Une première victoire pour la France?
Il faut faire attention, l’ITU a créé la série mondiale lors de la saison 2009, leur but était d’ instaurer un système pour s’assurer de la présence des meilleurs pour toutes les courses et d’offrir une meilleure densité. Pas moins de 7 Français peuvent aussi revendiquer d’avoir gagné sur le circuit mondial. Olivier Marceau (Paris, 1996), Philippe Fattori (Rio, 1996, et Hamilton, 1997), Sylvain Dodet (Saint Anthony’s, 2002), Frank Bignet (Nice, 2003), Frédéric Belaubre (Madrid, 2004, Beijing, 2006), Cédric Fleureton (Cancun, 2004 et Lorient 2008), Cédric Deanaz (Rio, 2004)
Un sprint, c’est un sprint… le parcours gagnant? Pas juste…
On a fréquemment dit que les sprints permettaient de cacher certaines faiblesses. Les retards en natation sont généralement plus facilement comblés. Hambourg est pourtant un terrain de jeux où on assiste à un scénario différent. Avec ses relances et ses routes étroites, un peloton massif n’a jamais le temps de s’installer et de profiter de son nombre.
Aussi, plus on est en arrière des groupes, plus les relances doivent être appuyées, cela vient créer une désorganisation. Chez les femmes et les hommes, on a vu plusieurs athlètes se faire décrocher. C’est un scénario qu’on ne voit pas sur d’autres parcours (Abu Dhabi, Cape Town, Londres…). On pourrait parler d’une épreuve plus franche puisque sur un parcours où on ne peut pas se cacher, il est plus invitant de faire l’effort.
On entend fréquemment qu’un athlète peut avoir du succès sur un sprint, mais ne pas avoir cette réussite sur distance olympique. Hambourg étant très tard dans le calendrier, les différents athlètes ne sont pas à court de volume. Cette distance raccourcie est surtout intéressante parce qu’elle met en valeur l’activation entre les disciplines. Ce sont des spécificités qui sont aussi déterminantes rendu à ce temps de la saison et quelques soit les distances.
On le dit fréquemment, il est toujours plus facile pour un athlète de se développer quand il se fait décrocher de la course dans les derniers kilomètres en course à pied que lorsqu’il est déjà hors course après la première bouée. On ne retrouvera pas à l’avant d’un olympique des athlètes qui n’étaient pas le groupe de tête sur un sprint.
Une victoire sans les Brownlees? Sans saveur?
Est-ce que la victoire de Vincent Luis est moins significative parce que les Brownlees ne sont pas présents? Avant d’affirmer cela, il faut surtout comprendre que leur absence à cette course n’est pas par choix, mais parce qu’ils sont blessés. Une blessure n’est pas une fatalité, mais bien le signe qu’ils poussent la machine, sachant très bien que la concurrence se rapproche. Une course se gagne aussi avant le départ. On peut aussi dire que Vincent Luis a préparé sa victoire avec une planification savante. Vincent Luis vient de battre un Javier Gomez et un Mario Mola en pleine forme et ça, ce n’est pas donné à tout le monde.
Bâtir la confiance? Montrer ses forces avant le coup d’État? Les Britanniques les grandes gagnantes.
Hambourg était la dernière opportunité de montrer ses forces et d’avoir le momentum. Certains pensent que Luis, Holland (2e – femme) ou encore Stanford (3e – femme) ont fait une erreur en s’affichant aussi fort.
Dans les faits, on peut aussi penser que les 2 Anglaises ont lancé un message très fort à Gwen Jorgensen. L’Américaine nous a habitué à avoir un coussin de 40s (sprint) et de 1 minute 20s sur (olympique). Holland casse ce repère en enregistrant un temps à moins de 15 secondes de l’Américaine. Connaissant la force des Britanniques à vélo. Gwen Jorgensen repart d’Hambourg avec un léger doute.
Même si cela remonte à plus de 2 saisons, Non Stanford à déjà couru plus rapidement que Gwen Jorgensen (Madrid) après un vélo difficile.
On rappellera que Rio n’est pas une course où il faudra gagner, mais où il faut finir placé pour aller chercher sa sélection.
À chaque victoire de Gwen Jorgensen, elle augmente les attentes. Des fois, on se demande si cela est encore gérable puisque le niveau sa concurrence évolue grâce au retour d’athlètes comme Non Stanford et Vicky Holland.
Le succès français est collectif.
On pourrait essayer de monter les Français contre eux, la réalité est qu’ils ont une culture de la gagne qui leur est propre. Vincent Luis a pu profiter du fait que dans les 12 échappés, 4 étaient français. Dorian nous avouera que cela n’a jamais aussi bien roulé. Ils réussiront à augmenter leur avance de 15s à 45s. Ce qui est admirable dans cette opération, c’ est que le rôle a très bien été partagé. Luis n’a jamais agi comme si c’était aux autres de faire le travail.
Avoir des compatriotes dans un groupe, cela permet aussi d’être moins isolé. On sait que certaines nations dans cette position auraient tout simplement refusé de rouler.
Une course qui se joue sur les détails?
Chez trimes.org, on porte une grande attention au placement sur le ponton. Les premières bouées étant très proches, cela provoque une natation très virile où les contacts peuvent sortir des athlètes de leur course. Les leaders du classement mondial se sont tous placés sur le côté intérieur. Ironiquement, Javier Gomez était donc placé à côté de nageurs qui sont là pour limiter la casse (Mola, Alarza).
L’absence des Brownlees ne permettait pas à Javier d’avoir ses éclaireurs habituels. L’espagnol étant reconnu pour des départs assez moyens, il se retrouve dans une situation où il doit remonter ses adversaires. Le risque de se faire piéger est réelle, c’était d’ailleurs le cas à Genève. Gomez s’en sort encore une fois à Hambourg.
Laura Lindemann casse le stéréotype de l’athlète junior.
On ne se le cachera pas, le vélo est généralement le maillon faible dans les années juniors puisqu’on préfère généralement investir en course à pied et en natation.
Le triathlon moderne exige des athlètes plus complets. On doit donc avouer qu’on est très impressionné par l’actuelle championne junior puisqu’elle signe l’un des meilleurs premier tour à vélo. Son activation lui permet d’accrocher la tête malgré une natation la plaçant sur la limite de faire le groupe. Elle est prête pour avoir un long avenir dans ce sport. Faire un top 8 à cet age est exceptionnel.
La règle des 20s passe à 12s…
On le dit fréquemment, il faut sortir à moins de 20s du premier nageur pour réussir à rejoindre le groupe des échappés. À ce temps de l’année, tous les athlètes sont à leur sommet à vélo. C’est Anthony Pujades qui sortira le premier de la transition. Son activation fera des ravages puisque des athlètes comme Alexander Bryukhankov, Francesc Godoy, Tony Dodds qui sortent à moins de 12 secondes du français ne seront pas capables de rester avec le groupe de tête. Aurélien Raphael, Tayama se feront décrocher de la tête.
C’est probablement un fait de course très important puisqu’avec quelques athlètes en plus, l’échappé aurait pu se neutraliser.
Mario Mola et Richard Murray sortent toujours à plus de 30 secondes de la tête et affichent toujours leur vulnérabilité avant Rio.
On verra le même phénomène chez les femmes, Non Stanford ne fera pas le groupe malgré une sortie à moins de 20s de Gwen Jorgensen. La Britannique est sur le point de reprendre confiance dans l’eau.
Carolina Routier est nettement supérieure aux autres, elle est véritablement en position d’influencer la course. Son accélération en fin de natation permet de créer une réelle cassure.
Contrairement aux hommes, on retrouve pourtant les meilleurs cyclistes dans les poursuivantes, Hewitt, Stanford, Zaferes, Densham font le travail pour revenir.
Dans les deux derniers tours, l’échappée ralentira et provoquera donc malgré elle la jonction. La densité dans le talent à vélo s’améliore chez les femmes, on a tout simplement vu un groupe se scinder en deux.
13:55 de Mario Mola.
Pour finir en beauté, Mario Mola vient de casser pour la première fois la barre des 14 minutes sur 5000m. Même si le parcours d’Hambourg est probablement trop court, il court tout simplement 15 secondes plus rapidement que Javier Gomez et que Vincent Luis.
Cette performance est un rappel à ses adversaires qu’il faut impérativement durcir la natation et le vélo pour le tenir à distance. Même si son temps est très impressionnant, il ne faut pas oublier que l’espagnol n’a pas fourni le même effort à vélo. On ne devrait toujours relativiser sur le temps des meilleurs en course à pied lorsqu’ils ne sont pas dans les premiers à poser le vélo.
Chose certaine, Mola se présentera à son meilleur niveau à Rio.
Et le relais!!!!
Il y a beaucoup de choses à dire sur cette épreuve. Vincent Luis termine en beauté son week-end. Dorian Coninx vient chercher un 3e titre mondiale différent en 3 saison. Ce qui nous a le plus impressionné, c’est la performance des nos filles. Jeanne Lehair démontre une capacité à répondre présente dans les événements de cette envergure. Il aurait été très facile pour elle de s’y perdre. Elle démontre un bel avenir où ses progrès en course à pied lui permettront de monter les échelons.
Dorian Coninx fait un incroyable effort pour revenir sur la tête. Sa natation reflète sa force et son caractère, il a simplement tout donner dans l’eau. Spontané.
Mais la performance qui nous a fait le plus plaisir, c’est celle d’Audrey Merle, après les doutes, elle a aussi fait une excellente natation lui permettant de remonter, mais elle a surtout eu un départ à vélo très impressionnant. Elle n’avait pas le droit à l’erreur et elle a répondu présente. Les quelques mètres à combler pour accrocher la roue des leaders étaient impératifs pour la médaille.
Vincent Luis ira chercher la victoire, confirmant parfaitement son nouveau statut.
Les détails qui font la différence…
Voilà, les Allemands ont probablement perdus une médaille à cause d’une pénalité pour un casque accroché trop tard. Voilà, on tient à dire qu’il existe des attaches magnétiques où cette erreur est pratiquement impossible, Audrey Merle, Vincent Luis en sont équipés (Specialized Evade).