La vie d’un élite n’est jamais un long fleuve tranquille. Aurélien Lebrun est un habitué aux podiums en coupe d’Europe. Son début de saison de 2014 lui permettait de prétendre à la série mondiale, malheureusement, il ne sera jamais en mesure de se faire justice sur ce circuit. Sur le retour depuis quelques semaines lui permettra finalement de stopper son passage à vide. Le sociétaire de Saint-Raphael a renoué avec la victoire le week-end dernier à Holten. Trimes s’est entretenu avec lui pour en savoir plus.
Début 2014, tu connais un excellent début de saison, mais les choses se sont rapidement compliquées…
Effectivement, l’année dernière, après Chengdu j’ai été « au fond du trou » comme on dit dans le milieu pendant presque deux mois et demi. Je ne me sentais pas super bien au quotidien, problème de circulation au niveau des jambes, douleurs inexpliquées aux bras. Mais comme à cette période, les compétitions s’enchaînaient, je ne pouvais pas de faire de grosses charges d’entraînements, et du coup, je ne parvenais pas réellement à confirmer ma méforme.
J’imagine que cela devait être très frustrant pour toi. Ces contre performances arrivent justement lorsqu’on te laisse accéder à la série mondiale. As-tu commencé à douter de ta capacité à performer sous pression?
En compétition, les sensations étaient également paradoxales, je nageais plutôt correctement et j’avais de bonnes sensations à vélo, mais j’étais devenu incapable de courir, ne serait qu’un kilomètre correctement, en posant le vélo. J’étais immédiatement lactique et oppressé.
Bien sûr, à ce moment-là, on se pose beaucoup de questions, on cherche des explications, des solutions, on doute de sa capacité à performer de nouveau.
Finalement, deux mois plus tard, en l’espace de trois semaines, je me suis soudainement senti aller mieux et j’ai pu refaire une bonne course sur le GP d’Embrun. Aujourd’hui encore, je ne pourrais pas dire à quoi a été dû cet étrange passage à vide.
Tu passes à travers à Cape Town et Yokohama. On le dit fréquemment, à Trimes, les Grands Prix sont des courses qui permettent aux athlètes de reprendre confiance, on a eu l’impression que ce fut aussi le cas à Dunkerque… As-tu eu l’impression de voir la lumière au bout du tunnel ?
En fait, cela faisait déjà quatre semaines que j’enchaînait de très bonnes courses. Je me suis senti monter en puissance de Kraichgau (Bundesliga) jusqu’à Holten. Dunkerque m’a effectivement libéré davantage. Je suis donc arrivé en confiance sur la course et croyant en mes chances pour la victoire. Je voulais un podium, la victoire devant de très bons coureurs comme Ryan et Brice me fait bien sûr plaisir.
Quel était ton objectif pour Holten… Est-ce que tu appréhendais le passage en sprint à cause de la chaleur?
J’étais un peu déçu du passage en sprint, car je pense être plus performant sur OD. Notamment parce que c’est un format moins sensible aux échappées en natation et également parce que beaucoup d’athlètes sont capables de courir très vite un jour J sur 5km, moins sur 10km. La distance olympique avec drafting me semble être le format le plus équilibré, les efforts à vélo sont consentis sur la course à pied.
Parle-nous de la course et de ses dynamiques.
À la sortie de l’eau, nous étions un petit groupe de 8 et nous avons bien collaboré dès le début, mais la natation n’avait pas fait assez d’écart (c’est souvent le cas quand je sors dans les premiers) et nous avons été rejoints rapidement au bout de 5km. Après un vélo sans temps mort, nous entrons finalement en T2 à une cinquantaine d’unités. J’ai rapidement pris les commandes de la course à pied, mais je ne creusais pas d’écart sur Ryan qui était sorti du parc avec quelques secondes de retard sur moi. J’ai du m’employer jusqu’au bout pour conserver un peu d’avance et l’emporter en évitant un sprint finish qui ne me sourit plus depuis quelque temps.
À ce moment de la saison, quelle est la signification de cette victoire pour toi? Est-ce que cela modifie tes objectifs pour cette année?
Je n’ai pas vraiment fixé mes objectifs pour la fin de saison. Je vais courir à Châteauroux et les grands prix pour Saint Raphaël Triathlon. Mon début de saison n’a pas été convaincant avec deux WTS bien décevantes. Je voulais avant tout retrouver du plaisir avant de me mettre d’autres objectifs. Je ne sais pas si je vais à nouveau tenter ma chance pour obtenir un nouveau billet sur WTS. Malgré mes deux échecs consécutifs, je restais persuadé que je pouvais « performer » sur ce circuit, mais j’ai également quelques problèmes à régler comme la gestion des gros voyages et de la pression inhérente à la course. Ces deux choses sont d’ailleurs un peu liées pour un athlète hors équipe de France comme moi pour lequel un déplacement sur WTS est un gros investissement logistique et financier. Évidemment après ma victoire à Holten, l’envie est de nouveau là, mais le système de point complique un peu la tâche… donc on verra !