouter mon corps.
Tu as fait face à l’adversité en 2014, est-ce que cela t’a changé?
C’est certain que ça m’a rendu plus forte. Ça m’a permis de travailler beaucoup sur mon vélo et je peux vraiment voir la différence. Mes jambes sont beaucoup plus fraiches lorsque je pose le vélo. Aussi, ça m’a permis de connaître mieux mon corps et de savoir quand pousser et quand ne pas pousser. J’ai appris beaucoup….
Quelles sont les prochaines étapes désormais?
WTS de Londres, Jeux panaméricains (si sélectionnée), le test évent de Rio, WTS d’Edmonton et Championnats du monde à Chicago. Peut-être que ça va changer et que d’autres courses vont s’ajouter, mais pour l’instant le plan, c’est ça!