Exploiter son potentiel est sans aucun doute un gros challenge.
Un travail de tous les instants qui demande réflexion, engagement, planification et, on a tendance à l’oublier, qui s’appuie sur les bases construites des années plus tôt lorsque l’on découvre notre sport.
L’apprentissage du triathlon, au delà du rôle d’éducation sportive et des performances, doit distribuer au jeune toutes les cartes qui lui permettront de répondre aux exigences de son projet sportif futur, dans mon cas le meilleur niveau mondial.
Pour ce billet, j’avais d’abord pensé vous raconter mon expérience aux cotés de Laurent Cébélieu ( mon entraineur qui m’a formé et à qui je dois une bonne partie du chemin que j’emprunte depuis 1993) puis j’ai préféré lui demander directement de vous faire partager sa vision et ses priorités en terme de formation pour les jeunes.
Un accompagnement d’éducateur dans l’instant et pour toujours.
Un billet en deux parties/
DE GAUCHE À DROITE:
Laurent Cebelieu, Andrea, Moi, ma maman et mes deux frères à l’issue de la course Olympique à Londres.
Par Laurent Cebelieu,
Fondateur De Perf.Plus
https://www.facebook.com/perfplus7
« Lorsque j’ai décidé en 1992 de m’occuper de jeunes triathlètes à Sète (France) parallèlement à ma pratique du Triathlon, je me suis, dès le début, confronté à une double évidence.
En effet, dans ma position d’Educateur – Entraineur de jeunes sportifs, une double logique immédiatement s’imposait :
1 > Apprendre aux jeunes à s’entrainer
2 > Apprendre aux jeunes à se connaître
1er Priorité :
Apprendre aux jeunes à s’entrainer :
Au-delà de la démarche de faire progresser l’athlète d’un point de vue physique et physiologique et d’augmenter son potentiel en prévision d’une performance, il me semblait, dans un premier temps, important intellectuellement et déontologiquement d’expliquer et de faire comprendre systématiquement aux jeunes le Pourquoi, le Comment et le Quand des séances dans le processus de l’entrainement.
– Pourquoi telle séance, dans quels buts l’effectuer ….
– Comment l’effectuer, dans quels contextes, de quelles manières …
– Quand l’effectuer, pourquoi en ce moment et pas à un autre dans la saison …
Cette présentation, explication et discussion tout au long de la séance me permet ainsi de les inciter à être actif, d’estimer la motivation de chacun, de les impliquer dans ma programmation, d’échanger sur les différents éléments de l’entrainement….
Apprendre à s’entrainer, c’est aussi et surtout (car tout le monde sait faire des séances d’entrainement en natation, cyclisme et course à pied) maitriser certains déterminants (liste non exhaustive) de l’entrainement qui peuvent paraître extérieurs au premier abord aux yeux des jeunes :
– l’alimentation équilibrée et l’hydratation avant pendant et après les sessions d’entrainement.
– l’importance du sommeil (éventuellement un repos récupérateur dans la journée entre plusieurs séances d’entrainement, lors de stages par exemple).
– la récupération en général (inter et intra séances) qui est l’un si ce n’est LE facteur le plus important de l’entrainement pour permettre les adaptations de l’organisme. L’organisme n’est pas une machine ou un robot et il faut savoir en prendre soin (respect des périodes de repos inter-saison, de régénération inter-cycles et d’adaptation inter-séances).
2ème Priorité :
Apprendre aux jeunes à se connaître :
Je pense qu’il est très important que les jeunes apprennent à connaître leurs capacités et leurs limites, à déterminer leurs forces et leurs faiblesses pour mieux les appréhender et les exploiter.
Tout ceci va permettre ainsi de fixer avec l’entraineur une trame avec ses objectifs et ses contraintes.
Le jeune sportif doit aussi savoir comment « fonctionne » l’organisme humain au niveau musculaire, énergétique, psychologique …. de manière sommaire au début puis plus complexe ensuite afin de comprendre et d’anticiper les réactions de son corps aux différentes sollicitations qu’il va rencontrer tout au long de son parcours sportif.
Apprendre à se connaître, c’est aussi et surtout déterminer ses allures d’entrainement durant les séances en fonction de paramètres différents tels que : la ventilation pulmonaire (savoir appliquer une ventilation lente, rapide, ample ou/et fréquente), les contraintes et tensions musculaires, la fréquence cardiaque (savoir prendre sa FC au repos lors des récupérations mais aussi en courant, ou en roulant …).
C’est savoir aller doucement quand il faut aller doucement, et savoir aller vite lorsqu’il faut aller vite.
C’est de s’entrainer par rapport à ses propres vitesses et non celles des autres !!!
Simple vérité de la Palisse mais très, trop souvent vérifiée aux bords des bassins et des stades (souvent le jeune ainsi que l’adulte ne possèdent que deux vitesses : lent et vite, lorsque ce n’est pas vite et….vite !!!)
Ainsi on devrait avoir plusieurs vitesses de déplacements bien distinctes (au moins cinq différentes).
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C’est d’être dans la capacité de pouvoir se gérer seul (durant par exemple les stages de rassemblement des ligues ou fédéraux, en l’absence de son entraineur) et d’évoluer selon ses propres sensations mais avec toujours la possibilité d’avoir recours à une aide extérieure spécialisée.
C’est de passer progressivement : du Faire Savoir de l’entraîneur au Savoir Faire du sportif.
C’est enfin et simplement à terme de permettre au jeune sportif d’accéder à l’Autonomie. «