Lors des derniers championnats du monde U23, à la sortie de la course, on a assisté à une scène étonnante puisqu’il existe bien une communauté francophone hors hexagone avec Alexis Lepage (CAN), Christophe De Keyser (BEL), Sylvain Fridelance (SUI), Rodolphe Von Berg (USA) ainsi que Bob Haller. Ce dernier représente le Luxembourg. Même si cette athlète ne peut pas profiter de l’expertise d’une grande nation, Bob Haller fait son bout de chemin allant même se classer 12e au dernier Championnat du monde U23. L’athlète de 22 ans à d’ailleurs eu l’honneur de prendre part à sa première étape de la série mondiale cette saison (32e à Cape Town). Trimes s’est entretenu avec cet athlète pour en savoir plus.
Tu es un triathlète élite luxembourgeois, peux tu nous expliquer comment le triathlon est rentré dans la vie. Faire du triathlon au Luxembourg, ce n’est pas anodin…
Oui, c’est exact je suis un triathlète professionnel de l’Armée Luxembourgeoise.
Quand j’étais plus jeune, j’essayais tous les sports! Le football, le basket et même le tir à l’arc. À l’âge de 11 ans, j’ai rencontré mon beau-père pour la première fois, il était journaliste de sport pour son plaisir les week-ends! Alors, il m’amenait à beaucoup de compétitions dans plein de sports différents. Et un jour, il m’a tout simplement demandé si je n’avais pas envie d’essayer un Duathlon. Un an plus tard, j’ai fait mon premier triathlon et c’est comme ça que j’ai embarqué. En 2005 par contre, la communauté triathlétique était nettement plus grande, il existait un groupe de 6 juniors ainsi que Liz May et Dirk Bockel. Malheureusement, cela a changé ces derniers temps et il n’y a plus cette profondeur.
Tu deviendras rapidement champion national (2007 et 2008), j’imagine que tu as rapidement aspiré à une carrière internationale, non?
Depuis mes débuts, j’ai toujours voulu devenir un grand sportif et aller au JO, mais je cherchais la discipline! Puis, quand j’ai découvert le Triathlon, je n’avais plus de doute et je souhaitais devenir le meilleur un jour!
Étant francophone et à proximité de la France, on imagine que tu as rapidement regardé de ce côté pour juger de ta valeur…
Même pas! je n’ai malheureusement jamais participé à une course en tant que cadet ou minime en France. Dans le temps, il existait une ligue Benelux, donc les entraineurs nous envoyaient principalement en Belguiqe et aux Pays-Bas!
Le Luxembourg étant moins peuplé, cela semble être à ton avantage puisque tu ne passes inaperçu et tu sembles profiter d’un important support. Je sais que particulièrement pour des pays plus restreints, le sport est vu comme un moyen pour rappeler son existence. Il suffit de penser à l’impact des frères Schleck. Est-ce que je me trompe?
Oui, j’ai une très grande chance d’avoir autant de support de mes commanditaires et j’en suis fière de les avoir à mes côtés et de me donner leur confiance pour réaliser mes rêves et buts! Sans eux, ce chemin serait impossible!
Et c’est vrai, lorsque je dis que je viens du Luxembourg, quelque soit où je suis dans le monde, la première question que l’on me pose est bien si je connais les frères Schleck!
Les athlètes du Luxembourg sur la scène internationale étant moins nombreux, tes performances sont très suivies, as-tu l’impression d’être avantagé en comparaison aux étrangers ou au contraire?
Cette attention médiatique me favorise la plupart du temps, car mes résultats sont plutôt réguliers. Mais de manière générale, au Luxembourg, les gens pensent que l’athlète doit tout de même avoir des résultats convaincants pour obtenir de l’intérêt médiatique! Donc, si un jour cela ne va pas bien, cela se retournera aussi rapidement contre moi. Donc, en fin de compte, je pense que notre situation n’est pas vraiment plus facile que pour les autres.
J’imagine que tu dois aussi jouer le rôle d’ambassadeur pour populariser le triathlon.
Oui bien sûr, et au Luxembourg, cela reste le cas dans presque tous les sports sport. Nous sommes presque tous des ambassadeurs, mais je n’ai pas de problème avec cela, au contraire j’en suis fière! Cela ne me donne pas de pression additionnelle.
Parle-nous de ton environnement d’entrainement?
Ce n’est pas facile de s’entourer un bon groupe au Luxembourg, nous sommes que trois et les plans d’entrainement sont individualisés, de plus, on a chacun nos propres horaires. En natation, je m’entraine 5 fois par semaine avec la Fédération, donc aussi avec mes coéquipiers Neil Peters, Stefan Zachaeus et l’athée junior Oliver Gorges, ils sont plus fort en natation que moi. En vélo on essaye de se donner rendez-vous au moins une fois par semaine et en c.à.p. je m’entraine tout seul, mais pour les entrainements de vitesse, je m’entraine avec un groupe de l’équipe nationale d’athlétisme.
En hiver par contre, le vélo reste presque impossible et tout le monde reste dans son coin. C’est pour cela que je cherche toujours des groupes auxquels je peux m’entrainer avec pour plusieurs stages. Comme à l’instant, je me trouve pour 4 semaines en Afrique du Sud avec l’équipe nationale allemande.
Tu es d’ailleurs aidé par l’entraineur français bien connu du coté de Metz soit Cyrille Eple…
Cyrile était mon entraineur en tant que junior, mais quand je suis au Luxembourg, il dirige toujours mes séances de natation. Nous sommes de bons amis et on a déjà vécu des super moments ensemble. Même s’il n’est plus mon entraineur, j’ai toujours le besoin de me confier à lui pour n’importe quel sujet, que cela soit sur la vie ou sur le sport!
En fait, mon nouvel entraineur fédéral est Thomas Andreos avec qui je suis depuis le 1er décembre. Son travail fonctionne à merveille. Il veut logiquement avoir des résultats pour ses athlètes et tout en se souciant de leur qualité de vie. Il travaille en collaboration avec mon entraineur privé et mon mentor Yves Goeldi.
Est-ce que tu t’es fixé des objectifs précis?
Oui, les objectifs seront toujours de pouvoir participer au Championnat d’Europe et à la grande Finale et bien sûr, les JO en ligne de mire. On ne sait jamais ce que nous réserve l’avenir, mais mon but demeure de devenir un jour le meilleur triathlète mondial!
D’ailleurs, 2015 a été une année très importante pour toi, tu as pris part aux Jeux européens de Baku et tu as aussi pris le départ de ta première WTS en Afrique du Sud. J’imagine que cela représentait un cap pour toi.
Oui c’est exact, cela on était deux grands rendez-vous pour moi la saison passée. J’en suis très content d’avoir participé à ces deux événements importants. Pour les jeux européens à Baku, je dois avouer que c’était un honneur particulier de prendre le départ pour représenter le Grand-Duché et de rencontrer notre Grand-Duc Henri du Luxembourg. Il a d’ailleurs poursuivi ma course en direct sur place!
Quel bilan en tires-tu?
Mes courses n’étaient pas trop mal, mais j’ai vraiment hâte d’en attaquer des nouvelles afin de continuer à m’améliorer toujours plus!
Qu’est-ce qui te sépare encore des meilleurs?
Ola! Beaucoup! sinon je serai déjà le meilleur! Non, mais c’est certain qu’il m’en manque pas mal. En chiffre, il me manque 100 places au ranking mondial, 2-3 min en c.à.p., du boulot en vélo, car, ce n’est plus aussi gérable que lorsque j’étais comme Junior! En natation, il me manque 20 à50s pour m’assurer une place dans le premier groupe! Mais comme tu l’as dit, je n’ai que 22 ans et je suis toujours en développement, donc je ne stresse pas, tout finira par arriver un jour!
Et le projet olympique?
Non, malheureusement pas pour le moment, à part si je gagne trois coupe du Monde! Sincèrement, je n’y crois pas, mais je n’abandonnerai pas! Je ne veux pas focaliser tout de suite sur les JOs mais plutôt sur les courses à venir, en fait, pour moi, cet hiver, je dirai que c’est la préparation des JO 2020 ont commencé!
Donc ton retard est trop important? Quel était le critère avec le Luxembourg
En fait, il me manque au minimum 1500 points pour obtenir un ticket. D’après ce que je sais, le Luxembourg me demande d’obtenir un dossard pour être sélectionné.