Durant Science Triathlon, les chercheurs de l’INSEP ont sans aucun doute volé la vedette. Yann Le Meur, Anaël Aubry et Romuald Lepers (Université de Bourgogne) ont présenté des sujets qui se complétaient parfaitement et qui remettent en cause notre manière de nous entraîner.
Comme vous devez le savoir, le principe de l’entraînement est assez simple, l’organisme a la capacité de s’adapter. Pour cela, on utilise le principe de surcharge, la charge doit dépasser un « seuil d’adaptation ». Si ce seuil est atteint, la période de régénération physiologique produira un rehaussement fonctionnel des capacités de l’organisme.
La planification annuelle d’un athlète est basée sur ce principe que la charge doit augmenter à l’approche des compétitions. l’entraîneur Sergio Santos (POR) a d’ailleurs présenté les planifications de plusieurs athlètes et que les semaines avec le plus de volume se faisaient durant la période hivernale et non durant la période des courses. Le mois de février est généralement le plus conséquent (quantité). Pour la saison, l’athlète doit donc exploiter sa base en s’entraînant moins et en augmentant la qualité de son entraînement. Au final, on n’est plus dans un processus de surcharge.
Anaël Aubry a probablement répondu indirectement pourquoi l’augmentation constante de la charge avec des phases nettement plus importantes n’était pas optimale.
Les chercheurs de l’INSEP ont étudié les deux cas entre fatigues aiguës (acute fatigue – caractérisée par une non-perte de performance après 24/36h) et le surmenage fonctionnel (fonctional overreaching – perte de performance suivi par un gain) afin de voir quelle méthode offrait le meilleur rebond (adaptation) et provoquait une amélioration de son niveau physique (surcompensation).
Étonnement, les gains mesurés étaient plus importants avec la fatigue aiguës que le surmenage fonctionnel. En traduction, faire une surcharge importante durant une courte période n’offre pas un gain optimal. L’athlète flirte avec le surentraînement pour rien.
Ou pour mieux illustrer, faire ses plus longues sorties à vélo à 6 semaines d’un Ironman n’est pas non plus la meilleure solution. Même si cela est nettement plus difficile pour un amateur, son volume devrait donc décroitre à l’approche de la saison pour faire plus de qualité.
Yann Le Meur et Romuald Lepers ont fait leurs exposés sur les entraînements avec des contraintes. Contrairement aux croyances, l’entrainement sous la chaleur n’est pas néfaste, mais bien positif. Sans rentrer dans les détails de l’étude, des gains ont été observés dans toutes les conditions (chaudes et modérées).
Cela peut s’expliquer par une adaptation dans ses perceptions face à la chaleur.
D’ailleurs, Romuald Lepers nous a aussi parlé de l’entraînement sous contrainte. Cette fois-ci, son sujet était sur l’effet de la fatigue mentale sur la performance. Comme on pouvait l’imaginer, cela joue sur la perception de l’effort.
Il existe donc des stratégies pour réduire notre perception de l’effort. Entre images positives, les psychostimulants comme le café ou l’auto-encouragement, cela vient aussi ouvrir de nouvelles pistes.
Dans cette logique, s’exposer à des contraintes comme des images à connotations négatives devraient nous permettre d’atténuer les effets.
Voilà, tout cela reste des pistes intéressantes à prendre en considération. Dans le milieu, on se questionne fréquemment si on fait face à un dialogue de sourds entre les scientifiques et les entraîneurs, Romuald avait d’ailleurs écrit un excellent papier sur le sujet, l’intuition est pourtant bien justifiable.