Ce qu’on a appris > Élite homme – Chicago – Les leçons espagnoles.

Ce week-end avait lieu la Grande Finale de Chicago. Cette course qui conclut la série mondiale est d’autant plus importante qu’elle met un terme à la saison pour la majorité des élites. Entre sélection olympique, classement mondial ou financement futur, tous voulaient clore la saison sur du positif. Voici nos observations.

Le placement sur le ponton.

Mais le placement étant libre et attribué en fonction du classement mondial, on se rend compte qu’il a toujours un effet sur le résultat. Comme toujours, Gomez a choisi le côté intérieur. Richard Murray (4e) a préféré se placer sur le spot #12. C’est Jonathan Brownlee qui se mettra à côté de lui. Dès le départ, on a assisté à un regroupement du côté intérieur.

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Une urgence à aller vers à la droite. Non, personne ne se battait pour les pieds de Javier Gomez, c’est tout simplement que la ligne la plus courte qui se trouvait à droite, certains l’ont vu. Gomez réussira à faire un excellent départ en se plaçant rapidement dans les premières positions, ironiquement, il sortira de l’eau vers la 15e place.

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Avec la présence d’un courant de droite à gauche. Les dossards élevés devaient répondre à une demande encore plus grande. Même si ce handicap n’est que sur les trois cents premiers mètres, certains athlètes s’embourberont et ne réussiront pas à se replacer.

Une natation en ITU, c’est un effort en deux temps, le premier est de se battre pour le placement à la première bouée. Un nageur qui à une excellente vitesse est capable de se placer rapidement en avant et de nager librement par la suite à une vitesse de croisière (steady effort). Il suffit de quelques mètres de retard pour se retrouver dans une situation nettement plus difficile. Certains nagent 1500 mètres sans contact et d’autres le sont constamment.

Est-ce injuste?

La position est en fonction du classement mondial. Par définition, ils ont un avantage. C’est comme en athlétisme avec les couloirs. Malheureusement, avec l’addition du courant, il est certain que cela a eu un effet sur la dynamique finale. Pujades ne sera pas en mesure de prendre sa place en avant.

Varga, trop fort?

Varga réussi à se détacher, personne ne réussit à le suivre et les coupures ne se feront pas. En perdant le contact avec le poisson-pilote, on n’assistera pas à la sélection habituelle dans l’eau.

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Les espagnols, Mario Mola et Fernando Alarza, qui réussissent enfin un excellent départ, surprennent en sortant dans les premiers, et cela viendra totalement chambouler la dynamique de la course.

S’embourber dans les algues?

Il semblerait que l’orage a ramené des algues dans le parcours de natation. Des athlètes seront gênés. Cela semble avoir provoqué un ralentissement pour certains athlètes. Est-ce la raison qui explique la sortie tardive d’un Javier Gomez malgré un excellent départ?

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Un changement de parcours profitable à certains et trop court?

C’est l’histoire d’un ponton dont les attaches dans le béton se sont fragilisées. L’ITU a donc changé son parcours pour celui des U23 avec deux transitions.

Au lieu de faire les deux tours habituels, le parcours prendra la forme d’un aller-retour et d’une longue ligne droite longeant un quai. Les contacts dans les bouées sont donc restreints et surtout, la longue ligne droite finale permet aux athlètes de se diriger plus facilement et d’avoir plus d’espace pour passer et donc sans crainte de se retrouver trop à l’extérieur ou intérieur avant le prochain virage.

Varga sortira finalement avec un temps de 16 minutes et 18 secondes. On est très loin du temps entre 17:30 et 18 minutes pour 1500. Eh oui, le parcours était aussi probablement trop court et même si on additionne à cela l’absence de la sortie à l’australienne, on reste avec l’impression que les premières bouées étaient trop proches. Cela se vérifie avec les temps en dessous de 18 minutes des femmes. Championnat du monde?

Présence de Mola dans le groupe de tête, une nouvelle donne?

Voilà, les récentes dynamiques de courses se sont résumés à ce que la sélection se fasse dans l’eau puis que le vélo soit assez sélectif pour tenir loin les coureurs comme Mola et Murray.

On pourrait parler de progrès dans l’eau pour Mario Mola. Même si cela est certainement un fait, avant de dire qu’il n’est pas vulnérable dans l’eau, il doit le prouver sur une natation sans wetsuit et on peut aussi considérer que la mauvaise configuration du ponton l’a favorisée.

Ce résultat semble tout de même démontrer que sa vitesse dans l’eau est au niveau des meilleurs et que c’est avant tout sa position lors du premier virage qui est l’aspect décideur de son placement après la natation.

On notera que ses deux victoires de la saison sont survenues lorsqu’il est rentré dans le premier groupe dès le départ du vélo.

 

Dynamique avec ou sans Alistair Brownlee.

L’absence des Brownlee s’est depuis fait sentir. Aucune échappée ne s’est rendue en T2 depuis (exception à Hambourg).

Le vélo. En plusieurs séquences. 

Royle, Luis et Jo Brownlee prendront rapidement les rênes. On verra un groupe de 7 athlètes se former. Étonnamment, le seul espagnol présent est alors Mario Mola et non Javier Gomez. Tout comme à Edmonton, ce groupe (écart initial de 10 secondes) ne sera pas en mesure de résister longtemps au retour du groupe poursuivant (Gomez, Grajales, Alarza).

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Dans le deuxième groupe, Javier Gomez n’aura pas le choix de tout donner pour reprendre Mola. La jonction sera finalement à la fin du premier tour pour former un groupe de 20 athlètes.

L’Espagne VS La France? Jo Brownlee s’y oppose. 

Les deux nations ont placé 4 athlètes en tête. Mola, Gomez, Alarza et Hernadez contre Luis, Le Corre, Pujades et Coninx. Le partage du travail se fera initialement ensemble, même Mario Mola y participera.

Mais dès lors que Johny Brownlee pointera son nez et qu’il obtiendra l’aide de Van Riel, Kanute, Royle et Fabian, les Espagnols laisseront l’initiative aux autres en se contentant de rester bien positionnés pour éviter les chutes.

 

Varga tombera au combat dans le premier tour, Blummenfelt, Bryukhankov, Hernandez et Chacon le suivront dans les autres tours.

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Johny Brownlee finira par attaquer et c’est finalement Anthony Pujades qui ramènera le groupe sur lui. Johny répétera l’initiative 3 fois et finira par user son groupe. Tout comme la course des U23, on a eu l’impression que les nombreuses relances ont fini par insécuriser les athlètes sur l’intensité à tenir.

Finalement, cela sera Ben Kanute qui contre attaquera et s’échappera. Pendant ce temps, le groupe de tête commencera à se regarder et perdra du temps sur le groupe les poursuivants.

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Des athlètes nettement au-dessus?

En début de course, lorsque Richard Murray est sorti avec une minute de retard sur Richard Varga, on pensait que sa course était finie. Ironiquement, avant la mi-course, Murray n’avait pratiquement fait aucun progrès. Le 6e se fera dans un temps record. Gagnant 15 secondes dans l’opération, il réussira par lui seul par reprendre 30 secondes dans le 7e tour et rentrer dans le groupe.

Il sera d’ailleurs aidé puisqu’à partir du 7e tour, le groupe de tête stoppera totalement son effort en roulant 15 secondes plus lentement que ses tours moyens.

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Lorsque Salvisberg, Van Der Stel, Kanute et Collucci réussissent à sortir du groupe, c’est parce qu’ils sont les seuls à garder le même rythme.

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Une question de technique?

Comme toujours, on parle souvent de la force d’un athlète à vélo (puissance). Sur un parcours qui demande de nombreuses relances, la technique fait aussi la différence. Un athlète capable de bien aborder des demi-tours avec une trajectoire et une position agressive, il réussit à prendre les devants. On a vu Johny Brownlee ou encore Aaron Royle faire des écarts en sortie de virage.

Une transition aussi inéquitable.

La transition étant placée dans un rond-point, ceux qui étaient dans le côté intérieur parcouraient facilement 15 mètres en moins. C’est aussi un petit détail qui peut avoir une influence importante sur le résultat final. Est-ce que l’ITU pouvait faire autrement? Non, et honnêtement, il y a juste les lecteurs de trimes pour le remarquer!

Mola, le meilleur coureur de tous les temps?

Comparer des temps en course à pied est un jeu dangereux. Puisque les performances sont le résultat de plusieurs facteurs comme l’intensité à vélo, le nombre de virages et surtout, la distance totale qui est fréquemment inexacte.

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Mario Mola courra un temps exceptionnel de 28:57. À titre de comparaison, selon de nombreux spécialistes, la meilleure performance en course à pied à ce jour a eu lieu aux Jeux olympiques de Londres. Alistair avait couru 29:07.

Est-ce que Mario Mola vient d’atteindre des nouveaux sommets avec sa course à pied? D’après nos informateurs, le parcours était 100 mètres trop court. On estime donc (aléatoirement) que Mario Mola a offert une performance pour un temps de 29:10. Connaissant l’implication d’Alistair Brownlee à vélo lors des Jos de Londres, le grand frère a toujours une petite marge.

 

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Ce qui nous marque…

Ce n’est finalement pas les temps finaux de Mario Mola ou de Javier Gomez, mais leur faculté à sortir cette performance après avoir effectué autant de courses cette saison.

6 gagnants différents cette saison en série mondiale. 

Mario Mola (2), Javier Gomez (2), Alistair Brownlee (2), Johny Brownlee (2), Vincent Luis (1), Richard Murray (1).

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Javier Gomez, le plus grand de tous les temps?

Gagnant d’un cinquième titre mondial, il devient l’athlète le plus titré de l’histoire de l’ITU. Il n’a pourtant qu’une seule médaille olympique (Londres – argent) à son compteur. Ironiquement, c’est pourtant Alistair Brownlee qui a marqué son temps et qui est toujours considéré comme le plus fort. Mais pour cela, il faut être en mesure de se présenter aux courses.

Probablement un débat à lancer sur un forum Trimes…

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Vincent Luis écrit une nouvelle page pour le triathlon français.

Le jeune français aura accumulé les premières cette saison en gagnant sa première victoire sur la série mondiale. Il est aussi devenu l’athlète le plus régulier du circuit. Sa plus mauvaise place de la saison est une 5e place. Il montera 4 fois sur le podium en 6 sorties.

Depuis la création de la série mondiale, c’est la première fois qu’un Français termine sur le podium mondial au classement final.

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Et les sélections olympiques?

Mario Mola devrait obtenir sa sélection grace à sa seconde place au classement final (2e critère), le Belge Jelle Geens, auteur d’une surprenante 8e place devrait aussi obtenir son billet pour les Jeux Olympiques.

Entre temps, aucun américain et Canadien n’ont rempli les critères de sélection.

C’est l’étape australienne en 2016 qui devrait être désignée comme qualificative pour de nombreuses fédérations.

Un doublé pour McDowell.

L’américain Kevin McDowell se sera engagé dans deux courses. Soit les U23 où il terminera 4e et en élite en 33e place. Cela s’explique par le besoin d’engranger des points ITU afin d’obtenir un dossard olympique.

La fin?

Est-ce que c’était la dernière course pour certains vétérans? On pense tout de suite à Hunter Kemper qui s’était lancé comme défi de participer à une 5e olympiade. Il passera totalement à côté de sa course. Est-ce que l’envie est toujours là?

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Pour consulter l’intégralité des splits (par tours et discipline)Chicago Elite M laps

 

1 commentaire
  1. Alors, Alistair est meilleur que gomez. Point =)
    plus de victoires en wts dans l’absolu, et en pourcentage de participations aux wts!
    plus grande domination sur les courses pour Ali Brownlee que pour gomez..
    le débat est clos? d’accord =)