Lorsque l’on participe à un demi-Ironman ou à un Ironman, on doit fournir un effort énorme dans des conditions parfois extrêmes. Bien que de nombreuses études ont été effectuées en laboratoire sur des courtes périodes de temps (moins de 2.5 heures), peu d’études ont été effectuées avec des participants lors d’un triathlon longue distance. Toutefois, une étude intitulée : Hydration and Thermoregulation during a Half-Ironman Performed in Tropical Climate a été publiée en mai dernier dans le Journal of Sports Science & Medicine. Cette étude a été effectuée en 2012 lors du demi-Ironman de la Guadeloupe par l’Université des Antilles et de la Guyane. Le but de cette étude était de comparer la température corporelle and plusieurs mesures du niveau d’hydratation de 19 participants males acclimatés à cet environnement tropical. Les conditions étaient chaudes et humides : 27.2 ± 0.5 °C et 80 ± 2 % d’humidité. Également la température de l’eau était à 29.5 °C.
Demi-Ironman Guadeloupe 2015
La température corporelle tout au long du triathlon a été mesuré avec un appareil ressemblant à une pilule (CorTempTM 2000). Des mesures ont été prises avant le début du triathlon, à la première transition, à la deuxième transition et à la fin du triathlon. Également, l’osmolarité de l’urine, ainsi que le poids corporel a été mesurée avant et après le triathlon. Les triathlètes pouvaient manger et boire comme à l’habitude avant et pendant le triathlon mais il devait s’abstenir d’alcool et de caféine 24 heures avant le triathlon.
La température corporelle moyenne avant le triathlon était de 37.1 ± 0.7 °C, 37.8 ± 0.9 °C après la natation, 37.8 ± 1.0°C après le vélo et 38.4 ± 0.7 °C après la course à pied. Ainsi, la température corporelle a augmenté tout au long du triathlon. De plus, il est intéressant de mentionner que les triathlètes ayant un indice de masse corporelle plus élevé avaient une température corporelle plus élevée après la natation. En effet, en natation, la dissipation de chaleur se fait très difficilement lorsque l’eau est très chaude.
Toutefois, la température corporelle des triathlètes ayant une masse plus élevée augmentait moins lors de la portion cyclisme. Par conséquent, en vélo, une masse corporelle plus élevée nécessite plus de temps pour que la température corporelle augmente, ce qui est à l’opposé en natation. On peut supposer qu’un athlète plus lourd a une surface de contact plus grande pour permettre l’échange de chaleur. Également, la masse corporelle a diminué de 3.7 ± 1.9 kg en moyenne, ce qui est considérable. Toutefois, il n’y avait pas de corrélation entre une diminution de la mase corporelle et une diminution de la performance. Par conséquent, la perte de poids (dû à la sueur) lors du triathlon ne semble pas affecter la performance. Aussi, l’osmolarité de l’urine a augmenté de 491.6 ± 300.6 mosm/L à 557.9 ± 207.9 mosm/L. Également, il n’y avait pas de corrélation entre l’augmentation de l’osmolarité de l’urine et la diminution de la performance. Ainsi, tel que démontré par plusieurs études, un certain niveau de déshydratation (jusqu’à un certain niveau) n’affecte pas la performance. Par conséquent, il n’est pas nécessaire de remplacer tous les fluides et les électrolytes perdus lors du triathlon. Effectivement une étude (Moreover, Sharwood et al. (2004) stipule qu’un niveau de déshydratation jusqu’à 11% de la masse corporelle n’affecte pas la performance. Également, plusieurs études effectuées avec des marathoniens et des coureurs en trails démontrent que les coureurs les plus rapides boivent le moins de fluide. On peut toutefois argumenter qu’un coureur élite parcoure la distance à une vitesse plus élevée ce qui rend la consommation de fluide plus difficile et qu’il fournit un effort pour une période de temps beaucoup plus courte.
Il est très difficile de maintenir sa température corporelle durant un effort physique tel qu’un triathlon dans un environnement tropical où l’humidité est très élevée puisque la sudation est grandement moins efficace contrairement à un climat sec. Par conséquent la température corporelle augmente tout au long du triathlon. C’est aussi le cas à Kona, pour le championnat du monde Ironman. En effet, l’humidité avoisine le 90 %. Par conséquent, les casquettes (non les visières) sont recommandées puisqu’il est possible de les immerger dans l’eau froide pour ainsi garder la tête à une température plus froide en tout temps. C’est aussi recommandé de mettre des éponges d’eau froide dans son trisuit pour refroidir le corps.
