Ce qu’on a appris > Championnats D’Europe. La France plus Hauss.

Il ne faut pas se le cacher, les championnats d’Europe n’alignaient pas l’intégralité des meilleurs athlètes européens, que cela soit Mola, les frères Brownlee ou même Vincent Luis, la liste est longue, mais une victoire reste une victoire. Dominer son sujet n’offre aucune garantie et on l’a bien vu avec Javier Gomez.

David Hauss et son audace. 

Pas la peine de vous dire que Trimes est proche du clan Hauss. La victoire est belle, mais elle l’est encore plus quand on connait la belle relation qu’il a avec son père (coach). Le 1500m de David sans ses chaussures est bien le symbole d’un athlète libre. Sa décision sera d’ailleurs prise au dernier moment, il a eu la chance de poser la question à une arbitre qui savait que la règle venait de changer. Avant décembre 2014, il était effectivement interdit de courir sans chaussure.

David avouera qu’il craignait beaucoup Sven Riederer (SUI) sur cette distance, le qualifiant comme un coureur très puissant, David en ne mettant pas ses chaussures, s’est offert 50 mètres d’avance sur le Suisse. C’est aussi une prise de risque sachant qu’on est dans le dernier droit. Pour faire cela, il ne faut pas un brin de folie, mais une grande assurance dans ses moyens.

Il y a déjà plusieurs décennies, Beven avait aussi couru 3000 mètres sans chaussures. La grande différence est que cela avait eu lieu lors d’un triathlon indoor.

Chez les autres nations, la réaction n’a pas été aussi enthousiaste. Certains y voient une certaine injustice. Les athlètes de Leeds, mondialement reconnus pour leurs blessures aux pieds, ont rapidement confirmé qu’on pouvait les oublier pour répliquer à cet exploit.

Sachant que les championnats du monde de relais sont la semaine prochaine, à voir si David a lancé une nouvelle mode…

Javier Gomez humain?

On peut évoquer les conséquences positives de ce week-end pour la France. Pour Javier Gomez, rien ne s’est passé comme prévu. Sortit de l’allure durant la natation, de mémoire, la seule fois que le champion du monde est sorti loin, c’était lorsque Harry Wiltshire s’était donné comme mission de le marteler.

Il manquera totalement sa transition allant jusqu’à en tomber de son vélo. Combiné à cela, une roue avant qui se voile et une coupure au pied pour compléter un week-end cauchemardesque. Il abandonnera finalement la course, évidemment, il était venu pour mettre la main sur un 4e titre européen et surtout rester dans la spirale positive.

Pour le moment, on ne sait pas encore si sa blessure peut l’empêcher de prendre part à la série mondiale d’Hambourg, samedi. Chose certaine, dans cette  dernière ligne  droite avant le Rio Test Event, une inquiétude se transforme rapidement comme une tragédie. Javier en a vu d’autres…

David Hauss, la différence.

Le prodige de la réunion a marqué les esprits ce week-end. Cela faisait quelque temps que l’on savait que David avait retrouvé sa vitesse en course à pied à l’entrainement. Le faire le jour de la compétition est une autre question. Sa victoire en individuel est d’autant plus impressionnante qu’il gagne avec une marge importante sur Sven Riederer, cet ancien médaillé olympique est généralement très fort en course à pied.

Comme on le mentionnait, cette course est surtout importante pour se mettre dans des bonnes conditions mentales avant le sprint final dec ette saison. À part sa victoire à Mooloolaba en coupe du monde, rien ne marchait en série mondiale pour lui. On se rappellera de son abandon à Abu Dhabi et de sa décevante 38e place à Gold Coast…

Nicola Spirig marque les esprits… comme toujours!

La victoire de Spirig n’est pas une surprise. Genève a eu l’intelligence de répliquer un parcours proche de celui de Rio avec un parcours en deux sections, une longue montée, suivi d’un plat. Même si le parcours olympique offrira une montée plus abrupte, on pouvait juger du niveau.

Nicola Spirig a véritablement dominé son sujet sur deux roues, allant rechercher par elle même Lucy Hall qui avait pourtant une avance proche de la minute en sortant de l’eau.

Elle comblera l’écart seule. Personne n’a été en mesure de la relayer pendant les 40 kilomètres. La course à pied n’a été qu’une formalité pour elle. Spirig continue à répondre présente aux courses d’un jour.

Même si Norden et Stimpson étaient là, les deux protégées de Darren Smith sont toujours loin d’afficher leur meilleur niveau. Ce retour se fait toujours attendre…

Dans la presse suisse, elle met au clair sa guerre au mental avec Gwen Jorgensen déclarant qu’elle veut tout simplement l’éviter en compétition afin qu’elle ne puisse pas savoir à quel point elle est bonne…

Varga et Blummenfelt… Des signes pour la suite. 

Varga et Blummenfelt sont deux athlètes s’entrainant avec les Brownlees. Terminant 3e et 4e malgré des profils en course à pied plus limité, ils démontrent qu’ils sont déjà très bien adaptés à ce style de parcours qui ressemblera à Rio…

Pénalités et problèmes techniques…

L’ITU à un nouveau règlement, il faut désormais se séparer de ses gels et bidons dans des zones appropriées. Norden se fera pénaliser pour avoir lancé son gel dans la nature. Dans le relais, les Suisses et les Anglais recevront aussi des pénalités pour des infractions sur les lignes de départ.

Bruykhankov et Stimpson seront aussi les grands malchanceux avec des crevaisons.

La descente, ça passe ou sa casse…

L’équipe de France était en stage en altitude avant ces championnats d’Europe. Malheureusement, pour Simon Viain, Audrey Merle et Pierre Le Corre, ils sont loin d’avoir offert une performance à leur potentiel en individuel. La descente et les grosses charges d’entrainements aussi proches d’une compétition sont toujours risquées puisque l’adaptation est très personnelle. Les bénéfices sont probablement reportés à Hambourg.

Emmie Charayron sur du positif.

Pour cette ancienne championne d’Europe, Olympienne et médaillé en série mondiale, la représentante de Sartrouville continue de se rapprocher de son meilleur niveau. Elle sort à nouveau une belle course à pied après un vélo exigeant. Sur le relais, elle ne lâche pas Spirig. Son retour sur l’avant-scène est juste une question de se faire sa place dans l’eau.

Il fallait être parent pour gagner.

Spirig et Hauss ont ce point en commun, les deux athlètes sont parents d’un fils. Cela casse certaines idées préconçues. D’ailleurs, les deux sont aussi mariés à des anciens athlètes ITU et suisses.

Déception chez les juniors? Bah non…

La France affichait une équipe de rêve pour ses championnats d’Europe, gagnant ces deux dernières années avec Montoya et Coninx, nos jeunes voulaient faire aussi bien. À peine 2 secondes le séparant de la victoire. Repartir sans médailles en individuel peut-être vu comme un échec, mais la course ne se joue pas sur le physique, mais la stratégie. Élément positif, Maxime Hueber sort une excellente natation.

Les courses juniors sont souvent difficiles parce que les athlètes ne connaissent pas toujours leurs adversaires. Le résultat final n’est pas toujours juste, maintenant, cela sera aux Français de prendre le contrôle de la course. À Chicago, même s’il faudra ajouter les Australiens, on a de bonnes raisons d’y croire.

Junior femmes, deux systèmes.

Chez les femmes, les résultats sont généralement plus influencés par l’encadrement fédéral. L’Allemagne et la France étant les fédérations les plus exigeantes, elles profitent d’un bassin plus important où les athlètes sont déjà dédiés au haut niveau. C’est la raison qui explique que ces deux nations occupent tout simplement les 6 premières places.

Laura Lindemann était comme annoncée, au-dessus du lot, malheureusement, son duel avec Cassandre Beaugrand sera à remettre pour Chicago. Auteure d’une mauvaise natation, les jeux étaient faits. La jeune Française doit se rappeler qu’elle était en mesure de nager avec les meilleurs au mondial d’ Abu Dhabi.

On peut se réjouir du succès actuel de Jeanne Lehair (2e), revenant d’une saison difficile en 2014. Elle vient battre Lisa Tertsch (ALL) qui était sur papier plus forte qu’elle. Emilie Morier (5e), médaillé aux Jeux Olympiques de la Jeunesse continue aussi son développement en se rapprochant progressivement des meilleurs. Margot Garabedian (6e) aurait surement espéré mieux, ses récentes performances en distance olympique peuvent tout de même lui permettre de rester confiante sur son avenir.

Les relaiiiiiiiiiis. La France gagne ses deux courses.

Les victoires sont d’autant plus satisfaisantes qu’elles expriment la densité d’une nation. La médaille d’or chez les juniors n’est pas une surprise. Léo Bergère et Maxime Hueber étaient là pour repartir avec un titre. Leur réaction est très belle surtout que Léo avait le besoin de repartir avec une victoire.

Chez les séniors, le résultat est d’autant plus satisfaisant que Simon Viain fait un excellent relais permettant à l’équipe de rester dans la course et de reprendre confiance après un abandon en individuel. Emmie Charayron fait le plein de confiance en se mesurant avec Nicola Spirig. Même si Jeanne Lehair termine à l’arrache son relais, cette expérience ne peut que l’aider pour son avenir. Pour David Hauss, cela vient compléter un week-end parfait.

La qualité de cette organisation.

Chez Trimes, pas la peine de vous dire que l’on a apprécié l’incroyable travail de RTS pour la diffusion télévisuelle de ces courses. Genève n’a rien à envier aux WTS, bien au contraire. De plus, en regardant les reportages de Léman Bleu, on y a découvert une organisation transparente comme l’eau de son lac. Exemplaire.

3 commentaires
  1. SI l’organisation était bonne, le site n’est pas adapté du tout. pas de visibilité de la natation et de la ligne d’arrivée, circulation très pénible. On a préféré Kitzbhuel de l’avis majoritaire des athlètes et accompagnants.

    1. En effet, réserver l’arrivée aux VIP, c’est très très moyen… mais bien dans l’esprit du triathlon. Il y a des « age group » qui sont prêts à lâcher 160€ pour faire un sprint, ils peuvent bien lâcher 50€ de plus pour voir l’arrivée.

  2. Les « zones de propreté » – que se soit en ITU ou sur la plupart des épreuves françaises – sont définies en dépit du bon sens par des gens qui ne savent pas ce que c’est que de faire une course à pied à fond. Si maintenant un athlète doit ralentir dans la zone pour boire afin de ne pas jeter sa bouteille hors zone, ça va totalement à l’encontre du sport et même de la santé des athlètes.