Il y a ces performances qui marquent. Le retour de David Hauss lors du test event est tout simplement sensationnel, pas simplement sur un point athlétique, mais bien plus sur l’aspect mental. En quittant son vélo à la 50e place et avec un retard aussi conséquent, dans ce combat, nombreux sont ceux qui auraient tout simplement jeté l’éponge…
Dans notre entrevue avec lui d’après course où nous tentons de comprendre sa réussite, impossible de ne pas relever ce passage.
Je le fais désormais pour moi, dans le plus grand plaisir et comme si que je n’avais plus rien à perdre. Tout ce qui m’arrive, c’est du bonus. Je suis heureux et comblé, cela me rend donc très serein et plus fort… c’est la force de l’expérience.
Le Test Event de Rio est d’ailleurs particulièrement intéressant puisqu’en analysant les résultats des élites, rares sont ceux qui ont ‘performé’ à la hauteur de leur potentiel. Dans cette course synonyme de sélection olympique, les athlètes ont couru avec la peur de perdre et de ne pas répondre aux attentes.
Pour faire l’analogie au milieu du travail, cela correspondrait presque à cela, travailler pour aller chercher des nouveaux marchés, ou travailler pour ne pas déclarer faillite… À votre avis, dans quel milieu allez-vous mieux ‘performer’?
À la fin, on remarque que les athlètes qui ont obtenu leurs tickets pour Rio étaient déjà de l’aventure londonienne. Réponse logique face à une pression trop grande qui favorise un athlète plus expérimenté?
Courir pour gagner ou pour ne pas perdre?
Depuis cette dernière décennie, il y a eu cette prise de conscience où l’on exige qu’un athlète se présente pour gagner des médailles. L’étau se resserre sans cesse en créant des critères. Dans ce monde des chiffres on se questionne fréquemment si le développement de l’individu est encore d’actualité.
Des paliers vers la réussite ou un fonctionnement à la « Hunger Games »?
Même si l’on peut affirmer que ce système a fait ses preuves puisque l’athlète ne peut plus se mentir sur son niveau de performances, cela vient créer un niveau de pression dont seuls les athlètes bien outillés mentalement peuvent y répondre. Malheureusement, les politiques en haute performance ne sont pas toujours inclusive et par la complexité de l’exercice, elles ne peuvent adresser l’individualité d’un athlète.
Lors des derniers championnats du monde de natation de Kazan en Russie, face à des résultats décevants des Françaises, l’équipe technique des tricolores a répondu qu’il fallait tout simplement revenir à des critères plus durs en imposant des temps aussi sur les rondes de qualification… Malgré une réponse de plusieurs phrases, ils n’évoqueront pas une seconde la nécessité de mieux accompagner l’athlète et de s’assurer de créer une culture de l’excellence… Lorsqu’un système n’est pas en mesure de générer une relève, alors que le sport n’a jamais été aussi populaire, ne faut-il pas remettre en cause la culture en place?
Cause à effet ou pas, il semble très difficile pour les femmes de percer dans les disciplines d’endurance. Cela pourrait s’expliquer par une vision sexiste du sport de haut niveau, mais cela n’est pas réellement le cas. Au contraire, à force de vouloir traiter les femmes comme des hommes, on oublie leurs différences et on les fait plonger dans un monde où rares sont celles se sentiront comme un petit poisson dans l’eau puisqu’elles répondent tout simplement différemment à la pression des attentes fédérales.
Une question d’état d’esprit?
L’Américaine, Ledecky, âgée seulement de 18 ans est déjà en train de monopoliser le livre des records. Ses performances à Kazan sont tout simplement hors norme. Vu les récents développements, il est facile et presque obligatoire de tomber dans un certain scepticisme. Dans la logique actuelle, un athlète qui bat des records est forcément dopé, non?
On préfèrera croire à un autre scénario. La natation a justement cette dimension très technique. Des capacités physiques peuvent s’exprimer uniquement si l’athlète est efficace dans l’eau.
Le New York Times s’est déjà posé la question sur les raisons de son succès. Comment expliquer ses performances. Comment une athlète peut battre des records du monde en manches qualificatives? Une élite sait qu’il doit réserver ses énergies… Ledecky ne fonctionne pas comme cela et se justifiera avec des mots qu’on a déjà entendus…
Je n’ai pas peur de me louper, je n’ai rien à perde…
Tout cela peut paraitre d’une incroyable banalité, mais appliquer cet état d’esprit est un combat perpétuel puisque le système veut sans cesse vous placer devant des échéances.
Le succès de Ledecky ou de Hauss est sans conteste le résultat d’un mental qui les distingue. Ils ont pu se forger grâce à un entourage leur permettant de se développer sans cette peur des conséquences face à la contre performance.
Derrière un athlète, il y a toujours un coach et des individus. Les bons coachs savent qu’avant de développer un athlète avec des capacités physiques, il faut aussi développer l’individu – celui qui sera capable de faire sa place dans la société, de relativiser et de se placer dans l’incroyable monde de la compétitivité et par ce fait, courir pour saisir les opportunités.
Le travail du coach ne peut être optimal que si les parents le supportent son travail sans créer des attentes trop élevés.
Au premier front, on y retrouve forcément les parents.
Cela m’amuse fréquemment lorsqu’on explique les succès d’un athlète sur un aspect génétique. Chez Trimes, on croit avant tout à l’importance de l’environnement des athlètes et les parents ont forcément leur mot à dire.
Les parents viennent jouer un rôle très important, ils peuvent autant être très néfastes ou très positifs à leurs enfants. Tout est une question d’attentes.
Il n’est pas rare de voir des individus se projeter dans leur enfant afin de devenir de l’athlète qu’ils n’ont pas su être. Dans ce rapport, l’enfant évolue généralement avec la peur additionnelle de décevoir ses parents. Rares sont ceux qui peuvent répondre à cela.
Dans le cas de Ledecky, on apprend que ses parents n’ont tout simplement aucune attente, leur point de vue est simple, ils seront toujours là pour l’appuyer, quels que soient ses résultats. Ils refusent tout simplement d’être une source de pression additionnelle. Tout cela est du bonus. Ironiquement, ce retrait est probablement l’une des nombreuses raisons de son succès.
Comme l’exprime le coach de Ledecky, le sport reste un environnement très sécurisant, tu fais quelque chose que tu aimes et dont tu essayes de faire le mieux possible. À la fin de la journée, son père et sa mère l’aimeront toujours, son coach continuera de la coacher et ses amis seront toujours ses amis. Ironiquement, c’est parfois difficile de faire comprendre cela aux enfants…
Répondre constamment aux attentes et une faculté presque impossible. Les parents devraient toujours être là pour relativiser et rappeler le chemin déjà parcouru et ne pas être un amplificateur aux émotions.
Il y a toujours un entourage derrière un athlète.
Tout ca pour ca ?
La conclusion est assez legere.
Et vous jouez encore les francs tireurs sur certains pays ou d’autres disciplines qui ont nettement plus gagne que le triathlon et meritent donc plus de discernement que votre constat de zoro.
Tres dommage, la lecture est moins plaisante.
Est-ce qu’on peut parler du niveau actuel en athlétisme chez les femmes ou en natation? Les résultats sont fréquemment le produit d’un coach et non d’un système. Les médailles ne sont pas forcément le fruit d’une structure qui fonctionne.
Parler de médailles alors que l’on devrait parler d’un environment compétitif capable de donner la chance aux jeunes de réussir…
Au passage, tu peux lire Trimax ou Triathlete si tu n’aimes pas les zoros…