Romain Guillaume revient d’une troisième place à Staffordshire 70.3 le week-end dernier. Trimes en a profité pour faire le point avec le jeune français sur son expérience de course contre l’illustre Javier Gomez mais aussi pour savoir où il en était à quelques jours d’Ironman France.
Dans quel état d’esprit es-tu arrivé sur la course?
Je suis arrivé plutôt détendu sur ce triathlon car tout simplement la stratégie de course décidée avec Yves et l’équipe correspondait vraiment à ce que j’aime: bonne natation, essayer de tout faire péter en vélo et courir avec ce qu’il me reste après.
Ce 70.3 m’a servi de dernier gros entrainement intensif avant Nice, avec une composante de jeux durant la course, tout comme j’aime.
Même si je suis pro et qu’il me faut préformer pour avoir de bons résultats avec ce qui va avec (prize money, sponsors, etc), j’étais là dans le cadre de ma préparation pour Nice.
Ceci dit, Yves pense qu’il faut arriver sur chaque course concentré comme si c’était l’objectif pour retirer un maximum d’apprentissage de la course. Aussi j’étais quand même très concentré et soucieux de bien faire.
Tu te retrouves avec Javier Gomez, un adversaire comme les autres?
Pendant la course il était là sans y être. Avant le départ j’espérais juste le mettre dans le rouge en vélo et avoir eu cette petite gloire de l’avoir fait péter. En sachant qu’il me fallait au minimum 6minutes d’avance à l’entame de la course à pied, c’était un adversaire sans en être un tellement la différence de niveau à pied est énorme. Ce petit objectif avant course me plaisait bien, d’autant plus qu’il était en parfaite adéquation avec ma stratégie de course!
La dynamique à vélo?
Le vélo s’est déroulé en 3 phases:
– la première où je l’ai chassé pendant 40km sur un parcours plutôt accidenté sans arriver à le rattraper. (Je me suis rapproché de 25s).
– puis Markus Thomschke m’a doublé et je me suis dit qu’il allait être mon unique chance de revenir sur l’avant de la course. À quasi 100% de mes possibilités, il me distançait mètre par mètre, mais il m’a ainsi « ramené » sur Gomez. Markus l’a tout de suite doublé puis est parti, moi je suis resté quelques km derrière.
– à partir du 50e km, j’ai senti que l’allure imprimée par Javier baissait. Je suis donc passé devant jusqu’à la fin en me disant que Gomez était moins un adversaire que Thomschke ou les gars derrière. Je l’ai oublié et j’ai fait mon possible pour limiter les dégâts.
En course à pied, comment cela se passe…
Très simple, dès la transition j’ai couru pour la seconde place sans me soucier de Gomez. Avec 3’15 de retard sur Thomschke je me suis dit que cela restait jouable du coup je me suis uniquement concentré sur lui. Je lui ai repris du temps petit à petit, mais pas suffisamment, je termine 3eà 1’35 de l’allemand.
Mes sensations étaient bonnes, en prépa Ironman il m’a quand même manqué un peu de jus, mais je ne vais pas me plaindre, c’est ma meilleure course à pied 2015 pour le moment.
Qu’est ce que signifie cette 3e place pour toi?
Je suis bien sûr content de cette 3e place, mais pour être honnête je préfère retenir que, enfin en 2015 j’ai eu de bonnes sensations à pied. Avec un parcours exigeant et après un bon vélo, j’ai pu retranscrire un peu ce que j’ai travaillé à l’entraînement. Psychologiquement c’est bien de ressentir cela à 15j de Nice.
La prochaine étape est désormais l’Ironman France…
Il y a 3 semaines j’aurais répondu naturellement « gagner la course ». Aujourd’hui cela reste un objectif bien sûr, mais en travaillant avec un coach mental et Yves à l’approche de la course, je me suis rendu compte que « gagner » était trop restrictif et apporte un stress inutile. C’est sur qu’en tant que Pro on veut gagner, surtout à la maison, mais je dois raisonner davantage en terme de performance que de place. Si tu viens pour gagner et que tu fais 2, tu as échoué. Même si tu fais la meilleure course de ta vie.
Le niveau à Nice sera dense avec Passuelo, Stein, Del Coral, Jérémy, Sylvain, et d’autres encore et il sera important d’être fort dans sa tête et ne pas forcément voir que par la victoire.
Je pars donc avec une stratégie de course dans ma tête: courir sans me soucier des autres autour de moi. Si je peux les utiliser pour construire ma performance, je le ferai. Sinon ils seront inexistants à mes yeux. J’aurai un objectif dans les 3 disciplines et si tout est réuni, je serai bien placé!
En travaillant le mental comme je le fais actuellement, j’ai découvert une nouvelle approche psychologique de la course.
J’aurai une gestion de l’effort qui ressemblera à celle que j’ai eue à Kona ou Lanzarote. Mes deux meilleures performances Ironman à ce jour…