Cela fait petite semaine que l’Embrunman est passé. Il y a huit jours à peine, c’était l’effervescence totale : du « mollet épilé » , des athlètes affûtés et aux muscles saillants à tous les coins de rue. De quoi donner des sueurs froides à n’importe quel adepte du farniente et des triples glaces à l’Italienne.
Les matinées sur le plan d’eau ressemblaient à un gigantesque camp d’entraînement : ça courrait, nageait ou roulait partout et dans tous les sens dans un joyeux bordel.
Ce matin, je parcours mon village. Il s’est vidé de 50% de touristes et de… 99% de triathlètes.
Je ne suis pas triste, en bon montagnard bourru, je préfère le calme au tumulte et si je sais que c’est bien les vacanciers qui, en majorité, font vivre la vallée, je ne suis pas malheureux de voir mon plan d’eau retrouver un peu de tranquillité chaque année lorsque, enfin, arrivent les derniers jours d’août.
C’est en fait, pour moi, le meilleur moment de l’année : plus grand monde, une lumière différente qui annonce l’automne et des journées encore tellement douces, sans canicule excessive ni froideur accrue. C’est une période où j’ai aussi plus l’envie d’aller à la rencontre des quelques sportifs qui sont encore présents. Le calme, ça permet d’échanger et de prendre le temps d’observer, et pourquoi pas de contempler les choses et les gens…
La fin de l’été, c’est quelque chose de particulier, vous avez le sentiment que vos jours sont comptés et que quelque chose vous échappe. C’est une petite mort en somme, il y a urgence, il faut vite faire le plein de bonnes ondes avant que tout cela ne soit fini. Fin août, à mes yeux, les montagnes deviennent plus belles, l’eau du lac est plus limpide et l’herbe est plus verte. Le caractère précieux de tous ces éléments qui m’entourent m’apparaît comme une évidence. Depuis que je suis « émigré « en région parisienne tout au long de l’année, c’est encore plus vrai. Habiter loin permet aussi de mieux ouvrir les yeux…
La balade du mois d’août 2015… *
Ce matin, mon petit footing ressemblait à cela. Chercher juste à se sentir vivant et en connexion avec ce qui m’entoure. Mon entrainement est devenu naturellement une simple et belle « balade » et le long du plan d’eau, j’ai pris le temps d’observer les deux nageurs qui étaient là, et qui, eux aussi devaient s’éclater à tracer leur sillon. La douceur aidant, je crois bien que je vais aller faire un petit ride en vélo cet après-midi et pourquoi pas venir nager un brin avec les derniers rayons du soleil en fin de journée. C’est fou ce que l’univers dans lequel j’évolue, peut influencer ma vie de sportif. Aucun risque de Ras le bol, tout va s’enchaîner naturellement et simplement. J’ai fait plus de vingt heures comme cela, sans même y porter attention la semaine dernière. Ma plus grosse semaine de l’année… Et pas une courbature, malgré une grosse « bambée » de sept heures du côté du lac Malrif.
Lorsqu’il jubile, j’ai l’impression que mon corps refuse d’avoir mal…
Je ne crois pas être profondément écolo dans l’âme, en tout cas, pas plus que la moyenne. Si l’écologie est un état d’esprit, je le suis peut être un peu, mais en regardant mon matériel et lorsque je monte sur mon vélo, entièrement en carbone ou presque, je ne peux que me dire que ma fibre écolo s’efface bien vite devant mon confort sur deux roues.
La nature, j’en « profite » pour ainsi dire. J’ai bien conscience que je suis un peu ingrat avec elle, mais au moins, j’ai eu la chance d’être suffisamment éduqué pour apprendre à la voir vraiment… A défaut d’en faire réellement plus…
La semaine dernière, je lisais encore un article dans lequel des « spécialistes » expliquaient que le bien-être du sportif venait de la production d’endorphines liée à l’effort. Je ne suis pas physiologiste, mais je pense que mon bien-être va très au-delà de cela. Ce n’est pas si « mécanique », le plaisir est beaucoup plus lié aux émotions et, dans mon cas, cela est directement connecté avec la beauté de l’endroit dans lequel j’évolue. Et même si je ne fais plus guère de courses, j’ai le souvenir que, même à fond, cet élément est déterminant. C’est un peu comme si, sans « regarder » j’étais capable de ressentir l’immensité ou la beauté d’un lieu…
Alors bon, dans quelques jours, je vais partir. Il faut bien partir un jour c’est sur. Peut-être que c’est parce que je n’y suis pas tout au long de l’année que je profite pleinement des moments où j’y retourne. Malgré tout, je sais que mes sessions d’entraînements, mes « balades » auront sans doute un peu moins de saveurs pendant quelques mois.
Alors je mise sur les récits de nos élites et des quelques « chanceux » ou suffisamment talentueux pour me faire voyager. À Hawaï ou ailleurs. Là où l’univers sublime et transcende l’effort pour le rendre jubilatoire.
Je compte sur vous !
*La balade du mois d’août 75, Charlélie Couture. (album, pochette surprise ed Island Records, 1981)
crédit photo : Xavier Garcin.
T’es agréable à lire. Bravo.
Correction : Très agréable à lire .
Merci 🙂