Depuis plusieurs semaines, Trimes à désormais une soeur, zèles. Derrière ce nouveau projet se cache Louise Poyard. Portant le double chapeau pour représenter Trimes et Zèles en France, on s’est entretenu avec elle, afin de vous la présenter et pour mieux vous éclairer sur les raisons de ce nouveau projet…
Crédit Photo > Thierry Soubier – Onlinetri.com / Trimag.
Tu es en charge du nouveau projet zèles, peux tu nous dire comment cela s’est concrétisé… je pense que j’ai déjà une idée
Ca a été un sacré concours de circonstances, et je dois remercier une ou deux personnes pour ça, d’ailleurs… À quelques jours de rentrer en France après avoir vécu un temps au Québec, on a pu se rencontrer (moi je voulais juste en savoir un peu plus sur ton travail), on a discuté de nos visions du sport, du triathlon, et du traitement de l’information autour de tout ça. Comme on a vite vu que nos idées convergeaient, tu m’as proposé ce projet qui a pu voir jour sous le nom de Zeles, et maintenant, on fait grandir tout ça avec 6 bonnes heures de décalage horaire!
Tu sais que généralement, seuls les olympiens ont le droit de rentrer dans les bureaux de Trimes…
C’est un bon présage pour ma grande carrière sportive, peut être… Plus sérieusement, j’ai conscience que je « rentre » dans un milieu d’initiés, donc j’ai un peu la pression, mais ça donne envie de bien faire !
Zèles est techniquement la sœur de Trimes… On a longtemps discuté la pertinence de sortir les textes sur les femmes de Trimes pour leur donner plus de valeur… Peux-tu nous en dire plus la dessus.
Le travail sur les athlètes féminines avait évidemment toute sa pertinence sur Trimes avant Zeles. Mais maintenant qu’on essaye de faire de sa « sœur » un vrai manifeste pour le triathlon féminin, Zeles leur donne peut être un impact plus fort. Disons que sur cette nouvelle plateforme, ils ont une dimension nouvelle, un peu plus spécifique qu’avant. Celle de la promotion et de l’exploration du triathlon féminin.
Je sais que pour ma part, je me questionne souvent si l’actu des femmes ne doit pas justement être décrite par des femmes. Tout simplement parce que vous êtes plus en mesure de les comprendre… Est-ce que tu me comprends?
Se poser cette question, c’est déjà être très en mesure de comprendre les sportives et leur actu, non? Les femmes sont peut-être plus en mesure de traiter des sujets les concernant pour des problématiques mais tout comme les hommes. Mais je ne pense pas que ce soit aussi radical. Si les femmes peuvent traiter des sujets sur des problématiques masculines, alors le contraire est forcément possible!
Je demandais justement, est-ce que tu crois que Trimes est trop masculin?
Masculin, oui. Trop, pas forcément… Le sport en général est un milieu très masculin donc Trimes est très masculin.
Et pourtant, il n’y a pratiquement aucunes femmes dans la presse spécialisée… à moins d’écrire des conseils de nutritions…
Oui, c’est dommage. C’est un milieu encore très masculin, c’est sûr. Peut-être que les femmes n’osent pas se lancer, ou que les opportunités pour qu’elles le fassent ne sont pas encore vraiment à leur disposition. Il faudrait que ça change, la mixité a du bon..
Tu es toi-même triathlète, pourquoi s’intéresser aux autres?
Parce que les autres sont bien plus intéressants que moi 😉 ! C’est justement parce que je connais le triathlon et tous les bons côtés de ce sport que j’ai eu envie d’en savoir plus sur ceux qui le pratiquent à haut niveau.
On a souvent associé l’idée que les femmes sportives étaient assurément des garçons manqués… Mais si les choses changent, les femmes semblent esclave de leur image.
As-tu l’impression que les choses évoluent, ont elles vraiment leur juste leur part dans le sport?
Les choses évoluent, doucement mais surement. On voit bien, de plus en plus, que les sportives ne sont plus des ersatz d’hommes avec des cheveux long. Elles sont des femmes accomplies, à part entière avec une féminité totalement assumée et épanouie. On peut être une femme et une grande athlète. Le risque serait de tomber dans une nouvelle vision de la sportive. À l’égal de son homologue masculin, «tout dans les jambes, rien dans la tête», le risque est que cette féminité assumée leur donne une image de bimbo un peu idiote, plus habile de ses muscles que de son cerveau. Heureusement que plein d’athlètes sont là pour nous montrer qu’elles ont du plomb dans la tête! Le chemin est encore long mais les mentalités évoluent!
Penses-tu que le triathlon est dans une problématique à part?
Pas forcément. C’est un sport comme un autre où les femmes doivent trouver leur place, s’imposer et redoubler d’effort pour être reconnues à juste titre. Je n’ai pas l’impression que ce soit bien différent d’un autre sport.
Est-ce que tu as peur d’être jugée trop féministe?
Oui, souvent. En fait, j’ai souvent besoin de me justifier. Dire que ce n’est pas parce que je veux mettre en valeur le sport féminin et dénoncer parfois sa mise en retrait que je suis d’emblée une activiste féministe. Je défends un certain nombre d’idées féministes (et pas que dans le sport) mais je ne me considère pas comme une à proprement parler. Je sais faire la part de choses.
Il parait que tu aimes beaucoup le rose…
Haha, je n’ai rien contre le rose. (Même si personnellement, je suis un peu monomaniaque du bleu…). Ce qui m’énerve avec le rose, c’est qu’il est automatiquement chois par les équipementiers pour le matériel féminin. C’est frustrant, ce n’est pas parce qu’on est une fille qu’on va vouloir un vélo ou une paire de running rose. Je trouve les marques parfois bien trop réductrices à ce niveau-là.
Il y a eu pas mal de débat dernièrement face à la non sélection de française pour le Rio Test event.
Oui, on n’a pas forcément compris tout de suite le choix de la FFTRI de ne pas sélectionner de féminines pour cette échéance. Et même si aujourd’hui, je ne suis toujours pas convaincue par tous les arguments de ceux qui ont fait ce choix, leur décision est évidemment tout à fait réfléchie.
La question est vague, mais quels sont tes objectifs avec zèles?
Hé bien, tout d’abord, c’est un peu comme la réalisation d’un rêve. Depuis un certain temps, j’ai envie de me tourner vers le journalisme et depuis que j’ai découvert le triathlon, je nourris l’ambition de devenir un jour une journaliste sportive dans ce milieu. Mais je sais que c’est très dur et sélectif. Alors au moins, grâce à Zèles, je peux apprendre, tant sur la théorie que sur le terrain. Et c’est mon objectif principal. Apprendre, mieux connaître, rencontrer les gens de ce milieu, et puis tenter de m’y faire ma place, si possible J!
Et c’est peut-être un peu utopique, mais avec Zeles, l’objectif serait aussi, si possible de faire changer, évoluer les mentalités et le regard que peut poser la société sur le sport féminin. J’aimerai beaucoup que ça évolue vraiment à ce niveau.
Tu représentes aussi Trimes en France sur différentes courses, comment trouves-tu ton expérience avec le milieu…
C’est super enrichissant! J’ai toujours un peu observé le travail des médias et photographes, de loin, un peu comme je pouvais. Alors maintenant que je suis passée de l’autre côté de la barrière, j’adore ça. Au début, ça a un côté très intimidant, me retrouver face à des athlètes que j’admire tellement ! Mais je trouve qu’être comme ça sur le terrain, c’est la meilleure des écoles ! J’ai hâte d’aller sur de nouvelles courses (les Europe à Genève étant la prochaine)
Quelles sont tes prochaines étapes?
Réussir mes études! Je vais essayer de me constituer encore un bagage académique le plus complet qui soit afin d’avoir une certaine assurance, on va dire. Concernant directement Zèles, la prochaine étape va être de continuer à développer le site, tout simplement, poursuivre sur cette ligne éditoriale, promouvoir le triathlon féminin, aller à la rencontre de nouvelles athlètes, sur de nouvelles courses,… Et me remettre sérieusement à l’entrainement!