Après 8 ans sur le circuit, le très sympathique Mike Aigroz a mis pour la première fois la main sur la première place sur une course Ironman. Malgré des périodes plus difficiles, le Suisse a toujours su transmettre une énergie positive dans sa pratique du sport. Trimes s’est entretenu avec lui pour en savoir plus sur le déroulement de sa course (Ironman Malaisie).
Est-ce que je me trompe? Mais c’est ta première victoire sur le circuit non?
Sur la distance pour les grands (fou), oui!
Ta performance majeure date de 2011 avec ta 6e place, à cette époque, tout le monde te voyait pratiquement comme un futur prétendant au titre. Mais, tu as finalement été victime d’une blessure. On sait que l’entrainement en ironman et physiquement et mentalement usant, est-ce que tu doutais de pouvoir retrouver ton meilleur niveau?
Kona, c’est bien, mais ce n’est pas la seule occasion de s’envoyer un 226km…dans les pattes…j’étais quand même remonté sur la boxe depuis!
Je sais que tu as la chance de pouvoir t’entrainer avec les frères Raelert, le succès de Andreas à Kona a probablement eu un effet positif sur toi, non?
Une nuit de Kona à « Geeker » ce n’est jamais bon pour la récupération… mais oui j’ai aimé voir Andy courir à ce niveau! Pour moi c’est un vrai « gentleman du sport » avec une mentalité et des valeurs bien trop rares de nos jours dans ce monde de requin! J’ai beaucoup appris avec lui. Être son «larbin » pour sa préparation finale de Kona était un énorme honneur pour moi et cela s’est avéré plutôt plaisant…non, je rigole, c’était un véritable challenge pour moi de pouvoir l’aider. À ce niveau, ça ne rigole plus trop!
Pourquoi la Malaisie?
Je n’avais jamais couru sur le circuit IM en Asie c’était donc la bonne occasion pour finir la saison…. Sur une découverte!
Ça semble être un pari plus périlleux à cause du climat.
Oui, mais cela n’était pas une surprise à la Volkswagen!
Parle-nous de la course, tu sors dans le premier groupe après la natation. Romain Guillaume dictera le rythme durant le vélo. À quoi penses-tu à ce moment-là?
La natation a débuté avec une bonne piqure de méduse sur le visage dès le départ ce qui m’a occupé l’esprit jusqu’à la fin du premier tour vélo et tant mieux finalement!
Pour la tactique de Romain je me suis dit qu’il avait mis ses « cojones » dans le bag T1 et un grand respect à lui d’avoir essayé, c’est un mec que j’aime bien et très généreux dans l’effort et la vie (pour l’anecdote j’ai roulé avec sa roue d’entrainement comme mon disque s’était cassé pendant le voyage, merci Romain et oublie pas de me rendre ma cassette 11-27)
Finalement, tu poseras le vélo avec un retard de 10 minutes de retard sur Romain et surtout, tu es accompagné par plusieurs athlètes. À quoi penses-tu à ce moment-là?
Que moi j’ai mis les miennes à la T2! Sachant que mon niveau de course à pied devait me permettre de survivre dans ces conditions de chaleur et d’humidité vraiment extrêmes!
Finalement, vous allez courir pratiquement 30 kilomètres ensemble. Pour les fans, cela semble magique… mais on peut imaginer que dans ta tête, ça doit beaucoup calculer?
Oui, au 15e km, je pose une petite accélération pour « voir », mais j’ai vite été rappelé à l’ordre par Dame nature et j’ai compris que ce n’était pas la solution pour gagner! On rattrape Romain et ensuite c’est une course d’attente. On court à 3 jusqu’au 30e km où Freddie (Croneborg) augmente l’allure. Harry (Wiltshire) lâche, mais moi je me sens bien. À 8km de la ligne d’arrivée, on discute le coup et je lui souhaite bonne chance! Je me concentre, je croise Yvan J. qui m’encourage.
Comment se passe finalement le final? Est-ce que c’est toi qui passes à l’attaque?
À la sortie du dernier ravitaillement (au 39e km) Freddie attaque net. Je résiste comme je peux et au moment où il relâche la pression je passe devant pour garder le rythme. Je finis par faire chauffer mes rotules à la sortie du dernier virage à 300m de la ligne…à 100 mètres j’ai 5 mètres et il a lâché !
Mais, que ça fait mal après une journée de 8h50!
Tu es l’un des rares athlètes qui sait mettre des mots sur la place du sport dans sa vie, quelle leçon tire tu sur cette course surtout vu les dernières circonstances…
Je crois que mon « body language » sur la ligne d’arrivée parle de lui même…
Pour le reste « des circonstances » je n’ai pas un niveau spirituel assez élevé pour me permettre de tirer des théories …mais croyez-moi ça m’attriste énormément… cependant, je préfère partager des énergies positives sur la toile que de tomber dans le piège des infos abrutissantes des réseaux sociaux!
Quelles sont les prochaines étapes?
Trouver un budget pour faire au moins une année de plus avec Kona comme focus et à court terme manger du FAT sous forme de fromage AOC ou moitié-moitié du coin après une bonne journée de ski si possible.
Est-ce que ce succès en poche te permet d’aborder plus facilement la suite de ta carrière?
Non, cela ne change rien, je vais continuer à défendre mes valeurs et mon lifestyle…Je m’entraîne en self-coaching et cela me va bien! Mais peut-être que je vais partager un peu plus ma passion et ma philosophie d’entraînement au travers d’une structure… à voir.
On imagine qu’une victoire te permet d’être un peu plus confiant face aux sponsors non?
Je vais déjà partager ces émotions positives avec tout mon team de sponsors et amis qui me soutiennent depuis si longtemps et sans qui tout cela ne serait pas possible (je vous rappelle que j’ai une structure 100% privée) et pour la suite, je vais continuer à travailler dur…pour mériter leur confiance!
Ciao les trimes, Mike le suisse
Credit photo (couverture) AsiaTri.com