On ne se le cachera pas, l’intérêt derrière les premiers Jeux européens était très limité. Cette compétition n’a pas su réunir les meilleurs athlètes européens. Cela s’explique avant tout par une question de priorités. Il existe une certaine crainte dans les fédérations nationales (NFs) de sélectionner des athlètes qui n’auront pas les spécificités nécessaires pour réussir à Rio. Malgré le dossard olympique offert à la natation gagnante, le calibre de la course sans être optimal demeurait intéressant.
Des athlètes étaient très attendus et devait démontrer leur faculté de répondre présent le jour J.
Les polémiques…
La natation
Bakou a décidé de tenir la course dans une zone résidentielle très riche. La natation s’est donc déroulée dans un lac. Il fallait courir plus de 80 mètres dans l’eau. Sans que cela soit dramatique, cela avantage généralement les athlètes plus grands. De plus, certains avaient pied plus longtemps que d’autres. Après seulement 100 mètres de fait dans la course, des écarts conséquents se sont creusés. Pour preuve, Rachel Klamer, qui n’est pas reconnue pour ses talents en natation dans les conditions de l’ITU, s’en est très bien sorti.
On peut se poser d’importante question sur le setup puisqu’il n’est pas réellement égalitaire. Il est dommage que ces points aient été ignorés dans une course de ce calibre surtout que c’est une problématique dont la série mondiale a su adresser en imposant les pontons.
On espère réellement que Rio, avec sa natation en mer, offrira un parcours plus juste.
Ses changements de nationalités…
Rostyslav Pevtsov a eu l’honneur de gagner une médaille de bronze chez lui. Dans la réalité, cet athlète est un naturalisé, il représentait l’Ukraine avant 2013. Sans se cacher, il avoue que l’Azerbaïdjan lui offre un support financier plus important que l’Ukraine. Malheureusement, en lisant le rapport de la WADA, on y apprend aussi que l’Azerbaïdjan n’a fait que 10 tests en 2013 (tous sports compris). Une fédération nationale qui achète des athlètes étranger et qui ne teste pas… espérons le contraire.
Une course d’un jour…
Même si la série mondiale nous offre des courses très compétitives, les athlètes se doivent d’assurer un résultat et préfèrent courir au pourcentage. Le « à la vie, à la mort » n’existe pas. Bakou était justement rafraichissant parce qu’on pouvait enfin voir des athlètes ambitieux et offensifs. Certaines nations n’ont justement pas su s’adapter à ce type d’événements.
L’équipe avant l’individualité…
La victoire de la Grande-Bretagne est très intéressante puisqu’on a clairement vu deux athlètes (Bishop et Graves) être totalement dédiés pour permettre à Gordon Benson d’avoir une avance conséquente en T2. On continue à se questionner sur le manque de réponse du groupe des poursuivants. On a laissé les britanniques prendre le contrôle de la curse.
Est-ce que Gordon Benson aurait gagné cette course sans l’aide de ses co-équipiers? Non.
Le message est lancé, la GBtri se prépare déjà pour Rio. Elle a clairement démontré qu’un domestique pouvait être plus qu’une sécurité. Il pouvait aussi être très offensif. On se demande déjà si les autres nations peuvent palier à un plan déjà annoncé.
La nation qui doit se poser le plus s’interroger est l’Espagne. Même s’ils ont 3 athlètes qui sont montés sur le podium en série mondiale cette saison, cette densité pourrait leur nuire. Godoy ou Casto Fajardo, n’ont su se sacrifier pour aider Alarza afin de répondre à l’attaque des Britanniques.
L’écart de niveau à vélo entre les athlètes, toujours très conséquents…
De nombreux athlètes s’entrainent afin d’avoir le niveau pour suivre en natation et en vélo. On se rend compte pourtant que les meilleurs ne se sont jamais assis sur leur laurier. Une force doit être exploitée.
Lisa Norden et Nicola Spirig nous ont clairement rappelé leurs supériorités à vélo. Il y a une difference entre imposer un rythme afin de durcir la course et pouvoir s’échapper et prendre une avance seule (sortie du groupe des poursuivantes seules pour rejoindre le groupe de tête).
Visuellement, on se rend aussi compte qu’elles sont nettement plus efficaces en matière de technique et dans leur position sur leur vélo. Les détails font la différences.
Avantage Spirig…
La performance de Nicola Spirig n’est pas passée inaperçue. Dans l’opération, elle va chercher son dossard olympique. Sachant qu’elle est la seule représentante compétitive suisse en ce moment, sa sélection est déjà indiscutable. Contrairement à ses concurrentes, elle est donc libre dans sa future planification. Spirig avait tout de même tout misé sur cette course. Face à cette pression, sa victoire est d’autant plus impressionnante. Dans l’opération, elle valide sa faculté de répondre présent le jour J.
De l’expérience pour les Français…
Léo Bergère – 13e, Lucas Jacolin – 21e, Margot Garabedian – 11e et Léo Periault – abandon sont tous des athlètes qui n’avaient aucune expérience en série mondiale. L’équipe de France leur a donc permis de courir cette course pour mieux aborder l’avenir. On peut dire que le bilan est assez positif. Même si l’expérience est douloureuse pour Léo Periault, c’est aussi dans l’échec qu’on apprend.
https://www.youtube.com/watch?v=i8bvhebp9ks
https://www.youtube.com/watch?v=abCOE0R14IA