On pourrait refaire la course à chaque fois et on finirait toujours avec un autre gagnant. Pensé à 2014, la crevaison de Frodeno, l’explosion de Frederik Van Lierde et demandez-vous si Sebastien Kienle était si au dessus du lot.
Il ne faut pas oublier que cette année, pas moins 10 rookies avec des CVs déjà impressionnants seront au départ. David Ncnamee, Brent McMahon, Lionel Sanders, Tim Don, Denis Chevrot, Jeffrey Symonds. Dans ce terrain inconnu, ils peuvent aussi créer une incertitude.
Par nostalgie, on aimerait aussi voir Andreas Raelert, Mario Vanhoenaker, Ivan Rana, Eneko Llanos et même la légende vivante (43 ans) Cam Brown, faire une dernière course à la hauteur de leur talent. Évidemment, ce souhait s’applique aussi à nos français qui auront leur mot à dire dans cette course.
Alors la course, cela sera comment?
À écouter la télévision allemande, elle se résume tout simplement dans un duel entre Frodeno et Kienle. D’ailleurs l’ancien champion olympique va jusqu’à dire que c’est le seul athlète dont il veut être informé de l’écart. Cela résume très bien sa stratégie, il veut faire sa propre course et gardant simplement Sebastian Kienle comme repère.
Frodeno sait très bien qu’il a les habiletés pour être dominant dans les trois sports et il sait déjà que certains athlètes seront trop agressifs à vélo. Frodo doit donc faire la part des choses.
Ironiquement, il est tellement vu comme le favori et comme l’homme qui doit contrôler la course que l’on peut s’attendre qu’il soit utiliser comme la référence et donc, le conducteur du train « Kona Express ».
À l’image d’une course ITU, lorsqu’un athlète est vu comme trop fort, les autres se contentent de suivre et refuserons donc à contribuer pour instaurer un bon rythme. Point important, contrairement aux récentes éditions, la course ne verra pas à son départ un athlète fantasque comme Starykowicz qui tentera de semer le doute avec un effort à deux roues presque suicidaire.
Kona est aussi une course particulière puisque plus que jamais, certains sont là pour un classement, top 5, top 10, leur stratégie sera ajustée durant la course quelque soit le leader en place. Une stratégie trop aggressive a des conséquences importantes sur leur futur saison (perte de points au classement qualificatif KPR). Cela fini toujours pas se ressentir.
La natation.
Il existe plus de 10 athlètes avec des passés de nageurs ou d’athlètes ITU. Le niveau dans ce sport est nettement plus dense que dans le passé parce qu’il est devenu nettement plus difficile de revenir sur la tête après une mauvaise natation.
On peut encore une fois s’attendre à voir Potts et Frodeno instaurer une vitesse afin de faire la sélection. Plus ils isoleront des athlètes, plus ils gagneront du temps sur une éventuelle remontée des meilleurs rouleurs comme Sanders, Weiss, Rapp, Aernouts, Kienle.
Fait plus intéressant, si Frodeno est capable de créer une cassure sur des athlètes comme McMahon, Raelert, Van Lierde, Frommhold, Bocherer, Rana, Diederen, Tim Van Berkel, il sera en mesure de les forcer à rouler encore plus fort durant la première heure. Cela vient créer un sentiment d’urgence qui finira par se payer rapidement.
Le vélo.
Avec un plateau si dense, on peut s’attendre à voir la formation de deux trains de plus de 15 athlètes (chacun). La position est primordiale puisque le règlement a changé ses dernières années. Dans le passé, dès lors que votre roue dépassait le cycliste que vous dépassiez, il était obligé de ralentir. Ce n’est plus le cas. Les dépassements sont désormais nettement plus compliqués (dans un temps max de 25s) et surtout plus taxant.
On sait aussi que certains athlètes malicieux accélèrent durant qu’ils se font dépasser afin de les placer dans l’illégalité. Chaque année, on entend des histoires là-dessus…
La gestion du vélo est donc très compliquée parce qu’elle ne s’arrête pas à gérer votre énergie, mais aussi à contrôler votre environnement. C’est lorsqu’un athlète n’est plus serein qu’il fait des erreurs.
Comme à l’habitude, on assistera donc à une première heure assez folle où les athlètes rouleront à plus de 90% de leur FTP et tentera de réduire l’intensité.
Ses dernières années, on se demandait quand Kienle allait revenir sur le groupe de tête. Cette année cela risque d’être différent puisque Frodeno a prouvé qu’il pouvait le tenir à distance.
Rationnellement, on a vraiment l’impression que le statut de Frodeno permet à d’autres athlètes comme Van Lierde, Vanhoenacker, Raelert, Aernouts de courir sans cette pression habituelle.
Comme toujours, la montée de Hawi et le demi-tour sera attendu pour passer d’un mode défensif à offensif. Les écarts sont surtout réalisés dans les 60 derniers kilomètres. Certains athlètes perdront beaucoup de temps dans la dernière heure.
On ne serait pas étonné de voir Boecherer, Sanders, Twielek, Vanhoenacker être très offensifs sur ces derniers kilomètres. C’est leur manière de courir.
Dans cette course à l’usure, de nombreux athlètes devront savoir quand laisser partir les meilleurs cyclistes afin d’être en mesure de les reprendre durant le marathon. Cela n’est jamais un exercice facile. C’est pourtant une question que des athlètes comme Raelert, Guillaume, Chevrot, McMahon, Rana, Potts, Symonds, O’Donnell, Don, Hoffman devront se poser rapidement.
La course à pied…
Le problème avec Kona, c’est que vu la densité, les athlètes veulent la mener le plus rapidement possible. À cause de la dureté du climat, un athlète peut rapidement exploser et partir trop vite se payera rapidement. On voit fréquemment des athlètes avoir des seconds souffles.
Beaucoup pensent que Frodeno aura course gagné s’il pose le vélo avec seulement des ubberbikers (Boecherer, Frommhold, Van Lierde, Vanhoenacker) devant lui. On pense que c’est un peu plus compliqué que cela. Personne ne serait rassuré avec des athlètes comme Don, Rana, Sanders, Raelert, Aernouts, Viennot, Symonds.
Il y aura aussi des éléments-surprises, Sebastian Kienle pourrait bien courir en dessous les 2:50.
Frodo est comme tous les autres athlètes, il n’a pas le droit à l’erreur. À mois qu’il court un marathon en 2:40, la course sera nettement plus serré qu’on l’imagine. Frederik Van Lierde peut rapidement le hanter et puis Kona nous réserve toujours des surprises, non?