Cyril Viennot, 5e à la dernière édition à Kona, continue sa croisade gagnante en allant chercher le titre de champion du monde longue distance ITU. Cette nouvelle victoire instaure une tradition puisqu’il succède à Bertrand Billard. On s’est entretenu avec le sociétaire de Beauvais sur cette course très serrée jusqu’à la fin où pas moins de 5 athlètes sont arrivés en moins de 2 minutes.
J’imagine que lorsqu’on a confirmé que la natation était réduite, cela a changé ton objectif.
En fait oui et non. Je me suis plutôt dit que cela allait me faciliter les choses… mais j’ai plutôt bien nagé cet hiver, et j’espérais limiter la casse et être capable de faire une belle course, même avec 4km de natation… Mais évidemment, je n’étais pas déçu de ce changement de distance !
Quel était ton objectif à vélo, est-ce que tu voulais absolument poser le vélo en premier en T2 ?
Très franchement oui. J’avais eu de très bonnes sensations en vélo ces dernières semaines, j’avais vraiment bien bossé à l’entraînement, et j’espérais être assez en forme pour poser le vélo 1er. Mais j’ai vite compris que Jensen serait injouable. Cela dit, je suis très satisfait de ce que j’ai fait sur le vélo hier.
Sachant que ton déficit est encore assez important en T2 et avec la proximité de Amberger, Wild, Gambles, tu te dis quoi?
Je me dis que si je ne suis pas dans un bon jour à pied je peux encore finir 5e… Mais, que si je suis bien je peux gagner! 4min c’est beaucoup, mais 30km c’est long, et Jensen n’est pas non plus reconnu pour courir hyper vite.
Comment se passe la course à pied, est-ce qu’on te donnait les écarts?
Oui, d’ailleurs je tiens à remercier le staff de l’équipe de France (Pierre houseaux et Jean-Romain Gautier, le kiné), car ils ont été super. Ils s’étaient placés un peu avant l’extrémité du parcours, un de chaque côté, et communiquaient entre eux, si bien que j’avais les écarts quatre fois par boucle. Et ils me passaient aussi mon ravitaillement ! (c’est autorisé dans des « espaces coachs » sur ces courses)
Je suis parti vite, pour à la fois décourager mes poursuivants et voir ce que je reprenais sur Jensen…
Jensen semblait vraiment bien aller, as tu cru que cela serait impossible de le rejoindre?
En fait je lui reprends 2 min en 10km. Alors non, je ne me suis pas dit que je ne pourrais pas le doubler. Par contre, il a relancé dans le deuxième tour, et ça commençait à être dur pour moi, donc le doute commençait à s’installer vers la fin du 2e tour…
Comment se passe le dépassement? Une petite stratégie à la macca?
Même pas ! Je me suis calé derrière lui quelques mètres, car je commençais à être un peu sec, et au moment où je le passe il me félicite et me tape dans le dos… Alors que moi, j’avais prévu de passer froidement ! Je dois avouer qu’il a été très sport.
J’imagine que cette victoire est spéciale pour toi, ton accident est déjà oublié, mais tout cela semble être du bonus considérant que les médecins ne savaient pas si tu pouvais revenir à 100%
Oui, c’est vrai que finalement cela ne fait qu’un an et demie que j’ai eu l’accident, mais très sincèrement ce n’est plus ça qui me donne la motivation de me dépasser. Je n’y pense plus vraiment. (Sauf quand j’ai mal à la poitrine après les grosses séances!)
Ce qui me marque le plus, c’est le chemin parcouru en quelques années depuis que je fais du long. C’est aussi le fait que je ne suis pas toujours à la maison, et même quand j’y suis parfois je passe beaucoup de temps à l’entraînement, et malgré tout ma femme comprend mes choix et me soutient… Donc quand l’entraînement et les sacrifices payent pleinement, c’est évidemment une immense satisfaction.
En plus j’ai la chance de bénéficier du soutien de la Fédération française de Triathlon, et de Beauvais, et être champion du Monde est le meilleur moyen de les remercier !
Pour toutes ces raisons, et bien d’autres encore, cette course me tenait vraiment à cœur.
Question idiote, as-tu l’impression que cela t’a rendu plus fort?
L’an dernier je t’aurais dit que mentalement ça m’avait donné la motivation pour m’entraîner plus, etc… Mais pas cette fois-ci. Je pense que ce qui m’a rendu plus fort, c’est le fait d’arrêter de travailler et de me consacrer à 100% au triathlon. Pour rappel, j’ai arrêté de travailler en septembre 2013 seulement… Et depuis les résultats suivent.
J’en profite pour remercier également Patrick Bringer, sans qui je n’en serais pas là!