Après deux tentatives, le champion olympique de Beijing, Jan Frodeno a finalement mis la main sur son premier titre mondial. L’Allemand est clairement entrain de redéfinir les standards en longue distance. Trimes s’est entretenu avec lui pour en savoir plus sur le déroulement de sa course et sa signification.
C’est probablement secondaire lorsqu’on est un champion olympique, mais tu viens de mettre la main sur ton premier titre mondial. J’imagine que cela avait son importance avant Kona et de prendre sa revanche sur Gomez (gagnant en 2014). Il parait qu’Emma (Snowsill) a toujours deux titres de plus (rire).
Emma (Frodeno) a toujours quelques titres en plus, mais je suis vraiment heureux de raccourcir le déficit. Honnêtement, ce résultat ne change pas réellement ma préparation pour Kona. C’est certain qu’il est profitable de terminer ces dernières semaines avec du positif. Pour ce qui concerne Javier Gomez, c’est toujours super d’avoir une chance de courir contre lui, encore plus quand je peux le battre! C’est certain que cela ajoute de la valeur à ce titre mondial!
Si je te présente comme l’actuel Alistair Brownlee de la longue distance. Je veux dire par là que tu as ta destinée entre les mains sachant qu’en contrôlant la course de A à Z, la victoire viendra. Est-ce que je suis loin de la réalité?
Bien, je n’aime pas réellement la comparaison avec Alistair et même s’il est un très bon athlète. Je pense que j’ai finalement trouvé le moyen pour être constant et rester à mon meilleur niveau. Cela me donne la faculté d’être plus agressif ou d’avoir plus d’options en fonction de l’allure de la course. C’est bien de pouvoir de jouer l’élément de surprise, mais aussi d’être à l’avant rapidement.
Quelle est ton opinion sur le parcours, on a eu l’impression qu’il était impossible de se cacher dans un groupe et cela à forcément générer une course plus juste.
C’était réellement une super course. Rapide, technique et aussi très bien pour les spectateurs. Pour être honnête, la seule fois que j’ai regardé en arrière, il y avait aussi un groupe, il y aura toujours des gars jouant cette tactique.
À plusieurs moments, on t’a senti en danger, comme durant l’ascension avec Bocherer et Dreitz, le retour de Michael Raelert et tes problèmes de crampes. Est-ce que tu as cru à certains moments que la victoire pouvait t’échapper?
Bien, le plus grand danger, c’est lorsque j’ai roulé dans un trou et que j’ai pratiquement perdu le contrôle de mon vélo. Dans ma réaction, je me suis crispé, et quand tu es à la limite, cela se traduit par une crampe. Je me suis senti le plus en danger en course à pied. C’était horrible. Je me sentais faible et sans contrôle de ma respiration, je me battais pour retrouver mon rythme. Je savais que j’étais très fatigué de mes gros entrainements, mais c’est surtout la combinaison d’un vélo très dur qui m’a plongé dans cette lutte.
Peux tu nous parler de ta stratégie à vélo, est-ce que c’était réellement un effort régulier ou tu étais en surrégime au début?
Je ne suis pas certain de ce que tu as vu, mais je me suis rapidement détaché, avec seulement Andy Bocherer avec moi. On a roulé jusqu’au col ensemble, et même si je poussais 500 watts, je me suis fait passer (Dreitz et Bocherer), je n’avais pas d’autre choix que de leur souhaiter bonne chance. L’aspect tactique était dans la descente parce que c’est l’une de mes forces. À partir de cela, c’était vraiment orienté aux chiffres (pacing).
Est-ce que l’on doit dire que le Frodeno de 2015 est plus fort ou plus intelligent tactiquement?
Peut-être le plus fort que je n’ai jamais été.
Tu es désormais le grand favori pour Kona et même si, Sebastian Kienle, actuel champion du monde, continue à progresser. Est-ce que la victoire est ta seule option?
C’est mon seul but!
En meme temps quand on est a 500 watt et que l’on se fait doubler ya pas trop de raison de stresser. Ca ne peut que craquer devant.